1. ABDALLAH Ier Ibn
Husayn de Jordanie (1882-1951) Premier roi de Jordanie dès 1946, ancien
émir de Transjordanie. Il fut assassiné à Jérusalem sous les yeux de son
petit-fils, le futur Hussein II - L.S. en arabe, 1 p. in-folio ; Amman,
31.I.1951. Rare. (500.-) 350.-
Missive officielle destinée
au général Manuel ODRIA (1897-1974) qui venait d'être élu Président de cette
République du Pérou. Abdallah Ier de Jordanie sera assassiné par un jeune
palestinien dans la mosquée al-Aqsa le 20 juillet suivant.
2. ADAM Adolphe
(1803-1856) Compositeur français, auteur de la musique du ballet Giselle -
L.A.S., 1 p. in-8 ; (Saint-Pétersbourg), 23.XII.1839. (400.-) 250.-
Après le succès du Postillon
de Longjumeau, Adam avait entrepris un long séjour en Russie qu'il allait
bientôt écourter pour des raisons de santé et à cause d'un mauvais suivi de ses
affaires parisiennes.
«... Des lettres de Paris...
arrivées aujourd'hui m'apprennent que je suis ruiné complètement par une
faillite. - écrit Adam à Monsieur Vallade, Consul de France à Saint-Pétersbourg
- Pour sauver quelques débris de ce désastre, s'il y a moyen, il faut que
quelqu'un suive mes affaires... et je ne sais comment faire...». Il sollicite
son conseil, d'autant que même «... M. Favart, malgré ses promesses n'a pas été
voir ma mère...», etc.
A Saint-Pétersbourg, Adolphe
Adam avait composé un ballet pour Marie Taglioni, L'«Ecumeur de mer», puis, sur
le chemin du retour, un «Intermède» pour le roi de Prusse. Dès son arrivée à
Paris, il retrouva le goût pour la composition et en 1841 le ballet de Giselle
lui apporta un succès impérissable.
3. ALCANTARA, Isabelle
de (1846-1921) Princesse impériale, régente du Brésil en 1871 - L.S.
«Princeza Imperial Regente», 1 p. in-folio ; Rio de Janeiro, 20.VII.1871.
Adresse et sceau aux armes impériales sur la IVe page. (450.-) 300.-
Rare missive signée par
Isabelle en tant que «Chef de l'Etat» pendant l'un des voyages que fit en
Europe son père Pedro II. «Dona Izabel... Herdeira Presumptiva da Corôa...» adresse
ses remerciements au cardinal Lucien BONAPARTE (1828-1895), chef de la branche
des princes de Canino, descendants du frère de Napoléon ; elle lui renouvelle
ses vœux et ceux de sa famille.
4. APOLLINAIRE Guillaume
(1880-1918) Poète, fils naturel d'un officier italien, il se fit naturaliser
français en 1914 et s'engagea volontaire dans la Première Guerre mondiale -
Manuscrit autographe, 6 lignes sur feuillet in-12 avec une trentaire de mots
autographes au dos. (500.-) 300.-
Feuille de notes datant
probablement de son séjour allemand de 1901/1902. Le Poète y a écrit le nom du
héros national rhénan, le hors-la-loi SCHINDERHANNE et au-dessus, quelques
idées relatives à la mort («Nouvelle du mort, éparpillement du corps,
stagnation de l'âme en idée fixe...», etc). Au dos, bribes de phrases sur la
politique, le travail, les riches, les pauvres, fragment d'un brouillon de l'un
de ses articles (pour la revue «Tabarin» ?).
5. ARAGO François
(1786-1853) Astronome et physicien fr., il participa à la mesure de l'arc du
méridien terrestre en 1806 - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Paris, 21.X.1843. Adr. et
marques postales sur la IVe p. (450.-) 300.-
«... Il est très vrai que je
me prépare de faire insérer dans les journaux une très longue dissertation sur
les fortifications de Paris. La partie relative aux forts détachés est
entièrement rédigée. J'achève maintenant ce qui concerne l'enceinte
continue...» ; ce travail devrait être prêt dans une semaine, etc. Lettre
adressée à Monsieur Bertholon, de Lyon.
Membre du Gouvernement
provisoire en 1848, Arago sera chargé de diriger les ministères de la Marine et
de la Guerre. C'est à cette époque qu'il fit adopter l'abolition de l'esclavage
dans les Colonies françaises.
6. ARBÓS Enrique
Fernández (1863-1939) Violoniste, compositeur et chef d'orchestre espagnol
- MUSIQUE A.S., 2/3 p. in-8 ; Londres, 29.VI.1901. (450.-) 300.-
Belle ligne de musique
donnant les quinze premières mesures de son «Bolero (Spanish dance)», Opus 1. ;
page offerte à un admirateur «With kind remembrance from - E. Fernandez Arbós -
London 29 June 1901».
7. ARRABAL Fernando
(n. 1932) Auteur dramatique et cinéaste espagnol d'inspiration surréaliste -
POÈME A.S., 1/2 p. in-4 ; vers 1965. (400.-) 250.-
Jolie feuille, offerte à l'un
de ses admirateurs, où l'auteur dramatique a écrit en tête : «Enchanté ! -
Arrabal - (I love you)», avant d'ajouter au-dessous un quatrain en langue
espagnole.
8. ATILHAN Cevat Rifat
(1892-1967) Homme politique turc, fondateur en 1951 du IDP, premier parti islamiste
turc - Signature et date autographe «31.XII.1957» sur feuillet in-8. En-tête
imprimé. (400.-) 250.-
Rare signature tracée au bas
d'un message de vœux imprimé («The Moslem Nationalists Greet Their Christian
Friends for a Merry Chritmas and a Victorious New Year...») portant l'en-tête
suivante : Islamic United Nations... Istambul. Autographe monté à l'époque sur
un feuille in-8 gr. avec, au-dessous, un long texte imprimé sur l'Islam. [Voir
aussi les numéros 63 et 123]
9. AUDEMARS Edmond
(1882-1970) Pionnier suisse de l'aviation et industriel de l'horlogerie. Grand
ami de Roland Garros, il fit avec lui une tournée aux Etats-Unis où ils se
firent remarquer par leurs «matches de virtuosité». Brevet de pilote n° 100, en
1910 - Photo avec dédicace A.S. et note autographe, 8° obl ; (Paris ?),
7.VI.1937. (750.-) 500.-
Rare photo originale (Agence
Trampus, Paris), où il pose en tenue de pilote devant son petit monomoteur à
hélice. Audemars semble avoir offert cette image à la femme de son cœur, la dédicace
disant : «A ma petite "Clo" / à laquelle je dois / tous mes succès /
Très affectueusement / E. Audemars...». Dans le coin inférieur gauche de la
photo, le pilote a ajouté cette précision : «Records de France et du Monde / 7
juin 1937 / E. A.». Superbe portrait de cet aviateur qui, le premier, relia en
deux jours Paris à Berlin en 1912. Trois années plus tard, il battait le record
de hauteur, volant à 6500 mètres.
10. BAKER Joséphine
(1906-1975) Actrice, danseuse et chanteuse noire américaine - PHOTO in-12 obl.,
avec dédicace A.S. et date «Paris 1935». (900.-) 500.-
Charmante photo où elle pose
en costume dans «La Créole» de Jacques OFFENBACH, spectacle présenté par elle
pour la première fois au Théâtre Marigny en 1934 ; on put y admirer à la fois
ses talents d'actrice, de chanteuse et de danseuse.
11. [Faraday] BARLOW Peter
(1776-1862) Physicien anglais, il inventa un premier type de moteur électrique
- L.A.S., 1 1/2 pp. in-4 ; Woolwick, 28.VII.1827. (900.-) 600.-
Belle lettre scientifique
adressée à Michel FARADAY, concernant ses recherches optiques et notamment
celles sur les télescopes achromatiques.
«... I have... to thank you for your suggestion with respect to my fluid
object glass... I have completed one of
my telescope which is everything that can be expected as a first essay...»,
écrit Barlow à son illustre confrère qu'il entretient également de la
fabrication de «... flint-glass...» de grandes dimensions et d'un projet de
lentilles d'une conception nouvelle à base de sulfure de carbone possédant une
puissance de réfraction deux fois supérieure à celle du verre. Barlow est
impatient de montrer à Faraday sa «... revue telescope...».
Intéressant texte laissant
supposer que Barlow ne fut peut-être pas étranger à la découverte que fit son
correspondant. Deux mots au crayon sur la troisième page sont de la main de
Faraday.
12. BEAUHARNAIS, Eugène de
(1780-1824) Vice-roi d'Italie, fils de l'impératrice Joséphine - L.S. «Eugène
Napoléon», 1 p. in-4 ; Milan, 14.III.1807. (1200.-) 800.-
Eugène annonce au cardinal
Joseph FESCH, son oncle par adoption, la naissance de sa fille Joséphine,
future reine de Suède en 1844. «... Je m'empresse d'informer Votre Eminence que
la Princesse Vice Reine est heureusement accouchée aujourd'hui d'une Princesse.
La santé de la Princesse et celle de l'enfant sont également bonnes...».
Rare filigrane au nom du
Prince («Eugenio / Napoleone / Vice Re - d'Italia») et aux armoiries à l'aigle
impérial couronné.
13. BEAUHARNAIS, Hortense
de (1783-1837) Reine de Hollande, femme de Louis Bonaparte et mère de
Napoléon III - P.S. «Hortense», 1/2 p. in-4 ; Paris, 8.II.1815. Sur papier
timbré. (1500.-) 1000.-
Rare document signé pendant
la première Restauration. La Duchesse de Saint-Leu fut le seul membre de l'ex-famille
impériale a avoir été autorisé par Louis XVIII à rester en France.
Sur papier officiel portant
deux cachets (l'un de l'Empire français, l'autre royal) et, en filigrane,
l'aigle impérial couronné (!), l'ex-reine «... autorise M. Chodron, notaire, à
remettre à Mad. la comtesse de Boubers...», 25.000 francs en or, somme
précédemment confiée par Hortense à cet officier public. Au bas, ladite
Comtesse signe une décharge en faveur du notaire.
A Paris courait alors le
bruit d'un complot napoléonien destiné à faire d'Eugène de Beauharnais le
successeur de l'Empereur. Hortense, disait-on, y aurait largement participé. Le
14 décembre 1814, elle avait subi une perquisition, mal déguisée sous le nom de
séquestre mais, avertie à temps, elle avait fait transporter à l'ambassade de
Russie ses papiers et bijoux, ne laissant chez elle que deux malles de vieux
documents oubliés par son époux...
Notre document est-il en
relation avec ces événements ? Hortense usait-elle de certaines astuces pour
sauver (ou disposer à d'autres fins ?) de sommes, fort importantes pour
l'époque ?
Née Agnès-Cunégonde de
Folard, la comtesse de BOUBERS-BERNATRE fut la dame de compagnie d'Hortense
avant de devenir la gouvernante de ses enfants puis la sous-gouvernante du roi
de Rome.
A la chute de l'Empire,
Hortense, femme exquise, sut employer toutes les armes de coquetterie et de
séduction auprès des hommes qui commandaient désormais l'Europe. L'empereur de
Russie séjournait à la Malmaison, elle avait trente ans, lui trente-six, elle le
charma et attira à elle cette amitié impériale. Rappelons que c'est sur les
instances du tsar Alexandre que Louis XVIII concéda à Hortense le titre de
«duchesse de Saint-Leu».
Le document que nous offrons
ici, portant encore la signature royale d'Hortense, est d'une extrême rareté
! Dans son livre sur les autographes des
Bonaparte paru en 1941, ouvrage faisant autorité encore de nos jours, Ciana
lui-même écrivait : «... Que ne donnerait-on pas pour retrouver les lettres...
qu'elle écrivit pendant la Première Restauration ?...».
14. BEAUHARNAIS, Hortense
de - P.S., avec rajouts autographes, 1 p. 4° ; (Arenenberg, 1829/1830).
Petit manque à la marge supérieure, touchant un mot resté lisible. (1200.-) 800.-
«Budget de Madame la Duchesse
de St-Leu pour l'année 1830», rédigé par son écuyer et homme de confiance, le
baron Michel-Victor-Frédéric Moisson DE VAUX (1766-1840) citant les noms des
personnes auxquelles l'ex-reine accordait une pension : le fidèle abbé
Bertrand, son aumônier (3200 francs), sa secrétaire Elise de Courtin (1500
francs), son conseiller Vieillard, l'ancienne gouvernante du Prince, Madame
Bure, ainsi qu'une quinzaine d'autres : de Girardin, Lefèbvre, Larmoy,
Mademoiselle de Périgny, Malvina, Despréville, etc.
De sa main, Hortense donne
son accord après avoir rectifié plusieurs chiffres, ajouté trois noms, le
montant de la pension leur revenant et enfin, en toutes lettres, la somme
totale à débourser.
15. BELGIQUE, Albert Ier
(1875-1934) et ELISABETH de (1876-1965) Souverains de 1909 à 1934 - Carte A.S.
de la reine, signée par son époux, 12° obl. ; Lausanne, 10.VII.1914. Pli.
Adresse autogr. (600.-) 400.-
Au dos d'une carte postale
nous montrant le vieux Lausanne, son château et sa cathédrale sur fond de
montagnes enneigées, le couple royal envoie par la Poste ses «... Regrets de
quitter Val-Mont... et mille souvenirs affectueux...». Le message est adressé
au docteur Auguste-Henri WIDMER (1853-1939), médecin suisse, fondateur et
directeur de la célèbre clinique de Valmont, située aux environs de Lausanne,
spécialisée dans les soins de maladies nerveuses, établissement où séjournèrent
de nombreuses personnalités dont le grand poète autrichien Rainer Maria RILKE,
qui y mourut en 1926.
Les souverains belges
s'étaient rendus pour la première fois à Val-Mont en mai/juin 1913, la reine
Elisabeth désirant y faire une cure de six semaines qu'elle voulut répéter
l'année suivante (1914). Peu après leur retour, la Première Guerre mondiale
éclatait ; la Belgique allait être occupée par l'ennemi, faisant du couple
royal un symbole de la résistence et du dévouement envers le peuple belge.
Rare réunion de signatures.
16. BELLINI Vincenzo
(1801-1835) Compositeur italien - L.A.S., 1 p. in-4 ; Puteaux, (18.VI.1834).
Adresse autographe et marques postales au verso. (9000.-) 6000.-
Lettre INÉDITE, non
répertoriée par Luisa Cambi, écrite du «19 bis rampe de Neuilly à Puteaux,
Banlieue de Paris», résidence du couple anglais Lewischez lesquels Bellini
venait de s'installer pour se consacrer entièrement à la composition de son
nouvel opéra, I Puritani.
Ayant reçu de son ami le
compositeur et éditeur de musique napolitain Guglielmo COTTRAU (1797-1847), une
lettre destinée à son épouse restée à Paris, Bellini s'empresse de la lui faire
avoir. Il l'informe qu'il a été souffrant durant quelques jours : «... ora
ristabilito dell'intutto... spero la prima volta che verrò a Parigi, procurarmi
il piacere di vederLa, insieme alla mia carissima e buona D[on]na Lina...»
FREPPA, cantatrice italienne amie de Bellini et de CHOPIN.
Le musicien évoque son
travail de composition qui avance lentement : «... Ormai scrivo tranquillamente
ed adagio vado innanzi nella mia opera...». Il s'agit bien sûr des Puritani,
dont Pepoli venait de terminer le livret, œuvre qui sera représentée le 25
janvier 1835, peu avant la mort du compositeur, au Théâtre-Italien de Paris
avec la Grisi, Rubini, Tamburini et Lablache.
La lettre se termine par de
chaleureuses salutations destinées à la fille de Madame Cottrau («... tanti
cari saluti alla Sua angelica figlia che tanto stimo ed amo...») et au brave
Monsieur Nougaret.
CHOPIN avait dédié à Madame
Lina FREPPA les «Quatre Mazurkas» de son op. 17, publié en mai 1834. C'est dans
le Salon de cette cantatrice que le compositeur polonais avait connu Bellini et
s'était familiarisé avec la musique et la chanson populaire napolitaine dans
lesquelles Madame Freppa excellait.
Document rare et intéressant.
17. BERTHIER Alexandre
(1753-1815) Maréchal d'Empire, prince de Neuchâtel - Rare L.A.S., 1 1/2 pp.
in-4 ; Quartier général de Vérone, 27.X.1796. En-tête : Etat-Major Général... Le Général de Division
Chef de l'Etat Major, avec vignette. (600.-) 400.-
Belle lettre militaire au
commissaire Pierre-Anselme GARRAU que Bonaparte avait envoyé en Italie en mars
1796.
«... Le Général en chef a
retenu ton courrier... [et] préoccupé, il dit toujours d'attendre. Il paroît
que l'ennemi rassemble des forces considérables sur la Pieva [Piave]... Les
nouvelles de Moreau sont excellentes... Kléber remonte... enfin, tout va au
mieux...», etc.
18. BERTRAND Henri Gratien
(1773-1844) Général français et fidèle compagnon de Napoléon Ier qu'il suivit à
Sainte-Hélène - L.A.S., 1/2 p. in-12 ; «Le 10 matin». Adresse autographe. (300.-) 200.-
Billet autographe adressé au
ministre des Affaires étrangères de Napoléon Ier, le «duc de Vicence...» Armand
de CAULAINCOURT (1772-1827), «... en son Hôtel...», pour lui demander
confirmation de l'heure à laquelle «... on se réunit aujourd'huy... à midi, ou
à une heure...» ?
19. BIZET Georges
(1838-1875) Compositeur français - L.A.S., 2 pp. in-8 ; (vers 1862 ?). (1200.-) 800.-
«La sympathie que vous nous
avez toujours témoignée, à mon père et à moi, vous est une sûre garantie de la
part que nous prenons à votre douleur...», écrit le jeune Bizet à un
correspondant non identifié semblant tenir une place importante dans la vie du
compositeur. Il ne veut pas offrir des consolations «... qui ne consolent
pas...» mais tient à lui redire qu'il l'aime de tout son cœur, etc.
D'après son contenu et le
type d'écriture, cette lettre pourrait se placer au début des années 1860. Fort
casanier depuis son retour d'Italie, Georges Bizet vivait auprès de son père
Adolphe (1810-1886, ancien coiffeur-perruquier devenu professeur de chant et compositeur...),
notamment après la mort de sa mère, pianiste, en 1861. Cette missive pourrait
avoir pour destinataire la veuve de Jacques-Fromental HALEVY († le
17.III.1862), ancien maître de Bizet, dont celui-ci épousera la fille Geneviève
en 1869.
En 1862, le compositeur - qui
s'était rendu à Baden-Baden avec Gounod pour l'exécution de «Béatrice et
Bénédict» de Berlioz - travaillait à un nouvel opéra, Les Pêcheurs de perles,
créé en 1863.
20. BJÖRNSON Björnstjerne
(1832-1910) Auteur dramatique et romancier norvégien, prix Nobel en 1903 -
L.A.S., 1 p. in-12 obl. sur carte postale ; Paris, 12.XI.1885. Adresse
autographe au dos. (300.-) 200.-
Björnson souhaiterait
rencontrer le docteur Ernst Brausewetter, de Leipzig ; il le lui fait savoir en
des termes quasi poétiques : «... Geehrter Herr, wenn ich Sie kannte ; wenn Sie
mir lieb wurden ; wenn wir mit einander sprachen..! Sonst nichts...», etc. Il
donne son adresse parisienne : «rue Faraday 15 - Les Ternes». Son drame Le
Gant, paru l'année précédente, avait lancé une nouvelle morale du mariage qui
suscita une polémique, reprise par de nombreux auteurs.
21. BOCION François
(1828-1890) Peintre suisse de paysages et de marines - L.A.S., 3 pp. in-12 ;
Ouchy, 12.III.1890. Rare. (600.-) 400.-
L'illustre peintre vaudois
regrette l'absence de son confrère Ernest BURNAT (1833-1922), architecte de
Vevey et peintre aquarelliste, à une réunion. «... Je vous attendais si
positivement que j'avais craint un moment qu'une chose plus grave ne vous eût
empêché...». Leur confrère Alfred BERTHOUD (1848-1906) lui a probablement déjà
communiqué «... des nouvelles de notre réunion vous annonçant que vous aviez
été nommé président, puisqu'on tâcherait de faire à Lausanne et autres lieux
des expositions cette année...» ; vu les difficultés qu'il y a à trouver un
local dans la capitale vaudoise, Bocion suggère de retarder la manifestation
«... au commencement de l'hiver, ou ces temps-ci...» (à noter que Bocion mourra
la 13 décembre suivant !).
Il est aussi question d'une
exposition des œuvres d'Auguste VEILLON (1834-1890), récemment disparu,
souhaitée par sa veuve ; quant au peintre genevois de sujets allégoriques,
Charles GIRON (1850-1914), son exposition vient de fermer : «... Les 3 derniers
jours [elle] a attiré pas mal de monde quand on a eu fait un peu de réclame. Il
aura un portrait à faire cet automne et a vendu son tableau des paysans à
l'Etat pour le Musée...». Beau texte artistique.
22. BONAPARTE-WYSE Letizia
(1804-1871) Princesse, fille de Lucien Bonaparte - 18 L.A.S. (dont une ou deux
non signées), environ 50 pp. in-4 et in-8 ; divers lieux, 1823/1870. (8000.-) 5000.-
Importantes archives
renfermant d'intéressantes lettres de Letizia à son époux Sir Thomas WYSE
(1791-1862) et à ses deux enfants, Napoléon
(1822-1895) et William (1826-1892, poète, connu pour sa contribution au
mouvement félibréen).
a) 5 lettres à Thomas WYSE.
Dans la première, datant vraisemblablement de l'année 1823, Letizia annonce à
son «Cher Mari» qu'elle a des choses excessivement pressantes à lui dire «...
que je ne puis écrire... Venez me voir, je vous en prie instamment... vous
serez en toute chose extrêmement content de votre affectionnée Epouse...».
Le 6 janvier (1824 ?), elle
supplie son époux de venir la voir : «Si ce qu'on me dit de vous était vrai
vous n'hésiteriez pas à vous rendre à mon invitation... Je vous conjure... au
nom de votre fils dont c'est aujourd'hui le jour de naissance (souvenez-vous de
cette époque !) Venez... vous serez satisfait de votre Epouse Letizia».
En décembre de la même année,
du «Couvent de l'Asomption» où elle s'était retirée, Letizia réclame la
présence de son «petit Ange» Napoléon, et sollicite des nouvelles de ses «Chers
Parents» qui devaient lui laisser rencontrer sa sœur JEANNE (1807-1829, poète
d'une grande délicatesse) dont elle sait «... qu'elle a partagé mes
afflictions...».
Le temps passe, et les époux
semblent s'être réconciliés : «Wyse ! je crois vous entendre... je me mets dans
vos mains... Pour la première fois vous m'appelez votre Letizia ! Je suis
sensible ! ... J'entrevois que vous m'aimez encore, soyez sûr d'être aimé de
moi comme autrefois... Ce que je désire c'est de vous voir... venez seul... ne
me faites pas languir...», etc.
En 1826, naîtra leur second
enfant, William. Les époux ont repris leur vie commune, mais Sir Thomas est de
nature jalouse et méfiante, ce qui exaspère Letizia, comme en témoigne le ton
furibond du billet qu'elle lui adresse en 1827 (daté par Th. Wyse lui-même :
«Waterford, 1827») : «Mon cher Wyse, Tu t'en vas toujours sans rien me dire à
ton ordinaire. Tu emporte la clef de ton cabinet et enferme mon cachemir !
Donne de suite cette clef... sinon j'ira la chercher moi-même ou je ferai
enfoncer la porte...» ! Etc.
b) 8 lettres à son fils aîné
Napoléon Bonaparte-Wyse. Dans la première, datée de 1839, Letizia s'efforce de
consoler son jeune garçon que son père a semble-t-il éloigné : «Mon cher et
bien aimé Napoléon... mon cœur est déchiré... en voyant combien vous avez
souffert, pauvre enfant... J'ignore... qui vous a placé à Marenville, si c'est
par l'ordre de votre Père, si c'est lui qui vous y retient ?...» ; elle ira le
voir et s'il le faut s'installera même à Nancy, non loin de lui : «... vous
m'expliquerez... tous vos malheurs de vive voix... je compte sur la plus
entière exacte vérité... venez tous les jours à l'hôtel de France...» ; elle
fera tout ce qui est en son pouvoir pour adoucir son sort, le consoler de sa
captivité et lui rendre l'espoir d'un meilleur avenir : «... je remuerai ciel
et terre pour vous faire sortir de la... terrible maison où vous vous trouvez
et... vous réconcilier avec votre Père... à qui vous devez toujours quelque
soit sa sévérité respect et affection...», etc.
En 1853, la Princesse prie
son fils de venir la rejoindre à Viterbe. Elle lui annonce l'envoi de la somme
dont il a besoin et lui parle de sa récente rencontre avec NAPOLÉON III : «... L'Empereur a été bien bon pour moi ! Je
serai heureuse de partager avec toi l'existence agréable que je dois à sa
tardive bienveillance !...», etc.
Le reste de la correspondance
à ce fils adoré, confié à la garde de son père, est d'argument affectif et
familial. Letizia se plaint de ne pouvoir réunir autour d'elle tous ses enfants
à la fois ; on la voit entreprendre de longs voyages pour revoir son fils ne
serait-ce qu'un instant ; elle fréquente la haute société, évoque ses
rencontres ; en 1863 notamment «... Le Prince (Humbert Ier de Savoie) qui tient
sa Cour à Milan, danse tous les jours au moins une fois avec elle (Adeline
Bonaparte-Wyse, la jeune sœur de Napoléon B.-W.) ! Et le Comte de Paris ainsi
que son frère, le Duc de Chartres, qui sont ici non pas pour cause politique,
mais seulement pour s'amuser, sont ses Partenaires les plus assidus... Notre
chère Mme Rattazzi (sa fille Marie Studolmine B.-W.) arrive aujourd'hui... elle
vient dîner chez sa sœur... Adelina et Türr (le général garibaldien) ont
invité... Vimercati (le ministre) ainsi que plusieurs généraux de
distinction...», etc.
En 1863 (Thomas Wyse n'est
plus depuis une année), elle confirme à son fils ses bonnes dispositions à le
favoriser. Elle attend la copie d'une déclaration qu'elle lui renverra «...
écrite et signée de ma main, car nos intérêts sont les mêmes, mon cher fils, et
j'irai te joindre en Irlande quand tu me le diras...», etc.
Peu de mois avant sa mort,
elle se rend en France pour consulter les «Princes de la Science» et si
possible rencontrer son «Cher Napoléon» avant de regagner Viterbe, etc. Cette
lettre porte en tête les armoiries des Bonaparte-Wyse.
c) 5 lettres à son fils
William Bonaparte-Wyse datant des années 1861 à 1870, témoignant de l'immense
affection de Letizia pour ses enfants.
1861 : «Mon cher William.
Votre sœur vous a écrit tant à Milan qu'au Tyrol pour vous exprimer de ma part
(étant malade) l'immense bonheur que j'aurais à retrouver un fils auquel
j'aimerais tant prouver qu'on n'est réellement aimé que par une Mère !!...
Venez donc mon Enfant, venez me donner un peu de bonheur... nous n'avons qu'à
nous voir pour nous aimer...», etc.
Automne 1861 : elle regrette
que le voyage de son fils à Rome et à Viterbe soit retardé et espère que son
affection pour elle «... sera un guide sûr pour te conduire de mon côté...»,
etc.
Leurs rapports restent
tendus, leurs rencontres espacées, et en 1865 William ne donne plus signe de
vie «... malgré vos promesses faites à Londres...», ville où Letizia se rendra
avec Studolmine et l'époux de celle-ci, l'ex-Premier ministre italien, Urbano
RATTAZZI (1810-1873) ; puis «... nous partons pour Dublin et Waterford. Si vous
voulez nous voir et faire la connaissance de votre nouveau beau-frère nous
serons heureux tous de vous traiter en fils et en frère. Adieu... ou plutôt au
revoir. Croyez-moi... vous vous rendez malheureux à plaisir...», etc.
La dernière lettre est datée
de Fano, «Chez ma Sœur Marie», veuve Valentini, le 22 mars 1870 : «... Mon cher
fils, Mme Rattazzi (sœur de William) me prie de te renvoyer cette lettre. Je ne
veux pas faire de commentaires mais comme tu perstistes à nous insulter...
prends la résolution et tiens la de ne plus écrire ni donner signe [de] vie.
Les choses sont au point qu'elles sont irrémédiables. Une Mère pardonne, une
Sœur c'est autre chose... Ecris-moi... et en t'embrassant tendrement ainsi que
ta femme et mon beau petit Lucien (B.-W., 1868-1903), je suis ta mère
affectionnée - Letizia».
23. BONAPARTE-WYSE, Mariage
- L.S., avec souscription autographe, du cardinal Joseph FESCH (1763-1839),
grand-oncle de la mariée, 1 1/2 pp. in-4 ; Rome, 13.III.1821. (1200.-) 800.-
Le 4 mars 1821, la princesse
Letizia BONAPARTE (1804-1871), fille de Lucien, prince de Canino, avait épousé
le «right honorable» Thomas WYSE (1791-1862), diplomate irlandais de 13 ans son
aîné. Dès le début, la mésentente entre les époux fut totale !
L'oncle de l'empereur
Napoléon Ier adresse ici ses félicitations à Thomas WYSE, les accompagnant, tel
un pressentiment, de bien curieuses recommandations : «... Comme je ne me
mêlerai jamais d'entrer dans les combinaisons des familles pour ce qui regarde
les personnes... je ne devais que désirer leur bonheur, et laisser le reste aux
soins du Père universel... C'est vous [Thomas WYSE] aujourd'hui qui êtes chargé
de vérifier que votre union avec Letizia a été ordonnée par cette Divine
Providence... Rien ne résiste aux ordres de Dieu : vous savez qu'il en impose
aux flots irrités et aux vents en courroux... Prenez de bonne part mes
conseils... Ils naissent... du désir de concilier vos vrais intérêts avec la
position naturelle où vous devriez être avec tout le monde...».
Au dos, note autographe de
Sir Thomas Wyse : «S. E. Cardinal Fesch... Félicitations sur mon mariage».
24. BONSTETTEN Gustave
(1816-1892) Archéologue suisse, il découvrit plusieurs mosaïques romaines près
d'Orbe et des chars de guerre et des armes préhistoriques de grande valeur près
de Berne - L.A.S., 3 1/2 pp. in-8 ; Eichenbühl, «20 août» (1865 ou après). (500.-) 350.-
Intéressante missive
d'argument scientifique adressée à un confrère (Monsieur Fourtier, du Jura ?).
En échange de son «bel
envoi», Bonstetten propose de lui offrir ses cartes archéologiques du canton de
Berne («... avec les Palafites décrites par le Dr Uhlmann...»), celles du
département du Var, etc. Il envisage de publier une carte du canton de
Fribourg, «... pays encore peu connu en archéologie...» qu'il lui fera
également avoir.
Il n'est pas mécontent de la
décision qu'a prise le comité du Musée de ne pas envoyer d'objets à
l'Exposition parisienne ; leur fragilité ne supporterait pas ce long voyage
«... et puis dans ces Expositions il y a tant de choses à voir qu'on ne voit
rien...» !
La deuxième partie de la
lettre concerne certains articles de Lindenschmit, de Mayence, «... sur les os
sculptés et gravés des cavernes, à propos du Renne dessiné sur un os et trouvé
à Thayngen... Selon lui ce sont des faux et je suis fort de son avis. Une
enquête a prouvé que plusieurs os gravés de cette caverne ont été dessinés par
un jeune lycéen...» ; un certain Meillet, de Poitiers, a également fabriqué des
objets de ce genre, et tout porte à croire que «... ces artistes de Cavernes ne
sont que des farceurs modernes et très modernes. On finira par trouver le pot
aux roses !...».
25. BORGHESE, Pauline
Bonaparte, Princesse (1780-1825) Sœur de Napoléon Ier, duchesse de
Guastalla,célèbrepoursa beauté - L.S. «Pauline», 1/2 p. in-8 ; Paris, 6.I.1810. (450.-) 300.-
Au marquis Joseph
FAUSSON-MONTAUD (1783-18..), écuyer du prince Borghèse : «... J'ai reçu... avec
plaisir l'expression de vos sentiments ; je connois votre attachement pour le
Prince, et je vous en suis gré...».
Politesse toute formelle
lorsqu'on sait que Pauline s'était éloignée avec son mari Camillo Borghèse,
alors à Turin comme Gouverneur du Piémont (1810/1814), et vivait dans une
totale insouciance au château de Neuilly mis à sa disposition par Napoléon,
changeant d'amants au gré de ses caprices.
26. BOTERO Fernando (n.
1923) Peintre et sculpteur colombien dont l'œuvre se caractérise par des
personnages aux formes généreuses - L.S. «Fernando», 1 p. in-4 ; (New York),
7.V.1968. (600.-) 400.-
Intéressante missive adressée
à un écrivain d'art allemand qui s'efforçait de faire connaître Botero dans son
pays.
Le peintre est ravi du succès
que remporte la nouvelle exposition «... to which you have contributed so
much... in promoting my work. This new show... is a better one...». Il annonce
l'envoi de photos reproduisant certaines de ses œuvres : «... you have a good
surprise when you see the originals that are much better than the
transparencies...». Il voudrait pouvoir vendre directement une toile à son
correspondant, «... but I cannot because of my contract with Godula. The prices
are the same here in the studio than in the gallery in Munich...» ; il fera
toutefois une exception et enverra «... one of my paintings for your
collection... I do not know if I can paint the Arlequin and Colombina in a
successful way, but I will try...», etc.
Les lettres de ce célèbre
peintre sud-américain sont peu communes !
27. BRANTING Hjalmar
(1860-1925) Homme pol. suédois, prix Nobel de la paix en 1921 - L.A.S., 1 p.
in-8 ; Stockholm, 15.IX.1898. En-tête de son journal Social-Demokraten. (400.-) 250.-
Long message en suédois
adressé aux responsables de l'Opéra Royal de la capitale, les priant de bien
vouloir laisser entrer librement aux spectacles les critiques musicaux de son
journal, porte-parole du Parti Ouvrier. Branting souhaiterait que l'on fasse
paraître des annonces publicitaires destinées à la couche la plus cultivée de
classe ouvrière qui, vu ses faibles revenus, ne peut s'offrir que les places
les moins chères.
28. BRAZZA, Pierre
Savorgnan de (1852-1905) Explorateur et colonisateur français d'origine
italienne, il explora le Congo de 1879 à 1882 et créa Brazzaville - Pensée
A.S., 1/2 p. in-12 jointe à une L.A.S. d'1 p.in-12 ; (Paris), 25.VI.1882. (800.-) 500.-
Curieuse citation suivie
d'une double signature en français et en arabe : «Roucamambra aidio o ya ya
coumana unghe».
Dans la lettre jointe
l'explorateur s'excuse pour l'envoi tardif de cette pensée : «S'il est vrai que
plus on a désiré une chose plus on y attache de prix, vous devez être bien
heureux. Puissent les quatre mots d'Adouma... vous dédommager d'une longue
attente».
Lors de son expédition de
1875/1878 en Afrique Centrale, Savorgnan de Brazza avait remonté le fleuve
Oagooué sur des pirogues conduites par des membres de l'ethnie Adouma (ou
Badouma), peuplade noire du Congo français remarquable par sa petite taille et
sa... laideur.
29. BRÉSIL, Le Régent du
- L.S. par Diego Antonio FEIJO (1784-1843), 1 p. in-folio ; Rio de Janeiro,
26.IV.1837. Adresse et sceau aux armes impériales sur la IVe page. (750.-) 500.-
Le sénateur Feijo, «Regente
em nome do Imperador», informe le roi des Deux-Siciles que «... Sendo dado,
outro destino ao cavalleiro Antonio de Menezis Vasconcellos de Drummond, Meu
Ministro Rezidente...», il espère que son séjour à la Cour de Naples aura été
profitable aux deux nations, etc. Lettre contresignée par Antonio Paulino LIMPO
de Abreu (1798-1883), vicomte d'Abaeté, ministre des Affaires étrangères.
Prêtre à ses débuts, Diego
Antonio FEIJO se lança dans la politique dès 1820. Ministre de la Justice en
1831, sénateur à vie en 1833, il fut élu Régent l'année suivante mais ses idées
libéralesl'obligèrent à se démettre le 18 sept. 1837. Placé à la tête de la révolution
de Campinas (1842), il fut vaincu, arrêté et jugé. Bien qu'absout, ses
souffrances furent telles qu'il décéda peu après. [Voir aussi les numéros 3,
103, 125, 157, 215, 216 et 251]
30. BROCA Paul
(1824-1880) Anthropologue français connu notamment pour ses recherches sur la
localisation des centres cérébraux de la parole et sur l'aphasie consécutive à
leurs lésions - L.A.S., 1 p.in-8 ; Paris, 16.VI.1879. En-tête imprimé. (350.-) 200.-
Le directeur du «Laboratoire
d'Anthropologie» à l'Ecole des Hautes Etudes de Paris prie son confrère
Callamand de participer à une soirée qui aura lieu chez lui et à laquelle sont
conviés d'autres «... collaborateurs de laboratoire...» ; Broca aurait souhaité
l'inviter «... verbalement hier, mais lorsque j'ai quitté le laboratoire il
était assez tard et vous n'étiez plus là...».
Chargé de cours à l'école
dirigée par Broca, l'anthropologue E. CALLAMAND est l'auteur d'études sur
Bichat. Pièce provenant de la collection du docteur Maurice GENTY (1886-1961)
de l'Académie de Médecine, directeur de la revue Progrès médical.
31. BURKE Edmund (1730-1797) Homme pol., écrivain britannique,
défenseur des colonies am., futurs Etats-Unis d'Amérique - L.A.S., 1 1/2 pp.
in-4 ; Westminster, 25.VI.1776. Très rare ! (6000.-) 4000.-
Belle lettre à l'un de ses
amis d'Irlande, pays dont il avait énergiquement défendu la cause dans ses
écrits et dans son action oratoire au parlement anglais.
«... If an old, but very
inconsiderable friend preserves any share in your remembrance and regard,
permit me to request your good offices...» en faveur du porteur de sa lettre,
neveu du grand peintre Sir Joshua REYNOLDS. Le doyen Joseph Palmer a promis de
prendre contact avec le Primat d'Irlande et d'autres personnes «... in
power...», mais le jeune homme ne connaissant pas Dublin, Burke prie son
correspondant d'aider son protégé «... to pass his time as agreeably and as
instructively as possible... He possesses a taste and talent for Poetry and
Music, and when you know that he is Nephew to Sir Joshua Reynolds you will
naturally expect to find those aimable qualities... in which most assuredly you
will not be disappointed...», etc.
Fils de Mary Reynolds, le
jeune Joseph PALMER (1749-1829) venait de publier deux volumes consacrés à son
voyage dans l'Hexagone, «Four months Tour in France». Quant à Edmund Burke, il
avait pris dès 1774 au Parlement la défense des Colonies américaines, menacées
par de nouvelles taxes sur le thé ; dans son discours intitulé «On Moving His
Resolutions for Conciliation with the Colonies», il suggéra même la manière
dont l'Angleterre pouvait user pour parvenir à s'entendre avec les rebelles. Il
réitéra ses efforts en 1777 dans sa «Letter to... the Sheriff of Bristol, on
the Affairs of America», mais il était trop tard : la guerre déclenchée en 1775
avait déjà entraîné la Déclaration de l'Indépendance américaine le 4 juillet
1776, neuf jours seulement après la date de notre lettre ! Les autographes
d'Edmund BURKE sont rares et recherchés.
32. BUSH George (n.
1924) 41ème Président des Etats-Unis de 1989 à 1993, il gagna la guerre du
Golfe contre Saddam Hussein en 1991 - Photo avec dédicace A.S., 4° ; vers 1992. (750.-) 500.-
Portrait mi-buste en couleur
sur fond de drapeau américain, offert par George Bush durant son mandat
présidentiel à «Donald Rollins - With Best Wishes» . Rare dédicace entièrement
autographe, signée «George Bush». Pièce d'une grand fraîcheur.
33. BYRD Richard E.
(1888-1957) Marin, aviateur et explorateur américain - L.S., 1 p. in-4 ;
Boston, 29.X.1926. En-tête imprimé. (450.-) 300.-
Sur un papier à l'en-tête de
la «Byrd Arctic Expedition», l'explorateur communique les conditions auxquelles
il consentirait à aller à New York donner une conférence : «... I am enclosing
a wire I sent tonight which speaks for itself... I have wired Van Shriver that
I cannot be with him...» ; il n'est pas impossible que les frais de son voyage
à Washington, dont il en donne un aperçu, soient pris en charge par «... the
Navy League... for the talk I gave. Of course the Navy itself has no founds to
pay for such a talk. If such is the case it would seem that my trip to
Bridgeport probably should not be charged to you...», etc. Le 9 mai 1926, Byrd
avait été le premier à survoler le Pôle Nord
sur un trimoteur Ford piloté par Floyd Bennett. A l'époque où il écrivit
cette lettre, l'aviateur préparait avec Acosta, Balchem et Naville sa traversée
de l'Atlantique Nord sur l' «America» (29.VI./1.VII.1927).
34. CALDANI Leopoldo
(1725-1813) Illustre anatomiste et physiologiste italien, élève et ami de
Giambattista Morgagni - L.A.S., 2 pp. in-4 ; Padoue, 9.III.1794. (1200.-) 800.-
Amusante lettre à son gendre,
l'anatomiste et chirurgien Michele MALACARNE (1744-1816) qui vient d'obtenir
une chaire de chirurgie à l'Université de Padoue. Catalani s'étend longuement
sur ce sujet, dénonçant certaines pratiques peu loyales de ses adversaires,
lesquels vont maintenant voir pousser au sommet de leurs têtes des cornes
s'étendant de Padoue à Pavie qui reviendront les étouffer, «... come si
meritano...» ! Après avoir cité trois personnages influents auprès de la
République de Venise auxquels l'anatomiste avait pensé recourir en un premier
temps pour soutenir la candidature de son gendre, le Savant souligne combien
cette aide aurait été inutile vu que jamais professeur n'a été choisi aussi
rapidement. Offrant à son gendre de l'accueillir chez lui à Padoue, Caldani
souligne qu'il s'en tiendra au couvert («... alla tavola non dovete pensare. Vi
è un posto per voi nella mia mensa filosofica ; cioè a dire parca, ma
sufficiente a sostentamente della vita...») car pour ce qui est du logement, il
ne tient pas à devoir partager son lit avec lui, craignant que Malacarne ne le
prenne pour son épouse, dont il est privé depuis quelques semaines : «... io
non vorrei dormire con voi. Lontano dalla vostra cara Giannetta [la fille de
Caldani] da qualche settimana, non vorrei esser preso in iscambio...» !!! Beau
texte réunissant les noms de deux illustres médecins italiens du XVIIIe siècle.
35. CASTILLO y COS, Martin
del (1828-1899) Ministre des Aff. étrangères dans le gouvernement de
l'empereur Maximilien Ier du Mexique - L.S., 1 p. in-4 ; Mexico, 24.XI.1865.
Bord dr. effrangé. (450.-) 300.-
Intéressante lettre
circulaire, signée de sa main par Castillo en tant que «Ministro interino de
Neg.s Extrang.s y Marina», annonçant la nomination de Leoncio DETROYAT au poste
de sous-secrétaire d'Etat au département de la Marine. Il communique un exemple
de la signature de Detroyat qui a effectivement signé de sa main dans la marge
gauche du document.
Officier de marine,
journaliste et écrivain français originaire de Bayonne, Léonce DÉTROYAT
(1829-1898) avait servi au Mexique dans l'armée de Bazaine. Détaché comme
sous-secrétaire d'Etat de la Marine auprès de l'empereur Maximilien Ier, il
cumula bientôt ces fonctions avec celle de chef du cabinet militaire de
l'empereur. En 1867, alors que la situation se dégradait dans le pays, il fut
chargé d'accompagner en Europe l'impératrice Charlotte.
Détroyat est l'auteur, entre
autres, du livret de l'opéra de Camille Saint-Saëns, Henri VIII (1883).
36. CATALANI Alfredo
(1854-1893) Compositeur italien, connu surtout pour son opéra Wally - L.A.S., 1
p. in-8 ; Milan, «Martedì sera». (750.-) 500.-
Il invite son ami, l'impresario
milanais CRISAFULLI, à se rendre dès que possible chez Madame Teresa (Stolz ?)
: «... Nel dubbio che voi non veniate domani da me vi avverto per lettera che è
urgente che passiate... devo parlarvi di qualche cosa che vi farà piacere...»,
etc.
Les autographes de ce
musicien, disparu à l'âge de 39 ans peu après le grand succès obtenu par sa
Wally en 1892, sont très rares.
37. CELINE, Louis Ferdinand
Destouches, dit (1894-1961) Ecrivain français - L.A.S. (de ses initiales),
2 pp. pleines in-folio ; «le 27» (Korsör, fin 1948 ou mars 1949). (1500.-) 1000.-
Intéressante lettre d'exil.
Il annonce à son fidèle ami
Jean-Gabriel Daragnès que l'éditeur Frémenger désire le rencontrer : «... Il
semble vraiment réimprimer Voyage... On verra...» (réédition de 1949). Céline a
reçu la visite de Raoul Nordling (Consul de Suède à Paris, il prit le défense
de l'écrivain à son procès) «... entre deux trains, de Copenhague, avec
Devichen. Il s'est tapé les 300 bornes tout spécialement. On a fait
connaissance. Il est resté une heure. C'est un Montmartrois éperdu. Il t'adore.
Il m'adore. On s'adore. Bon. Bien entendu il a sauvé Paris et Montmartre et
moi-même. C'est... Ste Geneviève ! Bon. A le lui répéter environ toutes les 3
phrases. Mais il est subtil - joueur en finesse... Il veut essayer d'abobicher
un peu mon affaire dans les milieux ministériels français - où il est tu le
sais personnae plus que grata au jeu des portes capitonnées... Mais il voudrait
bien qu'il se forme autour de moi un petit cercle de partisans français - de
bon aloi - très bon aloi et discrets - des gens bien. Je ne veux point battre
le tambour. Je veux essayer de le faire gentiment approcher - par des amis -
pas journalistes - j'ai pensé à Debuffet (sic) ... Ma foi - gens cossus - Pas
marqués...».
A l'issue de l'audience du
21.II.1950, Céline fut condamné, à la majorité des voix et par contumace, à une
année d'emprisonnement, 50.000 fr. d'amende, à la dégradation nationale et à la
confiscation de tous ses biens...
38. CHAPTAL Jean-Antoine
(1756-1832) Chimiste et homme politique français, il inventa la chaptalisation
des vins pour en augmenter le degré et favoriser leur conservation - L.A.S., 1
1/2 pp. in-4 ; Montpellier, «ce 1er Brumaire» (23.X.1795 ?). Adresse autographe
et marques postales sur la IVe page. (600.-) 400.-
Belle lettre au libraire
parisien Deterville, concernant vraisemblablement la nouvelle édition révisée,
en 3 volumes, de ses «Eléments de Chymie», mise en vente en 1796.
«... Voilà près de deux mois
que je n'ai reçu de feuilles [d'épreuves] de notre édition... J'ai relu le 1er
vol. Je n'y ai pas trouvé de faute capitale, seulement au lieu de hachée on a
mis lessivée. Il est indispensable que je voye les épreuves, je vous promets de
vous les renvoyer courrier par courrier, ce qui comprendra en tout 14 jours...»
; il avait procédé ainsi pour les feuilles précédentes et «... si elles sont
parvenues plus tard c'est que Moisson n'a pas expédié ou n'a pas remis de
suite. Envoyez-moi donc tout ce qui a été imprimé depuis... n'oubliez pas les
petites commissions que je vous ai demandé par ma précédente...»
39. CHAR René
(1907-1988) Poète français, marqué par l'influence du Surréalisme - L.A.S., 1
1/2 pp.in-12 obl. ; (Paris), 27.IX.1946. Enveloppe autographe. (600.-) 400.-
Au peintre surréaliste
Georges HUGNET (1904-1974), pour le prier de «... remettre à ma femme... le
montant des 25 poésies de Tzara... si ça
ne doit pas te gêner... J'ai eu une tonne de travail ces temps derniers. Mais
je passe te voir...».
Joli texte amical.
40. CHARCOT Jean
(1867-1936) Savant et explorateur polaire français, il disparut en mer avec
l'équipage du Pourquoi-pas ? - L.S., 3 pp. in-8 ; Paris, 8.III.1903. (1200.-) 800.-
Le Savant prépare son
expédition dans l'Antarctique.
«... La date du départ
s'approche... et le temps devient de plus en plus précieux : démarches, achats,
commandes, ces nombreux préparatifs absorbent toutes mes journées. En plus de
ces tracas multiples, je suis obligé de faire une souscription pour obtenir les
70.000 F nécessaires à payer le restant de nos équipements...». En échange de
la conférence qu'il accepte de tenir à Marseille, il exige de l'organisateur
«... une très grande publicité... annonçant que en plus du récit de mon dernier
voyage, je tracerai le programme de mon expédition prochaine... première
Expédition Arctique française... Le quart d'heure de Rabelais s'approche et je
dois faire feu de tout bois...».
Au cours des voyages qu'il
entreprit entre 1903 et 1910, Charcot établit la carte des régions australes
s'étendant de l'archipel Palmer à l'île qui porte son nom.
41. CHARCOT Jean-Martin
(1825-1893) Neurologue français - L.A.S., 1/2 p. in-12 ; (Paris, 4.XI.1889).
Adresse au dos. (450.-) 300.-
Lettre pneumatique adressée à
un patient américain, Monsieur W. L. SKINKLE, «... aux soins de MM. Drexel,
Harjes et Cie - Boulevard Haussmann 31...»(filiale parisienne de la banque
DREXEL and Co.), auquel l'illustre médecin donne rendez-vous «... Mercredi... à
1 heure. Je tâcherai de Vs recevoir bientôt...». La lettre servira de
laissez-passer.
42. CHARLES II d'Angleterre
(1630-1685) Roi dès 1649, en exil jusqu'en 1660. Il se fit catholique - L.S. en
tête «Charles R.[ex]», 1 p. in-folio ; Bruges, 10.I.1657. (1600.-) 1000.-
«... We are gratiously pleased,
in regard of the Expense and Charge that Our trusty and wellbeloved Servant Sir
Ed. Walker, Knight, Our Secretary at war...» soit déchargé de la solde payée
aux officiers de son armée : «... For every Collonels Commission... 20 Patacons
; For every Lt Colls... 10... For every Chaplain, Adjutant and Chirurgien...
3...», etc. Intéressant document !
Le jeune roi vivait alors en
exil dans les Flandres, entouré d'une cour aux mœurs légères, ce qui lui valut
le surnom de «Merry Monarch». Quant à Sir Edward WALKER (1612-1677), il fut un
personnage très influent à la cour des rois Charles Ier et II d'Angleterre ;
écrivain et historien, il acheta en 1675 la maison de SHAKESPEARE à
Stratford-on-Avon.
43. CHERUBINI Luigi
(1760-1842) Compositeur italien, directeur du Conservatoire de Paris de 1822 à
sa mort - L.A.S., 1/2 p. in-8 ; Paris, 30.IX.1834. Adresse autographe sur la
IVe page. (600.-) 400.-
Cherubini informe «Monsieur
Gide fils, rue St Marc...» (Casimir GIDE, 1804-1868, musicien et libraire
parisien) qu'il a bien trouvé, à son retour de vacances, les épreuves à
corriger, mais qu'on a oublié d'y joindre «... le manuscrit, et je ne pourrai
faire les corrections sans celui-ci...», etc.
En 1835, le compositeur
faisait paraître son Cours de contrepoint et de fugue, ainsi qu'une réduction
pour chant et piano de son opéra Ali-Baba.
44. COLBERT Jean-Baptiste
(1619-1683) Economiste et administrateur français, ministre de Louis XIV -
P.S., 1 p. in-folio, vélin ; Paris, 31.I.1675. Petites taches brunes par endroits. (450.-) 300.-
Pièce signée sur ordre de
Louis XIV par 11 membres du Conseil royal des Finances : le célèbre Colbert,
son puissant oncle, le juriste Henri PUSSORT
(1615-1697), les conseillers PONCET, BERRYER, de MONTFORT, A. TURGOT,
etc.
Par ce document (page jointe
ou dernière feuille d'une pièce plus longue ?), Colbert et ses co-signataires
promettent «... pour et au nom de Sa dite Majesté l'entrenuement, observation
et accomplissement du contenu au présent Contract de toute délaissement et alliénation
perpétuelle et incommutable aux charges, clauses et conditions y exprimées...»,
etc.
45. COLBRAN-ROSSINI
Isabella (1785-1845) Soprano espagnol, épouse de Rossini dès 1822 - L.A.S.,
1 p. in-12 ; vers 1830. Petit manque de papier, restauré, avec perte d'un mot. (850.-) 600.-
Lettre en espagnol à une amie
intime dont elle attend un service : «... Mi Querida Amiga, U.[sted] sabe
quanta franqueza e tenido diciendole todos mi asuntos entre estos el de mi
Ermana... un español se ba mañaria y desearia mandarle alguna cosas...» ; elle
sollicite l'envoi de certaines leçons (partitions ?) : «... Tiene U.[sted] la
bontad de mandarme las pocas leciones que a tomado ? Perdone U. tantas
incomodidades...», etc.
Isabella Colbran fut une
grande interprète des premiers opéras de Rossini, avant de renoncer à la scène
vers le milieu des années 1820. Son mariage avec le compositeur se termina par
une séparation officielle en 1835 ; entre temps (1830), Olympe Pélissier était
entrée dans la vie du musicien. Les autographes d'Isabella Colbran sont très
rares !
46. COLET Louise
(1810-1876) Femme delettres française. Maîtresse de Flaubert, Musset, Vigny,
etc., son Salon fut fréquenté par de nombreuses personnalités du monde
littéraire - L.A.S., 1 p. in-12 datée «Mercredi», (4.VIII.1852). (250.-) 150.-
Réunissant chez elle quelques
amis, elle espère la présence de son correspondant qu'elle n'a plus eu le
plaisir de voir depuis bien longtemps... Quinze jours plus tard, l'Académie
française couronnait son poème, La Colonie de Mettray.
La femme de lettres avait
alors deux célèbres amants : Musset, délaissé par George Sand, avec lequel elle
entretenait une relation tumultueuse, et Flaubert, l'éternel absent, venu
passer un semaine auprès d'elle à l'époque où elle écrivit cette lettre.
47. COLETTE, Sidonie
Gabrielle Colette, dite (1873-1954) Romancière fr. - L.A.S., 1 p. in-4. (750.-) 500.-
Jolie missive sur son typique
papier bleu pâle, signée «Colette de Jouvenel». La romancière demande à son
correspondant s'il en a terminé avec Baudinière, ce jeune éditeur dont Level,
récemment rencontré aux Avants (Suisse) lui a donné «... de si mauvaises
nouvelles... je tremble...». Elle sollicite l'aide de son ami dont elle attend
«... les derniers tuyaux...».
48. COMITÉ DE SALUT PUBLIC,
1794 - P.S. par 7 membres, 2 pp. in-folio ; Paris, 2.IX.1794. En-tête
imprimé, avec vignette. Petit cachet de
la célèbre collection Crawford. (250.-) 150.-
Le Comité autorise le «...
citoyen Calon, directeur du dépôt des Cartes et plans, à faire délivrer les
objets ci-dessus mentionnés à la Commission de la Marine...». La liste des
cartes géographiques, une douzaine, comprend aussi des planches de l'Americo et
de Terre-Neuve.
Pièce signée par les
conventionnels Lazare CARNOT, J. F. B. DELMAS, Joseph ESCHASSERIAUX,
Antoine-François FOURCROY, Pierre-Antoine LALOY, Jean-Jacques BRÉARD et
Jacques-Alexis THURIOT ; quelques semaines plus tôt, ce dernier avait contribué
la condamnation à mort de Robespierre et de ses acolytes.
49. CONSTANT Benjamin
(1767-1830) Ecrivain vaudois, il devint chef du parti libéral français sous la
Restauration - L.A.S., 1 p. in-12 ; Paris, 29.III.1828. (350.-) 250.-
A propos d'une séance de
Société des Sciences morales et politiques à laquelle il tient à être présent
malgré le changement de date de dernière minute. Il avait en effet «...
transféré à mardi une réunion à laquelle des électeurs m'avoient fortement
pressé de me rendre... Je tâcherai néanmoins de tout réunir...», etc.
50. COROT Camille
(1796-1875) Peintre et dessinateur français - L.A.S., 1 p. in-8 pleine ;
Coubron, 1.VII.1873. (2500.-) 1800.-
Remarquable lettre artistique
adressée à son élève, le peintre paysagiste établi dans les Landes, Louis
Auguste AUGUIN (1824-1904), qui avait exposé quelques unes de ses toiles au
Salon de 1873.
«... J'ai bien tardé à vous parler de vos
tableaux. J'ai vu La forêt, l'autre je n'ai pu le rencontrer. Le grand - La
forêt - m'a paru d'une bonne tournure ; mais la couleur m'a paru manquer de
finesse ; & trop de palette...». Puis, craignant sans doute de froisser
Auguin, il ajoute : «... Cela me paraît ainsi à moi, qui suis lancé dans le
gris ; mon opinion serait de bien chercher d'après nature les valeurs & ces
finesses si adorables...», etc. Sa santé le lui permettant, il se rendra à
Saint-Jean-de-Luz vers la fin du mois de septembre et ira à Bordeaux embrasser
son correspondant.
Pour l'heure, Corot se trouve
dans la petite ville de Coubron (Seine-Saint-Denis) où il vient de se faire
construire un atelier attenant à la maison de ses amis les Gratiot. De cette
région, le peintre nous a laissé une série d'études ainsi que «Cour d'une
ferme», «Souvenir de Coubron», «Bûcheron et paysanne dans une prairie près
d'une Saulaie», et «Le Pasteur», exposé au même Salon que les toiles de son
élève Auguin.
Dans les dernières années de
sa vie, Corot ira vers une limpidité des couleurs, baignant ses paysages très
aérés dans une atmos-phère aqueuse que des gris brouillés mettent en relief.
51. CORTOT Alfred
(1877-1962) Pianiste et pédagogue français - L.A.S., 4 pp. in-8 pleines ;
Lausanne, 22.III.1957. Enveloppe autographe. (400.-) 250.-
Longue et belle missive à son
confrère et ami Pierre FOURNIER (1906-1986), le célèbre violoncelliste.
«... C'est à moi à venir vous
remercier... du témoignage de confiance musicale qui m'a valu un contact si
convaincant et si plein de certitudes d'avenir...» pour son nouvel élève. «...
Nos deux premières rencontres m'ont révélé deux aspects également significatifs
de sa nature... Le premier a trait à ses magnifiques aptitudes pianistiques et
musicales, ainsi qu'au souci de rigoureuse exactitude auquel obéit la
préparation des pièces qu'il m'a fait entendre...» ; le deuxième «... concerne
l'évidence d'un caractère qui saura surmonter... les obstacles d'ordre matériel
qui sont la rançon inévitable de l'accession à la renommée artistique...».
Un malencontreux incident à
sa main droite a obligé l'élève à se concentrer sur sa main gauche et sur
l'étude «... de diverses œuvres qui le maintenaient en présence du message
musical et dont l'audition m'a engagé à l'orienter vers l'interprétation du
Concerto de Ravel...» ; Cortot ne doute pas que son élève saura traduire «...
de manière remarquable toutes les transcendantes beautés...» de la musique de
ce compositeur, etc.
Beau texte d'un musicien
pédagogue passionné !
52. COUBERTIN, Pierre de
(1863-1937) Initiateur des Jeux Olympiques modernes - L.A.S., 1 1/2 pp.in-8 sur
cp ; (Genève, 23.XII.1934). Adresse autographe. (1500.-) 1000.-
Etabli en Suisse romande
depuis 1917, méconnu dans son propre pays, ce grand pacifiste, «rénovateur» des
Jeux Olympiques, répond à une dame lui ayant proposé de tenir une conférence à
Lausanne : «... Hélas ! ne comptez pas sur moi. Depuis près d'un mois je sors à
peine... Même remis je ne pourrais risquer en ce moment aucun déplacement
oratoire. Je vous souhaite la continuation des succès qu'obtient votre
effort...». Il lui envoie ses «... sentiments affectueux...».
Rare autographe de cet
inventeur du C.I.O., organisme sportif supranational pouvant concurrencer les
Etats sur le terrain diplomatique et éduquer les jeunes à vivre dans la paix.
Lors du décès de Coubertin survenu à Genève dans un anonymat généré par l'exil
volontaire et la misère, l'un des rares journalistes français qui lui rendirent
un ultime hommage écrivit dans son titre : «Il n'était pas même Chevalier de la
Légion d'honneur»...
53. COURBET Gustave
(1819-1877) Peintre français à l'attitude indépendante et provocatrice – Photo
in-folio, avec titre et dédicace autographe signée, datée «75». (5000.-) 3500.-
Magnifique photo originale
(26 x 32 cm, montée sur carton de 33 x 45 cm) de la sculpture «Helvetia» qu'il
réalisa durant son exil à La Tour-de-Peilz, en Suisse, au bas de laquelle Courbet
a écrit le titre de l'œuvre avant de la dédicacer à son ami Burnat et d'apposer
sur la droite sa signature et la date «G. Courbet - 75».
Baptisée dans un premier
temps «Liberté», cette sculpture, qui sera érigée sur une place publique de la
ville de Martigny, fut pour des raisons politiques modifiée en «Helvetia».
Courbet avait visiblement accepté ce changement puisque c'est le nouveau nom
qu'il nous livre ici.
Personnage très influent,
Ernest BURNAT (1833-1922) fut l'ami et protecteur de Courbet ; ce peintre
acquarelliste et architecte vaudois, constructeur entre autres d'hôtels à
Vevey, Montreux et Bex, était alors un personnage très influant.
En 1874, Courbet avait été
condamné comme complice de la démolition de la colonne Vendôme ; économiquement
ruiné, l'accueil de la Suisse, si chaleureux fut-il, ne compensa pas la débâcle
de son œuvre à Paris. Ainsi, les honneurs que des villes comme Fribourg, entre
autres, lui accordèrent (c'est à cette occasion qu'il réalisa sa «Liberté») ne
masquèrent pas la liquidation ignominieuse de ses œuvres en France, où tous ses
biens furent déclarés saisissables... De plus, exilé, il ne vendit plus rien
dans son pays ; les amateurs suisses se raréfièrent... Courbet écrivit alors :
«... Quand on est dans le malheur, personne n'ose plus s'occuper de vous...
Tous mes amis, personne ne bouge...». Homme aisé, Ernest Burnat fut l'un des
rares à ne pas oublier l'exilé de La Tour-de-Peilz.
Exceptionnel document, digne
de la plus belle collection ! [Voir illustration en couleur en dernière
couverture]
54. CREVAUX Jules
(1847-1882) Médecin et explorateur français en Amérique Latine, il fut tué par
les Indiens avec tous ses compagnons alors qu'il remontait le rio Pilcomayo,
dans le Grand Chaco boréal -
L.A.S., 2 pp. in-8 ; Lorquin
(Alsace Lorraine), 21.X.1881. (900.-) 600.-
L'explorateur prépare son
voyage (ce sera le dernier !) et en fait part à l'inspirateur de cette
entreprise périlleuse, qu'il appelle son «cher maître» et dont il se dit
l'«élève dévoué». Crevaux lui raconte en quelques lignes son projet : «...
Voyage du rio de la Plata à l'Amazone, remontant le Paraguay, descendant le
Tapajos fort peu connus...». L'été s'annonçant déjà dans l'émisphère Sud, il
envisage de quitter la France avant six semaines afin de «... profiter des
belles eaux pour remonter ce grandissime fleuve...» ; avant de partir, il ira
toutefois prendre les instructions de son correspondant, etc. Les autographes
de Crevaux, mort à 35 ans, sont très rares. Le contenu de ce document, parlant
de ce voyage sans retour, en fait une relique particulièrement émouvante !
55. CUMMINGS Edward Estlin
(1894-1962) Poète et peintre américain - Message dactylographié, signée de son
chiffre au crayon rouge, 1 p. in-12 obl. ; Silver Lake, N. H. (juillet 1953 ?).
Adresse et marques postales au verso. Autographe rare. (450.-) 300.-
A un ami officier de marine
new-yorkais : «... there's an equally remote possibility that I'll enter N. Y.
this September. If so, shall be delighted to see you then...». Dans le cas
contraire, leur rencontre sera remise à plus tard.
Message se terminant par les
quatre mots suivants (sa devise ?) dactylographiés à l'encre rouge : «Tant Que
Je Puis».
56. DAVOUT Louis Nicolas
(1770-1823) Maréchal d'Empire, duc d'Auerstaedt, prince d'Eckmühl - L.S.
«Maréchal - Prince d'Eckmuhl», 1 p. in-folio ; Paris, 24.III.1815. En-tête
imprimé. (450.-) 300.-
Les CENT-JOURS ! Depuis le 20
mars, Napoléon est de retour à Paris et Davout a aussitôt repris la direction
du ministère de la Guerre dans le nouveau gouvernement présidé par Benjamin
CONSTANT. Il demande ici au ministre de la Marine DECRÈS de procéder à la
vérification de l'authenticité de deux documents concernant «... des hommes qui
ont appartenu à des Corps de Marine. C'est à Votre Excellence qu'il appartient
de statuer sur la validité de ces titres...», etc.
57. DAVY, Sir Humphrey
(1778-1829) Chimiste et physicien angl., il identifia le chlore et découvrit en
1811 l'arc électrique - L.A.S. (en tête, à la 3e pers.), 2/3 p. in- ; «Sunday
Ev.g». Adr. en IVe page. (600.-) 400.-
Un engagement l'obligeant à
s'éloigner de la ville, Sir Davy regrette de ne pouvoir être en mesure de
rencontrer Madame Beaufort lundi soir. Celle-ci était l'épouse de l'amiral et
hydrographe anglais Sir Francis BEAUFORT (1774-1857).
58. DEMIDOFF Anatole
(1813-1870) Prince de San Donato, époux de Mathilde Bonap. Bibliophile et
amateur d'art - 1 L.A.S. + 1 L.S., 2 pp. 8° et 4° ; (St-Pétersb., v. 1842) et
Florence, 18.IV.1847. (500.-) 350.-
Dans la première missive,
prince Demidoff prie le baron Georg von LÖWENSTERN (1786-1856), officier danois
au service de la Russie, de bien vouloir venir dîner chez lui à l'heure qu'il
lui indique ; puis il ajoute : «... vous qui savez tout et plus encore,
dites-moi de grâce si c'est aujourd'hui la fête de Sophie Démidoff, Sophie B...
(non illisible), Sophie Babinsky et quelques autres...».
En 1847, il répond par la
négative à l'invitation du savant anglais Robert WALKER qui aurait souhaité
voir le prince Démidoff se rendre à Oxford à l'occasion de la réunion organisée
par l'Association Britannique pour le progrès des Sciences.
59. DEMIDOFF-BONAPARTE
Mathilde (1820-1904) Princesse française, fille du roi de Westphalie,
Jérôme Bonaparte. Elle épousa en 1841 le prince de San Donato mais une
incompatibilité de caractère et un mariage resté stérile entraîna la rupture du
couple en 1845. Sur ordre de l'empereur de Russie, Demidoff fit à sa femme une
rente annuelle de 200.000 roubles - 3 L.A.S., 4 pp. in-12 ; en-têtes à sec. (450.-) 300.-
A divers destinataires. Elle
demande l'adresse du ministre Achille FOULD qu'elle a «... trouvé charmant...»
; elle déclare avoir repris ses bonnes habitudes : «... je reste tous les soirs
chez moi... charmée de vous revoir...» ; enfin, un 30 juillet, elle dit avoir
fait tout ce qui est en son pouvoir «... pour assurer votre espérance. Vous
serez parti, et je me réjouirai fort de votre réussite...».
Joint : Photo imprimée du
buste qu'on fit faire d'elle par Hiram Powers en 1846 («Princess Mathilde
Demidoff di San Donato»).
60. DESAIX Louis
(1768-1800) Général français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-folio ; Schifferstadt
(Bavière), 9.II.1794. En-tête imprimé de l'Armée du Rhin avec vignette révolutionnaire. (1200.-) 800.-
Longue et belle lettre militaire
à son supérieur, le général en chef Claude Ignace MICHAUD (1751-1835) qui
venait de remplacer Pichegru à la tête de l'armée du Rhin.
Agé d'à peine 27 ans, et déjà
général de division, la fougue juvénile porte si naturellement Desaix au combat
que toute occasion lui paraît bonne pour provoquer les Autrichiens ; cette
lettre renseignant Michaud sur les derniers événements en est un témoignage :
«... voulant avoir des nouvelles de l'ennemi, je suis parti hier matin avec 60
chasseurs à cheval du 8e pour pousser sur Mutterstadt, Maudach et Oggersheim.
Arrivé en avant du 1er village, j'ai rencontré un détachement de trente
hussards autrichiens escortant des voitures, des chevaux qu'ils avoient enlevé
dans les villages... Nous les avons mis en fuite et enlevé les voitures et
chevaux qu'ils avoient pris...». Poursuivant sa chevauchée à la tête de ses
chasseurs, Desaix est parvenu au village d'Oggersheim, au Sud-Est de Mannheim,
poste que l'on croyait inattaccable, car non seulement «... fermé de murailles
et d'un bon fossé...», mais défendu par une centaine d'Autrichiens : «...
connaissant la bravoure des Français, la terreur des ennemis à leur aspect,
j'ai fait charger vigoureusement et ai vu bientôt les ennemis se sauver à
toutes jambes...». Ainsi, a-t-il capturé des prisonniers et récupéré des
chevaux et des bœufs, s'est-il saisi du vin et de «... beaucoup d'autres objets
précieux. Je suis bien fâché de voir les ennemis si lâches. Depuis quelques
jours je les attaque avec des détachements peu forts, sûr que la victoire sera
pour la bravoure...», etc. Il espère que Michaud approuvera la récompense
accordée aux vaillants combattants : «... j'avois pris sept tonneaux de vin...
chaque soldat a eu une bouteille... et l'a bue à la république...» !
61. DESBORDES-VALMORE
Marceline (1785-1859) Femme de lettres française - L.A.S., 3 pp. in-8 gr. ;
Paris, 20.V.1845. Adresse sur la IVe page. (500.-) 350.-
Elle recommande à sa
correspondante de recevoir «... avec un jugement sans rigueur...» le livre d'un
jeune auteur qu'elle a connu presque enfant et qui «... garde encore la
croyance que je ne suis pas ce qu'il y a de plus inutile au monde... J'ai
depuis longtemps... le plus vif désir de vous voir, car vous me donnez le
bonheur de vous lire quelquefois, ce qui m'a été bien doux durant l'un des
hivers les plus affligés de ma vie. Ma plus jeune fille alitée sept mois m'a
retenue avec de... profondes angoisses. J'en suis courbée, mais depuis quelques
jours elle me redonne la vie en y revenant elle-même...», etc.
62. DESTINN Emmy
(1878-1930) Soprano tchèque, grande interprète des œuvres de Mascagni,
Leoncavallo, Wagner et Puccini, etc. - Photo signée, 8° ; (Bayreuth), 1903. (600.-) 400.-
Splendide image en buste
(cliché W. Höffert, Berlin) portant, dans la marge inférieure du support, le
texte imprimé suivant : «Fliegender Holl-nder - Bayreuther Bühnenfestspiele»
(1901/1902). La jeune cantatrice, représentée ici en costume de Senta, rôle du
«Vaisseau Fantôme» qui venait de la révéler, a signé de son nom complet suivi de
«Senta, 1903».
On doit à Cosima Wagner le
choix d'Emmy Destinn (1901) pour interpréter ce rôle à Bayreuth où l'opéra
n'avait pas été joué du vivant du compositeur.
63. DIDIAN, Ohanès Bey
(1798-après 1860) Haut fonctionnaire turc issue d'une famille arménienne de
Constantinople, il dirigea la poudrière impériale d'Azadlé, sur la mer de
Marmara - L.S. «Ohanés Didian», 2 1/2 pp. in-4 ; Constantinople, 20.X.1836. En
IVe page, adresse et deux cachets postaux de désinfection dont un de cire
rouge. (600.-) 400.-
Chargé par le Sultan Mahmoud
II de réorganiser les poudrières d'après le système européen, Dadian fit
plusieurs voyages en France et en Angleterre à la suite desquels il introduisit
de notables améliorations dans toutes les branches du service.
Au retour de l'un de ces
voyages, il annonce au chef d'escadron Aimable PÉLISSIER (1794-1864) - le futur
maréchal de France qu'il paraît avoir connu lors de l'expédition de Morée
(1828), - son arrivée à Constantinople «... sain et sauf... Après avoir fait un
voyage aussi court que moins désagréable, nous avons souffert seulement dans
l'Allemagne, soit des voitures, soit des Douanes et tout cela faute de parler
la langue du pays...». Il demande des nouvelles de l'officier, de sa famille,
se disant bien fâché «... de n'avoir pas eu l'honneur de passez chez Monsieur
Votre Père comme je lui avais promis...». Pierre PÉLISSIER (1773-1847)
dirigeait en effet depuis 1823 la poudrière du Bouchet, près d'Arpajon,
établissement qui n'aurait pas manqué d'intéresser le haut fonctionnaire turc
en quête de nouveautés dans le domaine...
Il est encore question de son
fils Arakel (n. 1820) qui semble avoir accompagné son père dans son voyage en
Europe, et du financier suisse J. G. EYNARD (1775-1863), voué à la cause de l'indépendance
hellénique.
La Turquie doit à Didian Bey
la création de nombreux établissements industriels pour le compte de l'Etat,
comme la fonderie de canons de Zeïtoun-Bournou, la tannerie de Beïcos, la
fabrique de draps de Nicomédie, etc.
64. DOLLFÜSS Engelbert
(1892-1934) Homme d'Etat autrichien. Chancelier en 1932, il voulut faire de
l'Autriche un Etat chrétien et autoritaire. Il fut assassiné par les Nazis -
Photo in-4, signée et datée «21.X.33» dans sa marge inférieure blanche. Rare. (1200.-) 800.-
Magnifique portrait officiel,
cliché sépia du photographe viennois Fayer qui l'a signé au crayon. Le
Chancelier y est représenté en buste, de face, peu après son élection du 20 mai
1932, remportée de justesse (une seule voix). De sa main, le Chef du
gouvernement autrichien a tracé la date avant d'apposer sa signature précédée
de sa nouvelle fonction : «Kanzler Dr. Dollfüss».
Neuf mois plus tard
(25.VII.1934), il était assassiné dans la Chancellerie par des groupes nazis ;
en 1933, il avait interdit les partis hitlériens.
65. DORÉ Gustave
(1832-1883) Dessinateur, graveur et peintre français - L.A.S., 1 1/2 pp. in-8
datée «Vendredi 7» (Paris, vers 1878/80 ?). (800.-) 500.-
Belle lettre à un poète dont
Doré vient de recevoir les beaux vers louant son art.
«... Il m'arrive bien
rarement de voir comprendre dans mes dessins le côté que vous y avez si
nettement saisi ; le paysage, l'horizon, le rêve...» ; en général, les gens
«... ne se frappent que du Drame matériel, que de l'action toute brutale des
personnages et me font le récit de ce qui s'y passe comme si je ne le savais
pas...» ; c'est pourquoi il le félicite «... du talent qu'il y a dans cette
page que vous me dédiez ; vos vers montrent bien...» les qualités de leur
auteur auquel Doré ira exprimer de vive voix le plaisir qu'il a éprouvé à leur
lecture : «... Quand serez-vous de retour à Paris ? Je souhaite de n'être pas
parti à mon tour. Je compte aller dans le Tyrol et dans le nord de l'Italie à
la fin de ce mois...», voyage dans les Alpes d'où il rapportera de nombreuses
toiles et dessins de qualité.
66. DORVAL Marie
(Lettre à) - L.A.S., 1 p. 8°, de l'écrivain Emile SAINT-HILAIRE (1796-1887).
Adresse autographe sur la IVe page. Petite fente dans la marge supérieure. (350.-) 200.-
Actrice, interprète du drame
romantique et maîtresse d'Alfred de Vigny, Marie Dorval ne manquait pas
d'admirateurs. Dans cette missive, adressée à «Madame Dorval - 20 rue de la
Paix - Paris», Saint-Hilaire s'invite chez la «... Belle des belles... avec mon
docteur Blanche... sachant de quel cœur on est reçu dans votre pays. Quant à
moi, campagnard, je vous aime et, vrai dieu ! je vous embrasserai demain...».
Court post-scriptum ajouté
par l'aliéniste Esprit BLANCHE (1796-1852) et signé «Votre amoureux - Blanche».
67. DROVETTI Bernardin
(1775-1852) Diplomate, archéologue et voyageur italien. Consul général de
France en Egypte, il fit d'importantes fouilles à Thèbes et à Memphis - L.A.S.,
1 p. in-4 ; Toulon, 8.V.1803. Adresse et marques postales sur la IVe page. (1500.-) 1000.-
Napoléon venant de le nommer
consul en Egypte, Drovetti s'apprête à quitter Toulon.
«... nous embarquerons demain
nos effets, et... nous mettrons à la voile aussitôt que le vent prendra une
direction favorable pour notre traversée...», écrit l'archéologue à un
correspondant marseillais, lui demandant de faire suivre ses dépêches à
Alexandrie : «... vous ne devez pas différer d'un seul courrier... il me paroît
difficile que vous puissiez m'expédier... le petit uniforme que je vous demandais...
avec la pendule que vous avez commissionné. Je vous prierai de joindre à cette
pacotille un dictionnaire Italien & Français de l'édition de Marseille...».
Il écrira de nouveau avant de s'embarquer.
Cette lettre marque le départ
de Drovetti pour l'Egypte. Il y restera jusqu'en 1829 et tirera sa célébrité
des nombreuses découvertes archéologiques qu'il y fit seul ou en collaboration
avec Frédéric Caillaud. Ses précieuses collections égyptiennes enrichissent de
nos jours les musée de Turin et du Louvre. Les autographes de Drovetti sont
rares !
68. DUMAS Jean-Baptiste
(1800-1884) Chimiste français, il énonça les principes de base de la chimie
générale, contribua à la préparation de l'alcool méthilique et de l'acétamide
ainsi qu'à la découverte de l'anthracène - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Paris, vers
1855). En-tête imprimé. (250.-) 150.-
Sur un papier à en-tête du
Laboratoire de Recherches et de Perfectionnement de l'Université Impériale, le
Savant sollicite quelques explications relatives à la fourniture de matériel de
laboratoire fabriqués à l'étranger, «... une caisse de tubes grossiers en verre
de Bohême pour des analyses. Si le droit est de 25 fr. il faut bien
l'acquitter, mais il me paroît bien élevé pour une matière aussi brute,
destinée à être détruite...», etc.
69. EDOUARD VIII
d'Angleterre (1894-1972) Roi de janvier à décembre 1936, héros d'une
romantique histoire d'amour avec W. Simpson - L.A.S., 2 pp. in-8 ; St
James'Palace, «Sunday» (déc. 1928). En-tête à son chiffre couronné. (900.-) 600.-
Belle lettre écrite à l'un de
ses proches, peut-être à son frère le prince Albert qui allait lui succéder en
1936 sous le nom de George VI : «My dear Babe, Thank you ever so much for the
book and your kind thought of me...». Il lui envoie à son tour un cadeau : «...
This pot is not much, but I send it with my love...», etc.
Deux pages entièrement
autographes avec belle signature «Edward P[rince]» en tant que prince de Galles
et héritier du trône.
70. EGYPTE, Campagne d'
- L.A.S., 1p. in-folio, du général Fr.
Et. DAMAS (1764-1828) ; Le Caire, 20.X.1799. En-tête avec petite vignette
et nom (barré) du «Général en Chef» KLÉBER. Adresse et contreseing au dos. (450.-) 300.-
Le Directoire connaissant de
graves difficultés, Bonaparte avait abandonné l'Egypte deux mois plus tôt,
laissant à Kléber le commandement de l'armée d'Orient. Au nom de ce dernier, le
général DAMAS, chef de l'Etat major, demande au Commissaire des guerres Hector
DAURE, l'amant de Caroline Bonaparte-Murat, qu'il l'instruise sur le «... refus
que font les arabes de fournir des chameaux...», au moment même où «... deux
Cheicks des tribus dont vous blamés la négligence... se plaignent de n'être pas
payés du transport des chameaux...», etc.
Rare petite vignette
emblématique : la Liberté debout tient dans sa main droite un bouclier tandis
que son coude s'appuie sur un faisceau ; à gauche, coq coiffé de longues
plumes...
71. EHRLICH Paul
(1854-1915) Médecin allemand, l'un des fondateurs de l'immunologie. Il
travailla au dépistage de la tuberculose et au traitement de la syphilis. Prix
Nobel en 1908 - P.A.S., 1 p. in-12 ; Francfort, 28.IV.1902. Enveloppe. (900.-) 600.-
Pertinente pensée destinée à
un étudiant en droit auquel Ehrlich révèle le secret de la réussite : «Pratiren
(sic !) geht über studiren...» (la pratique ne vient qu'après de bonnes
études). Autographe peu commun.
72. EINSTEIN Albert
(1879-1955) Physicien allemand, naturalisé suisse puis américain. Prix Nobel en
1921 - L.S. avec une correction et deux lignes autographes, 1 p. in-4 ;
Pasadena, 2.I.1932. En-tête : California Institute of Technology. En allemand. (3500.-) 2500.-
Au mois de novembre 1931,
Einstein avait réintégré son poste au Norman Bridge Laboratory of Physics de
Pasadena, l'Allemagne devenant pour lui - avouait-il à un ami suisse quelques
semaines plus tôt - «... un terrain... brûlant...».
Dans cette lettre
dactylographiée suivie d'un post-scriptum autographe, Einstein confie à un
confrère les raisons qui l'empêchent de se rendre en Europe pour tenir la
conférence dont il lui a parlé : «... Wegen Abwesenheit von Europa in der
angegebenen Zeit ist es mir unmoeglich, den Vortrag zu halten...» ; sa santé
n'étant de plus pas très bonne, il lui serait sans doute interdit de prendre de
tels engagements ; le physicien s'estimera déjà fort heureux s'il peut tenir
ceux qu'il a pris aux Etats-Unis.
Sous sa signature, Einstein a
ajouté deux belles lignes autographes
d'excuses et d'explications : «... Enschuldigen Sie bitte die Kürze. Ich bin
unbeschreiblich mit Korrespondenz belastet...».
Le directeur du Norman Bridge
Laboratory of Physics était alors Robert A. MILLIKAN ; connaissant le talent
d'Einstein pour avoir, quelques années auparavant, étudié et vérifié ses
équations photoélectriques, il l'avait engagé dans son laboratoire.
73. ENESCO Georges
(1881-1955) Compositeur, violoniste, pianiste et chef d'orchestre roumain - 9
L.A.S. (dont deux signées «Pion-niais» et «Nénesse»), 24 pp. in-8 (une sur
carte de visite) ; Paris, Budapest, «En tournée», Sinaîa, Huston, 1913/1950. (1200.-) 800.-
Très belle correspondance
artistique à son élève, la violoniste Yvonne ASTRUC (1889-1980) - dont il fut
l'ami durant presque un demi-siècle - et à son époux, le pianiste Marcel CIAMPI
(1891-1980), accompagnateur d'Enesco.
Vers 1910/1912, le
compositeur roumain adresse ses remerciements accompagnés d'une note musicale
formant rébus à sa «Chère Melle et amie» pour le présent fort utile qu'elle lui
a fait. En novembre 1913, c'est de Budapest, entre deux concerts donnés à
Francfort et à Bâle qu'il écrit hâtivement une lettre amicale à sa «... p'tite
Vovonne...» dont il décline l'aide : «... cela n'ira tout de même pas... je
n'aurai pas le temps... il y a répétition. J'en suis d'aise ollé ! - Le vieux -
Pion-niais».
Plus intéressantes sont les
lettres qu'Enesco adresse au couple Astruc-Ciampi dès 1934. De Bucarest, il
décrit sa vie chez A. H. Cohen («... je ne quitte pas le pyjama... je me rase
tous les jours... je retraîne un peu une jambe... je ne pense qu'à des parties
qui s'entrecroisent harmonieusement - musicalement, s'entend !...»).
En octobre 1937, il est
question de ses cours, de son élève MENUHIN : «... Oui, ... 2 cours par
semaine... C'est que Yehudi sera aussi là, et il me faut pour lui beaucoup de
temps... A propos de ma 2de Sonate, c'est mon impresario [qui] saura trouver la
meilleure formule...».
En septembre 1938, il
remercie «... pour le morceau de Gaubert...» et définit Sinaîa «... un petit
paradis, par un temps paradisiaque, mais pour combien de temps ?...». Quelques
semaines plus tard, le 29 octobre, il s'adresse à Ciampi : «... Je viens en
compositeur - animal odieux entre tous - pour vous prier de comparer dans la
2ème sonate pour piano, un endroit avec mon manuscrit corrigé (en dehors de
l'arpège préterminal)...» ; viennent ensuite quelques mesures s'étalant sur
deux belles portées : «... Il y a des accords de changés, et même l'encre
blue-black en est un peu différente... Quels sales maniaques, ces compositeurs,
embêtants et encombrants...», etc.
Des Etats-Unis, peu après la
guerre en 1948, sur un beau papier à l'en-tête du Rice Hotel de Houston, Texas
: «... je roule ma bosse tout seul à travers les plaines américaines. Et voici
: il est question de la philharmonique de Londres... c'est Valmalète qui s'en
occupe... Ici toutes les petites du cours, Firman, Joyce, Renée Wassermann,
Lucy Clark... parlent de vous et du cours...», etc.
En 1950, Enesco s'apprête à
quitter Paris pour Sienne où il enseigne à l'Académie Chigiana : «... Quelle guigne...
Marcel vient de me l'apprendre. Ecoutez: pas d'imprudence... la Princesse,
sortie tantôt, en rentrant sera désolée... Nénesse vous embrasse...».
74. ENESCO Georges - 2
L.A.S., 4 pp. in-8 ; Sinaîa et Paris, 1938 et 1954. Enveloppe. (300.-) 200.-
Amicales missives aux mêmes.
La première remercie Marcel CIAMPI «... pour tout ce que vous me dites de notre
S.te Po seul. Et entendu pour la sonate de Lekeu...», cette dernière phrase se
déclinant sous forme de rébus. Dans la seconde missive, adressée à sa «Très
chère Dame Vovonne», Enesco se dit «... tout embêté, et... demande pardon... il
paraît que ma bronchite est assez sérieuse à cause du voisinage de cet imbécile
de cœur...» (qu'il dessine) ; il signe : «Fidélissime affectueunance du vieil
ami - N S Kogriffe».
75. FANTIN-LATOUR Henri (1836-1902) Peintre et lithographe français -
P.S., avec date autographe, 1 p. in-8 obl. ; Paris, 23.IV.1893. Rare de cette
époque. (450.-) 300.-
Pièce en partie
dactylographiée autorisant «Le Journal» à reproduire «... dans son supplément
sur le Salon, le tableau que j'expose cette année...». Un article du critique
d'art G. Geffroy sur le Salon de 1893, nous révèle le titre de l'œuvre : «...
Le seul qui parle un langage de réflexion et d'harmonie intelligible est F.-L.,
dans cette petite toile... de Parsifal où le héros passe dans la lumière...».
76. FAURÉ Gabriel
(1845-1924) Compositeur français - L.A.S., 2 pp. 8° ; (Paris, ca. 1890/95 ?). (250.-) 150.-
Au jeune pianiste René
CHANSAREL (n. 1864), ami intime de DEBUSSY qui lui dédia sa Fantaisie (publiée
en 1919, un an après la mort de D.). «Cher ami, J'ai un pied à Garces et un
pied à Paris, ce qui est bien incommode ! Voulez-vous me permettre d'être
affreusement sans gêne et de venir partager votre déjeuner de famille demain, à
11 h 3/4 ? Si je vous offre cette heure absurde, c'est que j'ai le
Conservatoire à 2 h. ...» ; il ne se serait pas permis une telle familiarité
s'il n'avait craint qu'on prépare un déjeuner spécialement pour lui qui «...
gâterait le grand plaisir que je me promets...», etc.
Lors de ses séjours parisiens
de 1883/1892, Tchaïkovski avait rencontré le jeune Chansarel, sensible à la
musique russe, et le 20 janvier 1894, celui-ci joua à la Société nationale,
avec Debussy, un arrangement pour piano à quatre mains du «Capriccio espagnol»
de Rimsky-Korsakov.
77. FLAUBERT Gustave
(1821-1880) Ecrivain français - L.A.S., 1 p. in-8 gr. ; «Dimanche». (1800.-) 1200.-
Jolie lettre sur son typique
papier gris bleuté, adressée à son «cher Gaston» (Lebreton ?), à propos d'une
rencontre à trois avec leur ami commun Maxime DU CAMP, une nouvelle fois
repoussée : «... Mardi. C'est justement le jour que nous avons choisi
nous-mêmes pour un dîner trois fois remis... plains-nous !...». Flaubert se
rendra chez son correspondant «... un de ces matins, car voilà bien longtemps
que je n'ai vu ta vieille trombine... tendrement ton vieux...». Il envoie ses
respects à Monsieur Dumont.
78. FOREL Auguste
(1848-1931) Médecin psychiatre et naturaliste suisse, surtout connu pour ses
remarquables études sur les fourmis - 3 lettres (L.A.S., L.S. et lettre dictée)
sur cp, 3 1/2 pp. in-12 obl. ; Yvorne, 17.I. et 10.II.1910, 12.V.1916. Adresses
au dos. (750.-) 500.-
Correspondance adressée au
Zoologue Maurice BEDOT (1859-1927), directeur du Museum d'Histoire naturelle de
Genève.
Forel attend impatiemment les
épreuves de l'une de ses études sur les fourmis, car il va bientôt devoir
s'absenter d'Yvorne pour trois mois - Le message du 10 février nous informe que
le naturaliste a reçu lesdites épreuves et s'apprête à les corriger : «... Je
n'avais pas fait attention à ce que le n.sp faisait défaut au Camponotus
sponsorum. Vous avez bien raison... Ma seule excuse est le surmenage atroce
auquel je suis soumis ces jours-ci, avant mon départ pour la Turquie... Le
travail de Santuki sur les psammophores (fourmis du désert) est excellent...» -
La carte de 1916 concerne l'envoi d'une soixantaine d'exemplaires de
tirés-à-part de l'un de ses articles ; dactylographié, ce message se termine
par un tampon reproduisant la signature du Savant ; depuis 1913 en effet, Forel
était atteint d'une cécité presque totale ; il n'écrivait donc plus ses lettres
et les signait à l'aide d'un cachet. Ses autographes postérieurs à 1913 sont
donc quasi introuvables.!
79. FOSCOLIANA, 1818 -
L.S. «Rainieri» par l'Archiduc RÉNIER
d'Autriche (1783-1853), vice-roi du royaume Lombardo-vénitien dès 1818, 1/2
p. in-4 ; Venise, 12.XII.1818. Pièce jointe. (900.-) 600.-
Réponse favorable à la
demande de deux Milanais désirant chacun retirer à la Poste un exemplaire de
l'ouvrage Le ultime lettere di Jacopo Ortis, commandé à Londres, et retenu par
le Bureau de la Censure. Le jeune Archiduc accorde cette faveur après avoir
obtenu de bons renseignements «... che si danno nel rapporto di cotesto Governo
[milanais]... sul conto dei Sig.ri Gio Batta Imperatori e D.re Gaetano De
Castiglia...», etc.
L'auteur de l'ouvrage en
question n'est autre que le grand poète italien Ugo FOSCOLO (1778-1827), exilé
en Angleterre au moment où Venise et la Lombardie passèrent sous domination
autrichienne ; au début de sa fuite, il s'était attardé quelques mois à Zurich
où il avait travaillé à une nouvelle édition, parue à Londres en 1817, de ses
«Dernières lettres de Jacopo Ortis», amère satire en style biblique. Bien que
l'ouvrage se soit vendu rapidement - même à Milan, où il était soumis à la
censure, il fut fort demandé ! - le Poète n'en tira qu'un profit minime...
Quant aux destinataires des
deux exemplaires bloqués par la Censure milanaise, nous savons aujourd'hui que
le premier était l'un des ténors du barreau de cette ville ; le second, Gaetano
DE CASTIGLIA, ou Castillia, se révélera être deux ans plus tard un membre actif
du mouvement révolutionnaire des Carbonari milanais. Arrêté en 1821 par les
Autrichiens avec Pellico et Confalonieri, il sera condamné à mort, puis gracié
mais emprisonné, et enfin exilé. Il ne rentrera à Milan qu'en 1859, après une
absence de 38 ans, dont une bonne partie passée dans la forteresse de Spielberg,
terrible prison autrichienne. Sénateur italien dès 1863, il mourut à Milan en
1870 où il était né en 1794.
Document fascinant pour
l'histoire de la littérature italienne. On joint l'original de l'ordre transmis le 15.XII.1818 au Bureau
de la Censure ordonnant la remise des livres à leurs légitimes propriétaires.
80. FRANCE LIBRE et Seconde
Guerre mondiale - Ensemble de document (env. 30) et de photos (une dizaine)
datant des années 1939 à 1946 ; formats divers. Pièce jointe. (400.-) 200.-
Documents provenant des
archives d'un officier de liaison de l'armée de la France Libre, en mission
auprès de l'armée britannique. Plusieurs pièces sont signées (Le Gallais,
Duchêne, J. B. Bickett, R. Beamish, J. M. Smith, etc.), d'autres sont
polycopiées et portent en tête la mention «Très secret» (Ordre particulier pour
le groupement blindé, Ordre général n° 2, etc.). Le dossier se termine par un
décret du Gouvernement provisoire de Bidault concernant le référendum de 1946.
Dix photos format carte
postale illustrent différents moments de la libération de Paris
(Photo-Presse-Libération).
Il est joint un registre manuscrit in-folio renfermant la
«Liste des Abonnements au MONITEUR de la FLOTTE pour l'année 1938», environ 80
pages dont 64 remplies, livrant les noms de hautes personnalités de la Marine,
du ministre aux amiraux, aux chefs de service, etc., ainsi que des centaines de
noms d'officiers, de «guetteurs» des postes sémaphoriques, de commandants de
croiseurs et torpilleurs, etc., etc., le tout souvent accompagné d'adresses ou
lieux de stationnement des navires...
81. FRANCESCATTI Zino
(1905-1991) Violoniste français, il jouait sur un Stradivarius de 1727, le Hart
- PHOTO in-4 avec dédicace A.S. ; New York, mars 1947. (400.-) 250.-
Magnifique photo en buste,où
Francescatti, en tenue de gala, joue du violon.Dédicacée au violoniste et
compositeur suisse Alfred POCHON
(1878-1959), ex-membre du Quatuor Flonzaley (1902-1928) auquel on doit
la création du Premier Quatuor d'Enesco, du Concertino de Stravinsky et du
Premier Quatuor de Bloch.
82. FRANÇOIS-JOSEPH Ier
d'Autriche (1830-1916) Empereur dès 1848, sa décision d'exiger des
réparations de la Serbie après l'assassinat de François-Ferdinand déclencha la
Première Guerre mondiale - P.A.S. «F. J.» et paraphe, 1 p. in-8, crayon ; (Wien
?), 27.XII.1868. En allemand. (500.-) 300.-
Message visiblement écrit à
la hâte, destiné au colonel hongrois GHYCZY. Celui-ci se rendra auprès de
l'empereur à 3 heures de l'après-midi et non pas à 1 heure.
Depuis 1867, François-Joseph
était le seul souverain d'une double monarchie : déjà empereur d'Autriche, il
était désormais aussi roi de Hongrie. Son épouse Sissi, qui avait longuement
agi pour que ce pays devienne un royaume, manifesta toute sa vie une grande
sympathie pour la nation et le peuple hongrois.
83. [Helvetica] FRÉDÉRIC II
de Prusse (1712-1786) Roi dès 1740. Homme d'Etat et de guerre, fort cultivé
- L.S. «Frederic», 1/2 p. in-4 ; Potsdam, 12.VII.1755. Document d'une grande
fraîcheur. (1800.-) 1200.-
La décision prise par le
président de l'Académie royale de Prusse d'engager «Mr Hubert», satisfait
pleinement le souverain qui accorde volontiers à cet homme l'assurance «...
qu'en cas de mort ses biens et effets retourneront à ses héritiers sans
déduction quelconque...». Un passeport a été établi afin de le mettre «... à
l'abri d'être jamais inquiété du Militaire et quoiqu'il n'ait pas eu besoin de
cette précaution, cependant pour le tranquiliser de ce côté, J'ay bien voulu
Vous l'envoyer pour le lui remettre...».
Missive adressée au
mathématicien Pierre Louis Moreau de MAUPERTUIS
(1698-1759) - appelé par Frédéric II à l'Académie royale de Prusse, il y
siégea de 1741 à 1756 - concernant son confrère suisse Johann-Jakob HUBER qui
se rendait à Berlin comme astronome, professeur et membre de l'Académie des
Sciences de ce royaume.
84. FRÉDÉRIC-GUILLAUME II
de Prusse (1744-1797) Roi dès 1786,il succéda à Frédéric II. Ses armées
furent arrêtées par Kellermann à Valmy, en 1792 - L.S. «Fr.-Guillaume», 1/2 p.
in-folio ; Berlin, 27.XII.1793. Enveloppe. (400.-) 250.-
Alors qu'en France régnait la
terreur et que les têtes royales tombaient sous le couperet de la guillotine,
on célébrait en Prusse le mariage du second fils de Frédéric-Guillaume, «... le
Prince Frédéric Louis... avec la Princesse Frédérique... un événement aussi
agréable pour moi...», etc. Adressée à un souverain, cette lettre est
contresignée par l'ami et conseiller de Frédéric II, le Premier ministre Karl
Wilhelm Finck v. FINCKENSTEIN
(1714-1800) - dont la signature tremblante et maladroite trahit le grand
âge - ainsi que par le ministre des Affaires étrangères, Philipp Karl
ALVENSLEBEN (1745-1802).
85. FUNK Walter
(1890-1960) Ministre nazi, condamné à Nuremberg - P.S., 1 p. in-folio ; Berlin,
24.VIII.1938. Grand sceau à sec du Reich. (300.-) 200.-
Nomination d'un conseiller
d'Etat «Im Namen des Deutschen Volkes». Pièce portant la typique signature
d'Hitler en fac-similé bleu suivi de celle, autographe, du ministre de
l'Economie Walter FUNK.
86. FURTW-NGLER Wilhelm
(1886-1954) Chef d'orchestre allemand - Belle signature «Wilhelm Furt-w-ngler»
sur page in-8 ; (1932). Au dos, signatures et dates autographes du Chancelier
allemand Heinrich BRÜNING (1885-1970) et du diplomate japonais Tsuneo MATSUDAIRA
(1877-1949), délégués à l'Assemblée de la Société des Nations à Genève
(mars/déc. 1932). (500.-) 350.-
87. GAUTIER Théophile
(1811-1872) Ecrivain, poète romantique et critique d'art français, il fut aussi
peintre dans sa jeunesse - Manuscrit autographe, 11 lignes sur feuille in-8 ;
[Paris, été] 1872. (500.-) 350.-
Article intitulé «Salon de
1872 - IV - Peinture». Théophile Gautier y raconte sa visite au Salon,
exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants ayant lieu chaque été, à
laquelle il avait commencé à s'intéresser dès 1837 pour le compte du journal La
Presse.
En cette année 1872, le
public s'arrêta devant le tableau de Thomas COUTURE que l'écrivain remarqua
également : «... Qui fut surpris en se trouvant au Salon... devant un Damoclès
dont la facture large et savante, la couleur harmonieuse... rappellaient à s'y
méprendre Maître Thomas Couture ? Ce fut nous assurément...» ; car il ne
s'attendait pas à trouver «... le grand Couture, le Juvenal de 1847, celui qui
fit l'Orgie Romaine où nous autres Parisiens de la décadence eumes la fatuité
de nous reconnaitre...» ; il avait plutôt imaginé que ce peintre, tout comme
Rossini après le succès de son Guillaume Tell, se serait «... retiré sous sa
tente... [du moment que] son œuvre avait été comprise, admirée, acclamée,
portée aux étoiles, surfaite peut-être...».
Ce Salon de 1872 fut le
dernier à recevoir sa visite de Théophile Gautier qui allait décéder le 23
octobre suivant. L'impressionnisme, dont il a pu voir les prémices, s'ouvrira
bientôt au grand public...
88. GAY-LUSSAC Louis-Joseph
(1778-1850) Physicien et chimiste fr., il énonça la loi sur le coefficient
thermique qui porte son nom - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 28.IX.1831. Adresse
autogr. en IVe page. (500.-) 350.-
«... Mon cher camarade, -
écrit-il au mathématicien Antoine André Louis REYNAUD (1777-1844), professeur à
l'Ecole poly-technique de Paris - Je recommande avec beaucoup d'empressement à
votre juste bienveillance Mr Gustave Legentil qui doit se présenter à votre
examen pour l'Ecole Poly.que. C'est un excellent jeune homme, très studieux et
qui... a remporté le 1er prix de mathématiques... mais il a de la difficulté
pour s'exprimer...», ce qui pourrait porter à le mal apprécier si l'examinateur
n'en était informé, etc. Et Gay-Lussac de souligner que l'étudiant a pour oncle
M. Legentil, son collègue au Comité consultatif des Arts et manufactures, dont
il a la plus haute estime.
Notons que Charles LEGENTIL
(1783-1855) n'était pas seulement un puissant industriel de Rouen ; il était
aussi un député de Paris ; quant à son neveu, il s'agit vraisemblablement
d'Edouard LEGENTIL (1812-1864), ingénieur des Ponts et Chaussées à Rouen.
89. GÉRARD François
(1770-1837) Peintre français de portraits et d'histoire - L.A.S., 1 p. in-4,
datée «20 j.er» (1815 ?). (450.-) 300.-
Il sollicite une d'audience
auprès d'un haut fonctionnaire du Gouvernement. «Monseigneur, Je prends la
liberté de prier Votre Excellence... de me faire indiquer...» le moment où il
pourra se «... présenter chez Elle sans être trop indiscret...», etc.
Cette missive - entièrement
écrite de la main du peintre qui confiait souvent sa plume à son épouse,
autorisée à écrire et signer en son nom - pourrait avoir été adressée au prince
de Talleyrand, alors ministre de Louis XVIII et protecteur du baron Gérard.
90. GIDE André
(1869-1951) Ecrivain fr., prix Nobel en
1947 - L.S., 1 p. 4° ; Paris, 11.X.1936. (500.-) 350.-
A Louis GILLET (1876-1943),
de l'Académie française, concernant sa future publication, «Retour de l'U.R.S.S.».
L'exquise et intéressante lettre de son correspondant lui est parvenue à
Roquebrune ; il rentre maintenant à Couverville où il doit mettre la dernière
main aux souvenirs de son voyage en U.R.S.S. : «... Tant que ce livre ne sera
pas achevé et imprimé, je fuirai toute conversation, tout contact... Si grand
que soit mon désir... je dois... résister et vous demander de différer un peu
notre rencontre... Mais, sitôt après m'être acquitté de ce terrible devoir,
quel plaisir et quel profit, je me promets d'une conversation avec vous sur
l'Allemagne et l'U.R.S.S. ...».
Gide s'était d'abord approché
du Parti Communiste français avant de nuancer sa position dans son «Retour de
l'U.R.S.S.» publié en 1936, pour terminer en nette opposition avec les Communistes.
91. GIRARDET Karl
(1813-1871) Peintre suisse travaillant à Paris où il fut l'un des artistes
favoris du roi Louis-Philippe Ier - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, 15.I.1867. (400.-) 250.-
«... vous avez l'extrême
bonté de mettre à ma disposition le tableau de la vallée de Lauterbrunner pour l'Exposition Universelle - écrit
Girardet, visiblement ravi, au banquier et collectionneur d'art Emile PEREIRE
(1800-1875) - J'osais à peine l'espérer... et je vous prie... de vouloir bien
recevoir ici l'expression de ma reconnaissance... j'aurai l'honneur de faire
prendre le tableau vers le 10 ou 11 février, qui est à peu près l'époque où les
œuvres d'art des artistes suisses doivent être rendues dans le local qui leur
est destiné au Palais du Champ de Mars...». Notons que cette toile trouvera
acquéreur pour 5800 francs à la Vente Péreire de 1872.
92. GIRON Charles
(1850-1914) Peintre suisse, portraitiste et paysagiste très apprécié - L.A.S.,
4 pp.in-8 ; datée «Paris, 15 mars» (vers 1889). (450.-) 300.-
Il remercie son correspondant
(Ernest BURNAT, 1833-1922, peintre acquarelliste suisse de Vevey) «... de
m'avoir expédié le portrait, qui est arrivé en parfait état, toile et cadre ;
ce soir il sera déposé et enregistré au Paris [des Expositions] en compagnie
d'une pochade : le portrait de M. J. Camoletti, arch. à Genève. Le succès
auprès des artistes est certain, quant au public gâté de Paris et une certaine
partie de la critique, il ne faut pas y compter beaucoup ; c'est un tout autre
genre de portrait qu'il leur faut...». Quant à la critique, il s'attend «... à
quelques beaux éreintements qui ne me feront pas froncer le sourcil... [ni]
changer d'opinion sur l'exacte valeur artistique de l'ouvrage... J'expose
surtout pour les artistes...». Malade, surmené depuis trois ans, son médecin
lui a prescrit le repos absolu : «... j'ai choisi les bords de la
Méditerrannée... où il ne pleut presque jamais ; ce qui me navre, c'est la
défense expresse de travailler et mes commandes de Paris qu'il faut que
j'abandonne...», etc., etc. [Voir aussi le numéro 21, Bocion]
93. GOETHE, Johann Wolfgang
von (1749-1832) L'illustre poète et écrivain allemand - L.A.S., 1 p. in-4 ;
Weimar, 16.II.1831. (22
000.-) 15 000.-
Rarissime lettre autographe
de Goethe écrite en anglais !
Le Poète s'adresse au peintre
et graveur londonien, David Charles READ (1790-1851) : «According to a wish of
Yours, expressed in a letter addressed to me a year ago, I send you... the
Medals coined in my Memory...» ; il reste dans l'attente des nouveaux travaux
que doit lui fournir son correspondant et rappelle qu'ils ont déjà été annoncés
au public allemand dans les Annales de Littérature parues à Vienne (Wiener
Jahrbücher der Literatur, vol. 52, publicité à la page 20). «... I hope you
will think often on a loving estimator of talents as are Yours, favorised by
Nature, prospered by reflecting practice. A cordial Farewell !...».
Graveur d'un réel mérite,
David Ch. READ fit deux portraits de Goethe dont il se vantait d'être l'ami.
Notre lettre - dont le texte est publié dans la Weimarer Ausgabe (IV, 48, n°
110) - répond aux deux missives que Read avait adressées à l'écrivain les 28
février 1830 et 7 mars 1831. L'artiste la reproduisit dans son Catalogue of
Etchings paru à Salisbury en 1832, recueil de gravures auquel Goethe, passionné
d'art, fait allusion dans sa lettre.
Document célèbre,
probablement la seule lettre de Goethe en anglais en mains privées, méritant
une place d'honneur au sein d'une prestigieuse collection. [Voir illustration
en couleurs en dernière couverture]
94. GOUNOD Charles
(1818-1893) Compositeur fr. - L.A.S., 1 p. in-8 ; «Lundi, 3 mars /51». (500.-) 300.-
Superbe lettre à Gabriel de
Vendeuvre, ami de Gounod et dédicataire de sa Messe n° 2, éditée en 1846.
Le compositeur l'autorise à
«... faire retenir une loge, ou d'autres places... pour la première
représentation de Sapho. Je ne sais quand elle aura lieu, mais nous faisons
tout notre possible pour la mettre en état de se présenter devant le public.
Nous répétons autant que nous le permettent les répétitions d'autres
ouvrages... Si nous marchons bien, nous devons arriver vers la fin de ce
mois...». Gounod est ravi d'annoncer à son ami «... que mes chœurs ont été pour
ainsi dire appris du premier jour, et que tous mes solistes sont enchantés de
leur rôle...». Il reste maintenant à s'occuper de la mise en scène et du «...
côté matériel de la besogne, et ce n'est pas le moins long que de régler les
pas, les gestes, la tenue, le maintien de toutes ces marionettes vivantes qu'un
seul esprit doit faire mouvoir...».
Opéra en trois actes d'Emile
Augier sur une musique de Charles Gounod, Sapho fut créée à l'Opéra de Paris le
16 avril 1851. Cet ouvrage fut le début de Gounod sur la première scène lyrique
française ; il fut accueilli froidement par le public et très chaleureusement
ailleurs...
95. GOUNOD Charles -
L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 11.II.1855. En-tête : Direction de l'Orphéon. (350.-) 200.-
«...Vous avez eu pour ma
petite novice de symphonie des égards si charmants - écrit-il au critique et
musicien Joseph-Léon GATAYES (1805-1877), professeur de harpe de Madame
Récamier - vous lui avez témoigné des sentiments d'une si bienveillante amitié
que je ne veux pas tarder d'un jour pour vous en remercier. Au reste... je ne
fais pas de phrases : vous aimez la musique (quand je dis aimer j'ai tout dit),
moi je l'aime aussi...», etc.
Gounod, qui s'était vu
confier le poste d'inspecteur des Orphéons (1853), venait de composer la
première de ses deux Symphonies de 1855, et cela après le fiasco de sa Nonne
sanglante, créée à l'Opéra le 18 octobre 1854. Intéressante.
96. GOUNOD Charles -
L.A.S., 4 pp. in-8 ; Londres, 9.IV.1872. En-tête de la Tavistock House. (350.-) 200.-
D'Angleterre, où il a trouvé
refuge en Septembre 1870 - pays qu'il va quitter définitivement en juin 1874
après avoir vécu «la plus grande erreur de [sa] vie», ensorcelé par le charme
sensuel et la belle voix du soprano Georgina Weldon -, Charles Gounod adresse
cette intéressante et longue lettre à son «excellent ami» Adrien Viguier
(1805-1880), littérateur et secrétaire de la Société des Concerts à Paris.
Il regrette de ne pas avoir
écrit plus tôt, «... Mais... j'échappe au monde, aux visites, à tout le train
de la vie extérieure... Je viens d'écrire huit pages à ma femme, pour lui
expliquer pourquoi mon fils n'est pas parti de Londres ce matin...». Quant à
son activité artistique, il a fait «... hier soir une première grande
répétition dans Albert Hall ; le local me ravit : j'ai été enchanté de
plusieurs morceaux ; j'ai eu la première lecture de deux fragments de mon
nouveau Requiem (Introit avec Kyrie, et l'Agnus). Je crois que cela est bon...
Mon amie Edith de B. m'a écrit que ma Messe [a été] exécutée hier à N. D., sans
le Credo ! Bagatelle !...», etc.
La missive se termine sur une
phrase relative à son égérie du moment, Miss Weldon : «... Georgina va bien :
nos affaires de musique prennent une bonne tournure : patience ; tout cela
viendra, et viendra bien...». Beau texte.
97. GOUNOD Charles -
L.A.S., 4 pp. in-12 ; Nieuport Bains, 7.V.1881. Enveloppe. (300.-) 200.-
A Madame Ernest OSTERRIETH,
propriétaire de l'une des plus belles résidences anciennes d'Anvers. C'est en
«... vieil ami...» que Gounod lui fait des confidences : «... Ah ! on ne me
pardonne pas mon goût pour les dominos et les patiences ? C'est bien triste !
On ne peut pourtant pas toujours travailler ou parler ou chanter... Le silence
à lui seul est un repos : il est compatible avec tout ce qui fait réellement
vivre, et n'est ordinairement troublé que par ce qui empêche de vivre, et c'est
précisément pour cela que j'adore la solitude ! Sur ce, ma grosse bonne
mère..., je vous aime et vous embrasse... Allons ! Venez vite vous emb... nuyer
avec nous...», etc.
98. GOUNOD Charles - 2
L.A.S., 4 pp. in-8 et in-12 ; (St Cloud), 21.VI.1881 et Morainville,
(20.IX.1885). (300.-) 200.-
Amicale correspondance
adressée à la cantatrice et critique musicale Henriette FUCHS († 1887).
En juin 1881, il lui annonce
qu'il ne pourra la rencontrer : «... Je vais demain à Rouen enterrer une
charmante et regrettée cousine !...» ; il n'ose plus rien lui promettre : «...
Jugement du prix de Rome ! Et puis... Je suis à la chaine... toujours... tous
les jours !...».
Quelques années plus tard, de
Morainville dans le Calvados, il répond à la lettre de sa correspondante qui
lui faisait part de ses impressions «... sur Mors et Vita...», sa trilogie
composée en 1884. Prévoyant un retour à Saint-Cloud pour les élections
d'octobre 1885, il aura par la même occasion le plaisir de revoir son amie :
«... Je vous embrasse tous bien tendrement...».
99. GOUNOD Charles - L.A.S., 3 pp. in-8 ; St Cloud, 18.VII.1892. (400.-) 300.-
Intéressante missive relative
à une reprise éventuelle de son opéra Le Médecin malgré lui, donné en première
à l'Opéra-Comique en 1848 puis en Angleterre sous le titre de The Mock Doctor.
Gounod commence par remercier
son correspondant pour l'envoi du manuscrit d'une Messe, avant d'en venir à la
«... question relative au Médecin malgré lui...», opéra dont Carvalho détient
les droits de représentation : «... Si cet ouvrage, que j'ai souvent regretté
de ne pas voir maintenu au répertoire, a, depuis si longtemps, quitté
l'affiche, je ne crois pas qu'il y ait lieu d'attribuer ce délaissement à
l'insuffisance de l'œuvre, mais surtout à l'absence de l'interprète principal,
sans lequel l'attrait de l'exécution se réduit à peu de chose...». Le
compositeur songe au baryton Gabriel Marcel SOULACROIX (1853-1923), «...
excellent chanteur... qui pourrait... se tailler, dans le rôle de Sganarelle,
un succès analogue à celui que Fugère avait trouvé, et qu'il a regretté, devant
moi, de n'avoir pas l'occasion de renouveler...». Il invite son correspondant à
s'occuper de cette affaire, non sans avoir au préalable contacté Carvalho,
directeur de l'Opéra-Comique, etc.
100. GOUNOD Charles - 6
L.A.S., 9 pp. in-8 et in-12 ; Paris, St Cloud, etc., 1877/1893. (1200.-) 600.-
Intéressant ensemble de
missives adressées à différents destinataires.
Le 19.XII.1875, le
compositeur envoie à un docteur «... la photographie que vous me faites
l'honneur de désirer...» ; il évoque la grande souffrance que lui cause son
bras malade et le peu d'espoir qu'il a en sa guérison : «... douleur permanente
à l'épaule blessée, et impuissance absolue du bras à produire le moindre
effort... il me faut le prendre avec l'autre bras, comme quelque chose
d'étranger...», etc.
En 1877, il invite chez lui
Monsieur et Madame Parquet : «... Dites-lui... combien je suis peiné de la
savoir si près de moi et de me sentir si captif de mes occupations de toute
sorte...».
Sur une carte à son chiffre
datée du 10 mars 1881, Gounod affirme avoir «... cherché partout en vain dans
mes papiers votre 3ème acte, dernière version...» avant de se souvenir l'avoir
donné à Choudens, etc.
De «St Cloud - 41 Route
Nationale», il écrit à la veuve d'un ami disparu dont il conservera dans son
cœur un fidèle souvenir.
Le 12 avril 1889, Gounod
informe sa correspondante que les «... fragments autographes que vous m'avez
demandés pour votre Vente de charité, attendent chez mon Concierge...».
Enfin, le 28 juin 1892,
quelques mois seulement avant sa mort, le musicien nous livre un emploi du
temps chargé pour les semaines à venir : «... Vendredi et samedi sont pris
toute le journée par le concours de Rome. Dimanche et lundi, je suis retenu à
St Cloud. Mardi 4 je pars... jusqu'au 31 juillet... Ah ! cela ne va pas aussi
bien et aussi vite que je l'aurais voulu et que je l'avais espéré.
L'indifférence gagne du terrain tous les jours !...». Le 17 oct. suivant,
Gounod expirait après avoir mis la dernière main, avec son fidèle compagnon
Henri Büsser, à la «réduction» pour piano ou orgue de l'orchestre du Requiem
qu'il venait de composer.
101. GRACQ Julien (n.
1910) Ecrivain français - P.A.S., 1 p. in-12 obl. ; (1959). (300.-) 200.-
Curieuse pensée relative aux
écrivains pour lesquels la critique, à leur premier livre, hésite non sur le
dosage des qualités et des défauts mais «... sur ceci de plus sérieux qu'on
appelle en sport la catégorie, percheron ou pur sang...» ! Selon Gracq, en
matière d'écrivains comme de chevaux, «... Au second ou au troisième galop
d'essai on est fixé, on fait une marque à la queue ou à la crinière, pour se
souvenir...».
102. GRAUX Lucien
(1878-1944) Célèbre bibliophile et écrivain français, mort à Dachau - L.A.S., 4
pp.in-8 ; «Le Provençal», Juan-les-Pins (1931). (600.-) 400.-
Jolie lettre de compliments à
un journaliste qui vient de publier un article intitulé «2 Systèmes et Oeufs de
Pâques !».
Le Docteur Graux désapprouve
certaines habitudes qui veulent qu'en France les entreprises emploient un
personnel trop nombreux... Il prend l'exemple d'Henry Ford qui, «... handicapé
par une ligne secondaire desservant fort mal son usine... visita la gare
lui-même et constata la surabondance du personnel... Ici on l'aurait
subventionné. En Amérique elle saute et Ford la rachète. Il supprima... 4
empl.[oyés] sur 5, paya beaucoup mieux celui qui resta... la ligne gagna de
l'argent et lui fut bien servi. Chez nous les autobus ont déjà adopté cette
mesure américaine en remplaçant le contrôleur par un compteur...». Par cette
méthode, souligne Graux - qui oublie de tenir compte de la puissance des
syndicats français ! - on pourrait supprimer le déficit des chemins de fer...
La très grande signature de
Graux est suivie d'un message de trois lignes annonçant qu'il prépare un nouvel
ouvrage, «... une Espagne Economique de l'importance de ma Tchécoslovaquie
économique...».
Arrêté par les Nazis, ce
riche collectionneur vit tous ses biens confisqués ; déporté à Dachau, il y
mourut le 15 octobre 1944. Sa bibliothèque, composée d'éditions originales, de
livres illustrés et de lettres autographes, fut vendue aux enchères dans les
années 1956/1959 ; un superbe catalogue en 3 volumes, vendu fort cher encore de
nos jours, renferme le souvenir de sa collection dont de nombreuses pièces se
retrouvant sur le marché portent encore la prestigieuse origine de la coll.
Graux.
103. [Esclavage] GRÉGOIRE
Henri, dit l'abbé (1750-1831) Ecclésiastique et homme politique français.
Evêque constitutionnel de Blois, puis Conventionnel sous la Révolution, il
contribua à faire voter les décrets accordant les droits civils et politiques
aux Juifs et l'abolition de l'esclavage - L.A.S., «+ Grégoire an[cien] Evê[que]»,
2 pp. in-4 ; Paris, 1.VIII.1812. (1200.-) 800.-
Défenseur des droits des
minorités juives et des gens de couleur, l'abbé Grégoire avait été en 1790 le
Président de la Société des amis des Noirs. Cette lettre, écrite alors qu'il
s'était retiré de la scène politique, concerne en partie la traduction
allemande de son nouvel ouvrage faisant suite à sa Littérature des Nègres.
Il justifie cette réponse
tardive à son «Très cher confrère», le savant portugais José Francisco CORREA
da Serra, par la multitude d'embarras à laquelle il a dû faire face : «... A la
hâte, j'ai tracé... un croquis de quatre pages comme vous l'indiquez... Il a
besoin d'être plus soigné, je confie cela à votre zèle et à vos talens...».
L'ancien évêque révolutionnaire ajoute ensuite quelques mots à l'intention de
«notre auguste associé», le régent Jean VI de Portugal, alors exilé au Brésil,
dont il ignore s'il lui a conservé quelque bienveillance. Quant à la traduction
allemande de ses écrits sur les Noirs, il la voudrait de tout cœur, mais son
traducteur strasbourgeois, le pasteur Jean-Laurent BLESSIG (1747-1816), ne
semble pas avoir encore envoyé «... son travail à un ami de Zurich, Mr
Usteri (Paulus USTERI, 1768-1831,
médecin et homme politique suisse, partisan résolu des institutions libérales)
qui l'attend. Ce dernier est le même qui, des deux traductions allemandes de ma
littérature des Nègres, a fait la meilleure ou plutôt la seule bonne et l'a
imprimée chez Cotta à Tubingen. Je voudrois bien accélérer cette publication...
car pour la France rien ne paroît... Gardez pour vous les détails que je viens
de vous donner. C'est hier que j'ai lu à notre classe mes trois derniers
chapitres...». L'abbé Grégoire conseille à son correspondant, qui est à la
campagne, de travailler «... sans excès qui vous rendent malade... car quoique
j'aime vos ouvrages, j'aime encore plus l'auteur...», etc.
Bien que le nom du
destinataire n'apparaisse pas sur cette missive, il ne fait aucun doute qu'elle
fut adressée à José Francisco CORREA da Serra
(1750-1823), savant et diplomate portugais réfugié en France après la
paix d'Amiens, en 1802. Membre correspondant de l'Institut, il habita Paris
durant onze ans, partageant son temps entre ses amis (dont l'abbé Grégoire
faisait partie), ses études et ses promenades, soit dans les bibliothèques,
soit au Jardin des Plantes. Résidant aux Etats-Unis dès 1813, le gouvernement
portugais du roi Jean VI en fit son ministre plénipotentiaire auprès du
gouvernement américain. Il siégea aux Cortes portugaises de 1820 à sa mort.
104. [Légion d'honneur] GROS
Antoine (1771-1835) Peintre français. Elève de David, il gagna la
protection de Joséphine de Beauharnais puis de Bonaparte dont il devint le
peintre officiel - P.S., avec quelques mots autographes, 1 p. in-4 ; (Paris),
22.X.1808. En-tête : Grande-Chancellerie de la Légion d'honneur - Formule du
Serment. (1200.-) 800.-
Par ce document imprimé, que
tout nouveau membre se devait de signer en recevant la Légion d'honneur, le
peintre jure de se dévouer au service de l'Empire, à la conservation de son
territoire dans son intégrité, «... à la défense de l'Empereur, des lois de la
République... de combattre... toute entreprise tendant à rétablir le régime
féodal...», etc. Il signe à la fin «A.[ntoine] J.[ean] Gros Peintre - Membre de
la Légion d'honneur - Rue des fossés St Germain des Prez N° 14».
Très critiqué sous la
Restauration, le baron Gros devint dépressif et se suicida en se jetant dans la
Seine. [Voir aussi lot n° 273]
105. GUSTAVE V de Suède
(1858-1950) Roi dès 1907 - P.S., 1 p. in-folio ; Stockholm, 24.X.1941. En-tête
imprimé. Très beau sceau à sec sur papier. Texte en suédois. (200.-) 120.-
Nomination d'un officier de
l'Uppland-Regiment, contresignée par le ministre de la Défense, Per Edwin SKÖLD
(1891-après 1972), économiste et homme politique suédois. Pièce d'une grande
fraîcheur.
106. HAHN Reynaldo
(1875-1947) Compositeur français d'origine allemande par son père, basque par
sa mère ; né Vénézuélien - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, 4.XII.(années '30).
Adresse au verso. (300.-) 200.-
Il autorise le jeune ténor
suisse Hugues CUÉNOD (n. 1902) «... à emporter le manuscrit (et compte sur vous
pour qu'il me soit rendu en bon état... dès que les représentations seront
terminées) mais je dois vous prier d'obtenir des théâtres où vous l'utiliserez
30 Fr. de location (par représentation) pour prix de cette location...», etc.
107. HATZFELD, François-Louis,
Prince de (1756-1827) Général et diplomate prussien, il fut sauvé d'une
mort certaine par sa femme qui alla implorer sa grâce aux pieds de Napoléon -
L.A.S., 1 p. in-4 ; «mardi matin 1810». Adresse et magnifique sceau aux armes
princières. (450.-) 300.-
Intéressante missive à la
baronne de Berg.
«... Le prince de
Wittgenstein auquel j'ai envoyé... ma deffence sur l'accusation portée contre
moi au Kammergericht... m'a dit hier au soir que malgré que je l'avois prié de
ne la montrer à personne, il avoit trouvé convenable de vous la communiquer...»
; Hatzfeld n'a pas lieu d'en tenir rigueur à son ami «... si cela peut
contribuer à éviter un éclat fâcheux, dont malgré les persécutions injustes que
j'ai éprouvé, je ne désire pas d'être la cause...» ; il demande même audience à
sa correspondante afin de lui exposer la situation, ayant reçu le matin même des
nouvelles de Paris qu'il serait bien aise de lui communiquer. Le diplomate
prussien rend justice à la cause qui fait agir la destinataire de sa lettre :
«... il seroit à souhaiter que touts ceux qui approchent de plus près ayent la
mesme espèce d'attachement, alors certainement notre position en général seroit
un peu meilleure qu'elle ne l'est aujourd'huy...».
Rappelons qu'en 1806, à
Berlin, le prince de Hatzfeld risqua la mort pour «... avoir profité des
connaissances que sa place lui donnait sur la situation de l'armée française
pour en faire part à l'ennemi...». Apprenant la nouvelle, sa femme vint se
jeter tout éplorée aux pieds de Napoléon ; touché par la douceur et la
situation de la Princesse, alors enceinte, l'empereur lui montra la lettre
fatale prouvant la trahison du Prince et la mit au feu en disant : «Je n'ai
plus de preuve, madame ; votre mari a sa grâce». Ce fait a fourni au poète
Esmenard le dénouement de son opéra de Trajan ; il a également été consacré par
une foule de tableaux et de gravures.
108. HELVETICA, XXe siècle
- Quatre pièces, 4 pp. in-4 ; 1938-1974. (200.-) 120.-
Petit ensemble de lettres ou
documents divers signés par les anciens Présidents de la Confédération
Helvétique Marcel PILET-GOLAZ (1889-1958), Friedrich WAHLEN (1899-1985), Max
PETITPIERRE (1899-1994), Nello CELIO (1914-1995), ainsi que par plusieurs
membres suisses du Club de Rome en 1974 : J. Burckhardt, J. Freymond, O.
Reverdin, H. Thiemann, certains juristes et industriels, etc.
109. HEREDIA, José Maria de
(1842-1905) Poète fr. de l'école parnassienne, né près de Santiago de Cuba -
Manuscrit autogr. signé de ses init., 1 p. in-4 ; (Paris, juillet 1893/94 ?).
Coupures d'édition. (750.-) 500.-
Curieux texte où José Maria
de Hérédia présente son futur gendre Henri de Régnier (1895) comme le plus
talentueux des jeunes poètes de l'époque. Intitulé «Airs de Flûte», cet article
fut sectionné en quatre parties par l'imprimeur, et reconstitué par la suite
sur une feuille in-quarto.
Les vers qu'on peut lire dans
«... les jeunes revues à couvertures multicolores qui pullulent cette année...
sont à mon gré trop souvent polymorphes...», déplore Hérédia et «...
quelquefois... tout simplement beaux...» ; ils ne valent pas «... le charmant
Conte antique de M. Pierre Louÿs et [les] dix petits poèmes de M. Henri de
Régnier, Flûtes d'Avril et de Septembre.
De tous les jeunes poètes, M. de Régnier est, sans contredit, le plus
remarquablement doué...» et c'est à peine si dans ses vers, d'une forme
classique, «... quelque pluriel inutile... rime avec un singulier. Parfois une
fausse rime. Çà et là un vers sans césure. Si du moins ils étaient tous aussi
heureusement motivés que celui-ci...». Et Hérédia de citer deux vers de son
protégé suivis plus loin d'une douzaine d'autres (découpés ceux-là d'un ouvrage
et collés au bas de la feuille) extraits d'une idylle suggérant «... par de
savantes et rapides évocations, tout un mythe. C'est comme une reprise très
lointaine, très mystérieuse et très subtilement naïve, du merveilleux motif de
l' Enlèvement d'Europe qui inspirait naguère au maître Leconte de Lisle le
dernier, non le moins admirable de ses poèmes. Ecoutez M. de Régnier...
(suivent les douze vers imprimés) N'est-ce pas que cet air est d'une grâce
héroïque, ingénieux, noble et doux, vraiment digne d'avoir été jadis modulé sur
de belles Flûtes Siciliennes ?».
110. HERTZ Henrik
(1797-1870) Poèteet auteur dramatique danois. Né juif, converti au
protestantisme en 1832, il avait débuté par la publication sensationnelle d'une
satire anonyme, à l'imitation de Baggesen - L.A.S., 1 p. 4° ; Copenhague,
30.I.1850. Adresse autographe en IVe page.En danois. (600.-) 400.-
A Emil Jonas,
vraisemblablement l'éditeur de son recueil de poèmes «Digte fra forskjellige
perioder» qui sera publié l'année suivante, auquel il communique plusieurs
changements ou corrections à apporter aux épreuves : pages, lignes, texte
ancien et texte modifié avec parfois citation d'une phrase entière (un vers ?).
Autographe important et peu commun.
111. HILLER Ferdinand (1811-1885) Pianiste, chef d'orchestre et
compositeur allemand, ami intime de Mendelssohn-Bartholdi - L.A.S., 2 pp. in-8
; Leipzig, 15.XII.1839. Adresse sur la IVe page. (450.-) 300.-
Longue et intéressante lettre
à Franz-Xavier GLEICHAUF (1801-1856), chef d'orchestre et compositeur de
Francfort, relative à l'exécution de son
Oratorium Jeremias dont il va
terminer la partition ; il évoque le travail des copistes et une éventuelle
publication en lithographie qui semble traîner en longueur. Hiller pose à ce
sujet trois questions auxquelles Gleichauf est prié de répondre par retour à
son adresse de Leipzig, ville où le pianiste dit avoir trouvé une très bonne
ambiance. «... Hier gefall ich mir sehr wohl, abgesehe von den angenehmen
gesinlichen Verh-ltnissen Hirtman manches Haus und Interessante...», etc.
Après l'insuccès de son
Romilda à La Scala de Milan, Hiller, sur invitation de Mendelssohn-Bartholdi,
s'était rendu à Leipzig durant l'hiver 1839 pour y terminer son oratorio Die
Zerstörung Jerusalem (créé le 2 avril 1840). Notre lettre semble se rapporter à
cette œuvre, laquelle, très bien accueillie, sera ensuite jouée à Francfort,
Berlin, Vienne, etc.
112. HITCHCOCK Alfred
(1899-1980) Cinéaste américain d'originebritannique, le maître du suspense -
Dédicace A.S. dans un ouvrage très illustré in-4 ; Hollywood, vers 1978. (750.-) 500.-
Dédicace «A M. Serge - Alfred
Hitchcock» sur la page de titre de l'ouvrage «The Films of Alfred Hitchcock»
rédigé par Harris et Lasky (U.S.A. 1976). Volume renfermant une documentation
très complète sur la vie et l'œuvre du cinéaste. Broché, 248 pp.
113. HODLER Ferdinand (1853-1918) Peintre, dessinateur et sculpteur
suisse - C.A.S., 12° obl ; (Steffisburg, 30.V.1903). Adresse autographe au
verso. Peu commun. (500.-) 350.-
Il communique à son ami, le
peintre paysagiste vaudois Ernest BIELER (1863-1948) «... l'adresse du critique
en question... Monsieur Kienzle...» de Bâle. Il pourrait s'agir du futur
dessinateur d'intérieur et sculpteur Otto Walter K. (1877-1944).
C'est au village de
Steffisburg dans le canton de Berne, où il reviendra de temps en temps,
qu'Hodler vécu ses années de jeunesse (avant de se rendre à Thun, en 1868) pour
y suivre les cours du peintre paysagiste Ferdinand SOMMER, son premier Maître.
114. HOWELLS William Dean
(1837-1920) Ecrivain américaindéfenseur d'un réalisme prudent et policé, il
exerça une profonde influence sur la vie littéraire de son pays. Auteur de
romans, pièces pour le théâtre, récits, essais critiques - L.A.S., 3 pp. 8° ;
Cambridge, 28.XI.1876. Papier fin, deuxième feuillet collé sur feuille d'album.
En-tête : The Atlantic Monthly, etc. (400.-) 250.-
Au sculpteur et écrivain
américain William W. STORY (1819-1895) qui vécut longtemps à Rome et mourut à
Vallombrosa comme son ami l'ambassadeur américain George P. MARSH. Le directeur
de l'influente revue Atlantic Monthly est ravi de pouvoir publier bientôt le
poème de son correspondant : «... It seems to me one of your best, and I like
it very much indeed ; it is of a good kind which is seldom mash, now-a-days,
and it both touched and consoled me. I suspected the Italian of bring your
invention ; at any rate it is most lovely...». Il lui sera par contre
impossible de faire paraître immédiatement «... the prose paper...», beaucoup
d'autres auteurs étant dans l'attente d'une publication de leurs écrits, etc.
Très belle !
115. HUGO Victor
(1802-1885) Ecrivain français - L.A.S. «Victor H.», 2/3 p. in-8, datée «23
avril» (Paris, 1845 ?). (600.-) 400.-
Soutien sans réserve destiné
à un confrère : «... Je lis, j'approuve, et je vous serre la main. Comptez sur
mon appui... ex imo corde...».
Cette lettre pourrait avoir
été adressée à Alfred de VIGNY peu avant son élection à l'Académie française
qui, rappelons-le, fut l'œuvre de Victor Hugo. Elle se termine en effet
exactement par les mêmes mots («... Ex imo corde - Victor H.») que le billet du
8 mai 1845 où Hugo annonçait à Vigny le résultat du vote.
116. HUGO, Lettre à Victor
- L.A.S. «Juliette», 4 pp. 8° de l'actrice Juliette DROUET (1806-1883) ; «31
mai - mercredi matin - 7 h 1/2» (1837). En tête, petite couronne impériale
imprimée à sec. (1200.-) 800.-
Longue lettre d'amour à
Victor Hugo !
«Bonjour, mon Toto bien aimé,
bonjour mon pauvre affairé bonjour. Je ne te demande pas ce qui t'a empêché de
revenir cette nuit, à quoi bon...» ; ce qu'elle veut savoir maintenant c'est
quand elle pourra le revoir, consciente que cela lui vaudra encore de longues
heures d'attente «... pour arriver jusqu'à ce pauvre petit moment de bonheur
que tu me donneras Dieu sait quand. En attendant je fais de mon mieux pour être une juju
raisonnable, mais en vérité... je ferais tout aussi bien de me laisser aller à
mon naturel peu aimable mais impatient...». Elle lui réclame les dix sous qu'il
lui doit : «... Heureusement que c'est... le 31. Ouf ! Il était temps... la
Banqueroute était imminente... Baisez-moi en acompte et dépêchez-vous de
venir... Juliette».
Les Voix intérieures, poème
lyrique où le Poète laissa volontairement de côté l'amour qui l'inspire
pourtant si heureusement, allait paraître le 26 juin suivant. Dans sa lettre du
22 mai 1837 à Juliette, Hugo lui écrivait entre autres : «... Plus je te
possède... plus je t'aime... Tu es inépuisable comme la nature... Vous voyez
bien que je vous aime, Juju... Je vous aime, je baise votre belle bouche... et
jusqu'à la fameuse lettre de l'alphabet...» !
117. HUMPERDINK Engelbert
(1854-1921) Compositeur allemand, collaborateur de Wagner lors des premières
représentations de Parsifal à Bayreuth en 1882 - MUSIQUE A.S. sur feuille in-12
; (Grünenwald, 26.II.1902). Enveloppe. (650.-) 400.-
Très belle ligne de musique,
une trentaine de notes sur double portée correspondant au début du premier
thème du Prélude de l'Acte 1 de son plus célèbre opéra H-nsel und Gretel, créé
à Weimar en 1893 sous la direction de Richard Strauss.
118. HUSSEIN Saddam (n.
1937) Dictateur irakien,Président de 1979 à 2003, renversé par l'armée
américaine lors de la deuxième Guerre du Golfe - Lettre signée en caractères
arabes, à l'encre rouge, 3 ½ pp. in-folio ; Bagdad, mai 1980. En-tête à sec aux
armes de l'Irak. (7500.-) 5000.-
Important et rarissime
document officiel signé par le dictateur en tant que chef militaire et
«Assembly Leader».
Décret émis «Au nom de Dieu
qui est grand et miséricordieux» par lequel Saddam Hussein reconnaît la
validité de la nomination des 80 militaires, dont il est précisé les noms,
rangs, études, etc., élus pour faire partie des «Maijles», les deux Chambres du
Parlement irakien.
Ce document, témoignant du
contrôle qu'exerçait le dictateur sur l'action du pouvoir législatif, se place
à l'époque où Saddam Hussein préparait sa sanglante guerre contre l'Iran de
Khomeiny, déclenchée en septembre 1980 avec le soutien des U.S.A., pour empêcher
le chef iranien d'exporter sa révolution islamique vers l'Irak. Récupéré par un
officier américain dans d'une opération de «nettoyage» d'un immeuble
gouvernemental lors de la récente guerre, opération qui vit l'arrestation de
trois feddayins pro-Saddam Hussein et la récupération de papiers, ce document
fut offert par les autorités occupantes à cet officier avec une garantie de
pleine propriété.
Pièce historique, avec
traduction partielle jointe. [Voir illustration en couleurs en dernière
couverture]
119. INDY, Vincent d'
(1851-1931) Compositeur français - L.A.S., 2 pp. in-8 ; (Paris, vers 1872/75).
En-tête à son élégant chiffre gravé «V. I.». (250.-) 150.-
Belle missive de jeunesse à
une dame chez laquelle d'Indy se serait volontiers rendu s'il n'avait «... une
répétition demain soir... à laquelle il m'est impossible de manquer, car je
fais travailler les chœurs de Pasdeloup et nous répétons activement Elie de
Mendelssohn où il y a des choses superbes...». Cet Oratorio étant programmé
pour le mois de décembre, les répétitions retiennent le jeune musicien «... 3
soirées par semaines. Tout cela, joint à mes travaux habituels, m'excuse un
peu...». D'Indy sera toutefois ravi d'aller faire un peu de musique avec sa
correspondante si celle-ci le désire, etc.
120. INDY, Vincent d' - 2
L.A.S., 5 pp. in-8 ; Valence, 21.X.1882 et Paris, 17.IV.1889. Joint une autre
du même d'1 p. in-8, datée du 24 janvier 1887. (350.-) 200.-
Sachant de longue date à quel
point sa correspondante, la comtesse Pineton de CHAMBRUN, s'intéresse à l'art
musical et combien elle aime«.. l'archéologie musicale et les franches et
naïves mélodies du passé...», d'Indy lui présente Théodore MICHAELIS,
musicologue et historien ayant entrepris «... la reconstruction fidèle et tout
à fait artistique des œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles ; ces œuvres, fort peu
connues de nos jours, n'existaient pour la plupart qu'à l'état d'arrangements
et d'adaptations faites sans respect du texte original. Faire revivre ces
monuments dans leur pureté et leur naïveté première, voilà le but...». C'est
ainsi qu'on a pu mettre en lumière des œuvres admirables de Campra, de Rameau,
de Destouches, jusqu'alors presque totalement ignorées ; il s'est lui-même vu
confier la reconstitution des «... Eléments de Destouches, partition qui
renferme des passages d'une poésie et d'une vérité d'expression sublimes...»,
etc.
Quelques années plus tard,
d'Indy prie sa correspondante de s'intéresser à ses «... œuvres musicales...
deux chœurs pour voix de femmes avec solo, qui viennent de paraître...», etc.
Dans la lettre jointe, le
compositeur rappelle à une demoiselle une répétition de la Société Nationale à
laquelle sont conviées «... quelques personnes bonnes musiciennes...».
121. INDY, Vincent d' -
L.A.S., 3 pp. in-8 ; Vittel, 16.VI.1896. Enveloppe. (250.-) 150.-
Intéressante lettre au
président du Jury du Concours musical de la Ville de Paris, témoignant du
sérieux avec lequel Vincent d'Indy exerçait son travail de juge. Contraint de
quitter la capitale avant la fin des opérations du Jury, il s'engage à y
revenir pour la séance du vote définitif : «... Seulement, comme je tiens à ne
pas juger à la légère, je vous demanderai... aussitôt que la partition de M.
Silver (La Belle au Bois Dormant) aura été lue devant le Jury, de m'envoyer la
partition piano et chant... à Vittel... Je connais assez Sextus pour n'avoir
pas besoin de le relire. J'ai demandé à LAMBERT (Lucien L., 1858-1945) de
m'envoyer le double de son Spahi... Seule la Belle au bois dormant m'est presque
étrangère et il est nécessaire que je la connaisse à l'égal des 2 autres pour
pouvoir voter avec probité...», etc. Pour ce qui est de Charles SILVER
(1868-1949, élève de Massenet), le compositeur n'a besoin que de la partition
de piano : «... Je n'ai pas besoin de l'orchestre, car je sais qu'il
instrumente fort bien...», etc.
122. INDY, Vincent d' -
L.A.S., 3 pp. in-8 ; Verneuil, 26.XII.1904. Papier de deuil. (250.-) 150.-
A l'éducateur, historien et
sociologue, Edmond DEMOLINS (1852-1907), fondateur en 1899 de la célèbre Ecole
des Roches à Verneuil-sur-Avre.
Débordé de travail, le
compositeur remet leur rencontre après le 2 janvier : «...j'aurai quelques
jours de tranquillité et pourrai ainsi, comme nous l'avions projeté, reprendre
avec vous l'intéressante dissertation esthético-sociale commencée aux
Roches...». En cette semaine de vacances «... j'aurai exceptionnellement, tous
mes enfants et petits-enfants réunis à Paris et, c'est si rare, que je ne
pourrais déserter... la table de famille...». Quant à proposer un jour précis,
d'Indy préfèrerait le samedi 6, le vendredi 7 étant un jour d' «... examen
d'entrée à la Schola (cantorum)...».
Créée par lui en 1894, le
musicien professe désormais généreusement dans sa Schola cantorum sans que cela
soit une entrave à ses activités de compositeur. Travailleur infatigable,
Vincent d'Indy se dépensait sans compter, guidant de nombreux disciples,
multipliant dans tous les genres des œuvres de haute valeur musicale et
écrivant dès 1903 des ouvrages didactiques.
123. ISMAÏL Pacha
(1830-1895) Souverain d'Egypte de 1863 à 1879. Sous son règne fut inauguré le
Canal de Suez - L.S. «Ismaïl», 3 pp. 8° ; Fehring (Autriche), 9.IX.1887.
En-tête : Schloss Bertoldstein. (600.-) 400.-
L'ex-khédive d'Egypte en
exil, renvoie tardivement à l'un de ses collaborateurs responsable de ses
finances, certaines lettres de change renouvelées : «... C'est que nous étions
en voyage et vos lettres... voyageaient aussi derrière nous... Le onze je
quitte Bertoldstein pour rentrer en Italie. Je m'arrêterai à Venise deux jours
et une nuit pour voir l'exposition...», la première Esposizione Artistica
Nazionale, à l'origine dès 1895 de la célèbre Biennale vénitienne !
Ismaïl Pacha pense s'attarder
un peu dans la capitale lombarde, «... et probablement avant de rentrer à
Naples je passerai quelques temps entre Milan et les Lacs...», les grandes
chaleurs ne gênant pas trop sa santé, etc.
Trois mois plus tard, le
Sultan Abdul-Hamid II de Turquie ayant accordé sa permission, l'ex-vice roi
d'Egypte s'embarquait pour Constantinople où il finit ses jours dans un exil
doré.
124. ITURBI José
(1895-1980) Pianiste et chef d'orchestre espagnol - MUSIQUE A.S., 1 p. in-8
obl. sur papier bleuté ; (Liverpool), 12.III.1929. (450.-) 300.-
Jolie ligne de musique
autographe, signée et datée «12.3.1929», extraite de Triana, pièce du deuxième
cahier d'Iberia, composée par Albéniz entre 1906 et 1909.
Au dos, signature et date
autographe du chef d'orchestre et violoncelliste finlandais Georg Lennart
SCHNEEVOIGT (1872-1947), datée de Liverpool le 25 février 1925.
125. JEAN VI de Portugal
(1767-1826) Régent dès 1792, roi en 1816 à la mort de sa mère Maria Ière avec
laquelle il avait dû se réfugier au Brésil en 1808 où il gouverna comme
empereur jusqu'en 1815 - L.S. «O Principe», 1 1/2 pp. folio ; Rio de Janeiro,
5.X.1810. Adresse et sceau sur la IVe page. (800.-) 500.-
Réponse officielle du Régent
du Portugal à la lettre du roi Ferdinand Ier de Bourbon-Naples lui annonçant la
naissance du futur roi Ferdinand II des Deux-Siciles.
Lettre contresignée («Conde
de Linhares») par dom Rodrigo de SOUSA COUTINHO (1745-1812), ministre des
Affaires étrangères et de la Guerre dans le gouvernement en exil au Brésil.
Homme de grande culture,
passionné de sciences naturelles, le comte de Linhares mourut à Rio de Janeiro.
[Voir aussi n° 157]
126. JEAN-PAUL II, Karol
Wojtyla (n. 1920) Pape dès 1978, premier souverain pontif non italien
depuis 1523 - PHOTO signée «Jan Pavel II», 12° ; (Vatican, 28.X.2000). Lettre
jointe. (2500.-) 1500.-
Superbe portrait en pied du
Saint-Père (photo imprimée en couleurs) esquissant un geste de bénédiction.
Belle signature à l'encre noire tracée au bas de sa robe claire, offerte à un
compatriote, ainsi qu'en témoigne le message joint signé par l'archevêque
Stanislaw DZIWISZ (n. 1939), secrétaire du pape, qui envoya l'autographe en
date du 28 octobre 2000.
127. JOLIOT-CURIE Frédéric
(1900-1958) Physicien fr., il participa à la découverte de la radioactivité
artificielle et à la production de nouveaux isotopes. Avec sa femme Irène
Curie, il reçut en 1935 le prix Nobel de chimie - L.S., 1 p. in-4 ; Paris,
4.III.1947. En-tête : Union Nationale des Intellectuels. (600.-) 400.-
Lettre polycopiée, signée de
sa main par Frédéric Joliot-Curie en tant que «Prix Nobel - Secrétaire Général
de l'U.N.I.», invitant le destinataire à une «... réunion du Comité Directeur
de la Maison... [des] personnalités dirigeantes des Sociétés intellectuelles ou
culturelles... poursuivant des buts s'inscrivant dans l'action générale que
mène l'Union... pour la défense de la culture française et sa diffusion...».
128. JOMARD Edmé Fr.
(1777-1862) Ingénieur-géographe français, il suivit Bonaparte en Egypte -
L.A.S., 1 p. in-12 ; «10 Juillet» (Paris, 1830). Adresse et marques postales
sur la IVe page. (250.-) 150.-
Le savant envoie à
l'historien J. A. Buchon «... quelques lignes qui le concernent, dans une
lettre de M. John Barrow, de Londres...», relatives à l'envoi de «...
lithograph copies of some old Spanish Charts, whose date or history I know
nothing of...».
Le voyageur et géographe
anglais Sir John BARROW (1764-1848) fut longtemps le promoteur de voyages
d'exploration dans les régions arctiques.
129. JOMINI Antoine-Henri
(1779-1869) Général suisse au service de Napoléon Ier puis de l'empereur de Russie - L.A.S., 2 pp.
pleines in-8 ; (St Pétersbourg, vers 1825). (600.-) 400.-
A propos de l'obtention de
ses passeports ayant causé quelques désagréments à son correspondant, un
diplomate en poste à St-Pétersbourg : «... pardon d'être parti ce matin sans
vous dire adieu... j'étais convaincu que j'allais vous rapporter mes passeports
avec deux mots de Mr l'Ambassadeur pour les viser en l'absence du Secrétaire
préposé à cette besogne... il est résulté que je ne suis pas revenu... Si vous
ne m'eussiés dit que vous diniés dehors, je n'aurais pas insisté sur le visa
immédiat... j'avais à cœur d'avoir l'autorisation... de faire exception à la
formalité des Numéros, pour ne pas partir sans être muni...» de ces pièces essentielles
pour lesquelles M. Cazener s'était donné tant de peine, etc.
130. KARSAVINA Tamara (1885-1978) Danseuse russe. Engagée par les
Ballets de Diaghilev, elle fut considérée comme la plus sensible et la plus
prestigieuse des ballerines classiques du début du XXe siècle
- Photo in-8 grand, avec
dédicace A.S. ; Londres, 1927. (750.-) 500.-
Merveilleux portrait mi-buste
de face, en costume avec belle dédicace A.S. de trois lignes au bas de
l'image.(photo Vaughan & Freeman)
131. LACÉPÈDE Bernard G. E. de
(1756-1825) Naturaliste français, il contribua à l'Histoire naturelle de Buffon
- L.A.S., 3 pp. in-4 ; de la campagne, le 5.I.1793. Adresse autographe sur la
IVe page et charmant petit cachet de cire, brisé mais complet (femme nue debout
portant une coupe à ses lèvres, un aigle à ses pieds). (1200.-) 800.-
Très belle lettre adressée à
l'écrivain français Bernardin de SAINT-PIERRE (1737-1814) qui avait été nommé
intendant au Jardin des plantes de Paris l'année précédente. Moins chanceux, Lacépède
s'était prudemment retiré à la campagne après la dissolution de l'Assemblée en
1792.
Pour répondre au billet de
son correspondant, le naturaliste a dû recourir à l'aide d'un ami peintre,
Pierre Henri de VALENCIENNES (1750-1819) «... qui connoît très en détail la
disposition des objets renfermés dans mon appartement [parisien]. Il aura
l'honneur de vous remettre les dessins des Plantes que vous désirez... Je vous
charge aussi de prévenir de ce changement les citoyens DAUBENTON (Louis-Jean D., 1716-1800, médecin et
zoologiste) et Van SPAENDONCK (Cornelis
van S., 1756-1840, peintre de portraits, de fleurs et de fruits) qui auraient
raison d'être étonnés...».
Lacépède fait suivre sa
signature d'un «... état des livres de voyage...» qu'il a pu se procurer,
longue liste d'ouvrages s'étendant sur une page et demie et dont la seule
lecture des titres ferait sans doute aujourd'hui rêver les bibliophiles et
conservateurs de bibliothèques publiques : «... Quelques uns... sont à Paris,
d'autres sont ici. Tous ceux que vous désirez vous seront remis... J'accepte à
ce sujet... votre offre obligeante. Je partage votre goût pour la lecture des
livres de voyage, et je la crois très utile surtout aux naturalistes...», etc.
Importante pièce provenant de
la collection du grand bibliophile anglais Sir Thomas PHILLIPPS (1792-1872).
132. LAFAYETTE, Marie-Jos. du
Motier, Marquis de (1757-1834) Général et homme politique français, héros
de la guerre d'Indépendance américaine - L.S. «Lafayette», 1 p. in-4 ; Paris,
22.III.1833. Adresse et marques postales («B.eau des Postes - Ch.bre des
Députés», etc.). (750.-) 500.-
A un ancien vainqueur de la
Bastille qui avait adressé à Lafayette une requête réclamant la pension à
laquelle il estimait avoir droit. «... Les deux commissions dont je faisais
partie - écrit le Marquis - sont depuis longtemps dissoutes... ; mais d'après
la loi amendée par la Chambre des Pairs la porte des réclamations est rouverte
pour les vainqueurs de la Bastille...». Après un examen du dossier par le Conseil
d'Etat, la requête sera vraisemblablement accepté, d'autant que «... l'âge
avancé des pensionnaires laisse des vacances dont on pourrait profiter pour
admettre ceux qui, malgré leurs droits...» étaient arrivés trop tard.
133. LA HARPE, Frédéric César
de (1754-1838) Homme d'Etat helvétique, ancien lecteur de Jean-Jacques
Rousseau. Acquis aux idées libérales, il fut précepteur du futur tsar Alexandre
Ier, amitié lui ayant permis d'obtenir en 1814 la neutralité de la Suisse et
l'indépendance de plusieurs cantons - L.A.S., 1 p. in-4 ; Cour (Vidy, près de
Lausanne), 14.IV.1817. (600.-) 400.-
L'ancien directeur de la
République helvétique (1798-1800) est à la recherche d'une demeure. Celle si
courtoisement signalée par son correspondant ne lui convient pas : «... ce que
j'ai cherché étoit, ou une Maison de ville ayant le Soleil et de la vue, ou une
Maison très voisine de la ville avec un Jardin ; or rien de tout cela ne se
rencontre dans ce moment...».
En 1816, La Harpe était entré
au Grand Conseil vaudois ; il y devint rapidement le chef du parti libéral
qu'il dirigea vers la révision constitutionnelle de 1830.
134. LALO Edouard
(1823-1892) Compositeur français, il fut l'un des pionniers du renouveau de la
musique de chambre et de la musique symphonique en France dans la seconde
moitié du XIXe siècle - L.A.S., 2 1/3 pp. in-12 ; (Paris), 12.I.1889. (250.-) 150.-
Amusante lettre à une «Chère
bonne amie», femme d'un général. «... Serons-nous tardivement atteints de la
maladie du Tour du Mont-Blanc ? Allons-nous zigzaguer comme à la sortie de la
Tête-Noire ? Mais non, je n'ai pas la berlue... : j'ai là deux lettres, la
première nous invite pour mardi avec le Général, non pas le vrai de St Gervais,
mais le faux de Marseille ; dans la seconde... vous nous parlez des Reszke avec
une date indéterminée par suite des représentations de l'Opéra...». Il ignore
où il se trouvera dans une semaine : «... nous pouvons être appelés d'un jour à
l'autre en Belgique...», etc.
Quelques mois plus tôt, le 7
mai 1888, son Roi d'Ys avait été représenté à l'Opéra-Comique ; le succès fut
tel qu'on en donna une centaine de représentations dans l'année qui suivit.
135. LAMARTINE, Alphonse de
(1790-1869) Poète français - L.A.S., 4 pp. in-8 ; St-Point, 12.IX.1852. Enveloppe
autographe avec marques postales et joli cachet de cire rouge à son chiffre. (600.-) 400.-
Quatre pages à Monsieur
Valette, secrétaire particulier du prince Jérôme Bonaparte, ex-roi de
Westphalie et Président du Sénat, témoignant de l'ambiance morose régnant alors
dans la bucolique résidence de Saint-Point que Lamartine tente d'arracher à ses
créditeurs par un travail acharné.
«... C'est toujours un bon
augure que votre petite écriture nette et lisible comme un Elzévir... Cela veut
dire lumière, sincérité, ordre dans les sentiments, tel quod decet à un
Philosophe... cela console de l'espèce humaine...». Une petite rechute ayant
interrompu sa convalescence, Madame Lamartine est alitée ; «... Quant à moi je
n'ai pas le temps de savoir si je me porte bien ou mal, car le temps m'emporte
avec la rapidité d'un tourbillon. Le travail et les affaires bien pires que le
travail me consument. Je jette en courant ma cendre au vent. Mais je n'y jette
pas mon cœur...».
Plus loin il évoque les
désastres de saison et les maladies des vignes qui accroissent «... nos
tribulations rurales. Nous sommes seuls, comme il convient à des disgraciés de
la Providence au fond d'une vallée paternelle d'où nous faisons de vains
efforts pour n'être pas chassés comme Virgile...». Chaque jour «... nous
écrivons cinq heures... nous arpentons le soir les sentiers de nos montagnes...
Notre demeure est le monastère de la monotonie occupée, point ennuyée...», etc.
136. LEBLANC Maurice
(1864-1941) Romancier français, «père» d'Arsène Lupin - L.A.S., 1 p. in-12 obl.
sur cp ; Nice, 5.I.1923. Autographe peu commun. (300.-) 200.-
Au dos d'une carte postale
représentant le «Clos Lupin», sa luxueuse résidence d'Etretat, l'écrivain
rassure Madame Widmer : «... je n'ai oublié ni la Colline ni Valmont, et j'aime
toujours que vos jolis vers m'en rappellent le souvenir émouvant...», etc.
Poète suisse, Mary
Widmer-Curtat (1860-1948 ?) était l'épouse du célèbre docteur Auguste WIDMER
(1853-1939), fondateur des cliniques La Colline et Valmont, près de Lausanne,
spécialisées dans le traitement des troubles nerveux. R. M. RILKE, la reine
Elisabeth des Belges, Romain Rolland, Santos-Dumont, la comtesse de Noailles,
ainsi que de nombreuses autres personnalités de la haute société européenne y
firent des séjours plus ou moins longs.
137. [Saint-Saëns] LECOCQ
Charles (1832-1918) Compositeur français, auteur d'opérettes et
d'opéras-comiques unissant la grâce à la gaieté : La Fille de Madame Angot,
etc. - MUSIQUE A.S., 3 pp. in-folio ; Royat, 23.VII.1908. (1800.-) 1200.-
Magnifique «Allegro non
troppo», deux pleines pages face à face signées et datées à la fin. Charles
Lecocq les fit vraisemblablement parvenir à Camille SAINT-SAËNS, une ancienne
annotation au bas de la IVe page mentionnant la provenance du document :
«archives St Saëns».
Sur la première page, message
au crayon de Charles Lecocq : «Voici un petit morceau que j'ai écrit à Royat
pendant la pluie. La basse vous plaira, j'en suis sûr - C. L.» ; en IVe page,
19 mesures autographes d'une composition non identifiée, tracées sur une double
portée puis rayées par le musicien de traits croisés.
138. LESUEUR Jean-François
(1760-1837) Compositeur fr., prof. au Conservatoire de Paris, il eut parmi ses
élèves Ambroise Thomas, Berlioz et Gounod - L.A.S., 2/3 p. in-4 carré ;
(Paris), 8.VII.1809. (500.-) 350.-
«Le Sueur, M.bre de la légion
d'honneur, compositeur et directeur de la musique de Sa Majesté l'empereur et
Roi» assure à Monsieur Chaptal qu'il ne connaît «... Monsieur Vieilh-Varenne que
sous des rapports qui lui sont extrêmement avantageux ; et tout ce que j'ai
entendu dire de cet artiste estimable lui est on ne peut pas plus favorable,
tant sur ses talents que sur la bonne conduite qu'il a toujours eue...».
Lesueur le croit donc «... digne de remplir avec distinction la place qu'il
sollicite... Cet artiste intéressant a, d'ailleurs, l'honneur d'être protégé
par des personnes marquantes dans le gouvernement...», etc.
Dessinateur, peintre de
paysages et graveur parisien, VIEILH-VARENNE (XVIIIe) était un élève du peintre
VIEN ; certaines de ses œuvres furent exposées au Salon de 1793 à 1808.
Document intéressant - l'un
des rares faisant allusion à cet artiste peintre dont on sait peu - ayant fait
partie de la célèbre collection du marchand et amateur allemand Wilhelm KÜNZEL
(1819-1896). La pièce devint plus tard (1880) la propriété d'un amateur
britannique qui la monta sur papier fort et en fit une traduction anglaise (ici
jointe).
139. L'HERBIER Marcel
(1890-1980) Réalisateur français - L.A.S., 1 p. in-4 ; (Paris, 1927). En-tête
imprimé occupant la moitié de la page. (750.-) 500.-
Belle missive à un
collaborateur (un producteur ?) auquel il fournit un «... petit exposé... en
Français... Je me permets de joindre au résumé de "l'Argent", un
résumé du "Portrait de Dorian Gray". Qui sait ? C'est une histoire
tellement cinématographique... et j'aimerais savoir ce qui vous en pensez
vous-même...».
Impressionnant en-tête
publicitaire de la Société de Marcel L'Herbier («CINÉGRAPHIC - Entreprise de
production des Films L'Herbier») citant les principaux films tournés par cette
entreprise entre 1918 et 1927, leurs interprètes, ainsi que les titres des
spectacles «à paraître prochainement» !
140. LISZT Franz
(1811-1886) Compositeur et pianiste hongrois - P.A.S. (initiales), 12° obl. ;
(Weimar, vers 1880 ?). (450.-) 300.-
Adresse autographe signée,
«Fr-ulein Sch-rnak - F. Lz.» tracée sur une enveloppe qui fut sans doute remise
directement à sa destinataire car dépourvue de timbres ou marques postales.
Nous n'avons trouvé aucun
renseignement sur cette demoiselle dont le nom reste lié à celui de Liszt grâce
à cette seule enveloppe vidée de son contenu.
141. LONDON Jack
(1876-1916) Ecrivain nord-américain, auteur de romans d'aventures - P.A.S., 12°
obl. ; San Francisco, 7.X.1911. Petites perforations bancaires, loin de la
signature. (1000.-) 750.-
Durant l'été 1911, accompagné
de sa femme et de son valet japonais, Jack London avait parcouru l'Oregon à
bord d'un carrosse tiré par quatre chevaux pendant que son éditeur mettait en
vente The Cruise of the Snark, Adventure et le recueil de nouvelles South Sea
Tales.
Ce chèque de 161,60 dollars
tiré sur la Merchants National Bank en faveur d'Arthur G. FISK, «Postmaster San
Francisco», semble avoir servi à payer des «orders on Japan», selon une
ancienne annotation tracée au crayon au dos du document.
L'écrivain connaissait bien
le Japon pour y avoir fait une campagne de chasse au phoque en 1892 et pour y
être retourné en tant que reporter en 1904/1905 durant la guerre
russo-japonaise. Le premier de ces voyages, qu'il fit à l'âge de 16 ans, lui
fournira la toile de fond de son plus grand roman Le loup des mers (The Sea
Wolf), paru en 1904.
142. LOUIS II de Bavière
(1845-1886) Roi dès 1864, ami et protecteur de Wagner - P.S., 1 p. in-4 ;
Munich, 23.VII.1870. En-tête gravé à ses nom et titres. Sceau sous papier aux
armes royales. (1200.-) 800.-
Le jour-même où Napoléon III
confiait la régence à l'impératrice Eugénie -la guerre avec la Prusse étant
déclarée depuis le 19 juillet - le roi de Bavière, allié de Berlin, signe ces
lettres-patentes en faveur d'un colonel de son armée.
Pièce contresignée par le
ministre de la Guerre, le baron Siegmund PRANCKH (1821-1888).
143. LOUIS XVI de France
(1754-1793) Roi de 1774 à 1792, guillotiné - P.S. (secrétaire), 1 p. in-folio ;
Paris, 24.V.1791. Texte en partie imprimé. (300.-) 200.-
Laissez-passer en faveur du
Sieur «... Lloyd, demeurant Rue des filles St Thomas, allant en Italie...»,
délivré par le roi des Français et signé «Louis» par un secrétaire de la main.
«... valable pour six semaines seulement...», ce document est contresigné par
le ministre des Affaires étrangères, Armand-Marc de MONTMORIN (1745-1792) ; arrêté par les Révolutionnaires
le 21 août 1792 et emprisonné à l'Abbaye, Montmorin y sera massacré le 2
septembre suivant.
144. LOUIS XVI de France,
Mort de - L.S. du comte Ferenc ESTERHAZY
de Galantha (1746-1811), 2 pp. in-4 ; Caserta, 16.II.1793. En italien. (900.-) 600.-
Texte historique !
Lettre du comte François
ESTERHAZY (cousin du prince E., protecteur de Haydn), alors ambassadeur
impérial à la Cour de Naples, écrite peu après l'annonce de la mort du roi
Louis XVI, exécuté à Paris le 21 janvier précédent.
«... L'impression ressentie
dans cette Cour et parmi la population napolitaine à l'annonce de la tragique
mort du Roi très chrétien, a été celle de la plus profonde horreur et
compassion, laquelle, j'espère, n'aura pas été niée à ce malheureux Monarque
sinon par ceux qui ont perdu tout sentiment d'humanité à l'instar de ses
infâmes assassins...» (traduction).
Un deuil de quatre mois a été
proclamé à Naples, le baron de MACKAU (A. L. de M., 1769-1827, ancien diplomate
français) se cache de peur de subir les conséquences «... che questo
avvenimento ha prodotto presso il basso popolo a svantaggio degli francesi, che
già prima si vedevano quì di mal occhio...». François Esterhazy a d'ores et
déjà annulé une fête qui avait été programmée ; il attend maintenant avec impatience
les déclarations officielles des Cours d'Angleterre et d'Espagne. Il est aussi
question d'une secousse tellurique, heureusement sans conséquenses, ressentie
durant la nuit.
145. LOUIS-PHILIPPE Ier de
France (1773-1850) Roi des Français de 1830 à 1848 - P.S., 1 p. in-folio
obl. sur vélin ; Les Tuileries, 1.II.1836. Froissure au centre de la marge
gauche et quatre petits trous touchant quelques mots. Grand sceau royal conservé dans sa boîte
métallique d'origine (très léger accident à un bord). (500.-) 350.-
Curieuses «Dispenses
d'Alliance» délivrées au Sieur Jacques Antoine Delabre, né le 8 juillet 1770 et
veuf de Marie Véron. Malgré l'article 161 du Code Civil interdisant une telle
union, celui-ci est autorisé à épouser sa belle-sœur Rose Véron.
Pièce contresignée par le
Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Cultes, Jean-Charles PERSIL
(1785-1870). Magnifique grand sceau pendant aux armes royales à l'éfigie de
Louis-Philippe Ier, retenu par huit rubans de soie rouge et verte.
146. LOUŸS Pierre
(1870-1925) Ecrivain fr., parnassien dans ses poèmes et dans ses romans
s'inspirant de la littérature grecque érotique - POÈME autographe, deux
quatrains sur p. in-4 ; ca. 1890/95 ? (900.-) 600.-
Charmant texte (un mot rayé),
peut-être inédit, sur l'éducation amoureuse des jeunes filles à la fin du XIXe
siècle.
«C'est l'éducation moderne /
On fait tout devant sa maman. / Traitez-moi de vieille baderne / ... / Quand on
disait : Le veux-tu riche, / Ton fiancé, ou tendre ami ? / Je ne répondais pas
: M'en fiche, / Pourvu qu'il fasse bien mimi». [Voir aussi n° 109, Hérédia]
147. MAETERLINCK Maurice
(1862-1949) Ecrivain belge, auteur entre autres du texte de Pelléas et
Mélisande. Prix Nobel de littérature en 1911 - L.A.S., 2 pp. in-8 ; (Grand,
1890 ?). (750.-) 500.-
Magnifique lettre de jeunesse
probablement écrite de Gand et dont le destinataire pourrait être le critique
Octave MIRBEAU, auteur d'un article «fracassant» (Le Figaro, 24.VIII.1890)
favorable à Maeterlinck. Il y est question du peintre Georges MINNE et de Paul
VERLAINE.
«Mon cher Confrère, Je vous
envoie enfin le croquis. Georges Minne... me le rend en me disant qu'il n'est
pas nécessaire de le fixer... mes parents veulent absolument m'interdire de le
laisser publier... tel quel ; ils trouvent que j'y ai un air trop pas comme il
faut. Comme on est toujours le dernier à savoir l'air qu'on a en réalité, je
m'abstiens... mais tâchez donc dans l'hypothétique portrait synthétique de leur
donner vaguement... cette petite satisfaction de l'air un peu plus distingué
qu'ils exigent !...». En post-scriptum, il annonce l'envoi à Verlaine des «...
3 bouquins...» (sans doute Serres chaudes, 1889, La princesse Maleine, 1889,
Les Aveugles, 1890). Provenance : ancienne collection suédoise des années 1900.
148. MAGIE, 1831 - L.A.S.,
1 p. in-4, d'Etienne-Gaspard ROBERTSON (1763-1837) ; Paris, 30.VII.1831.
Adresse autographe sur la IVe page. (2500.-) 1500.-
Aéronaute et physicien belge,
Etienne-Gaspard Robert, dit ROBERTSON, est surtout célèbre pour son record
d'ascension en ballon à Hambourg en 1803 (plus de 8000 mètres !) et pour son
invention du parachute. Le monde de la MAGIE lui doit aussi de nombreuses
découvertes. Avec son Phantascope, vrai précurseur du cinéma, il terrorisa les
foules parisiennes auxquelles il projetait des «images en mouvement»
représentant des fantômes, ancêtres du film d'horreur !
Dans cette très rare lettre
entièrement autographe et signée de sa main, «Le physicien E. G. Robertson
père» adresse un article «... plus exacte (sic !)...» à un journaliste qui a eu
la bienveillance de lui faire «... espérer quelques lignes dans le
Constitutionnel pour mon fils...». Sur papier en-tête du «Tivoli... Pavillon
Labouxière», lieu de spectacles que Robertson avait aménagé en 1826 entre la
rue de Clichy et la rue Blanche. La dernière grande fête y fut donnée le 3 juin
1840, après la mort du magicien. [Voir aussi les nunéros 209, 210, 211 et 212,
220, 272]
149. MAGIE et PRESTIDIGITATION
au XVIIIe siècle - Document imprimé, 1 p. in-4, édité par Nicolas-Philippe
Ledru, dit COMUS (1731-1807). (400.-) 250.-
Curieuse feuille publicitaire
destinée à attirer des spectateurs à l'une des amusantes séances du physicien
magicien, qui se livrait à diverses expériences sur le son, la lumière et
l'électricité.
«Avec Permission de M. le
Maire de cette ville... Le sieur COMUS, premier Physicien de France, donnera
une représentation de ses Expériences physiques expérimentales...» dont il
décline la liste en 16 points : «... Il escamotera le Sauvage du Palais-Royal,
le changera en Oranger ; ... L'Automate paraîtra, et dira l'heure, l'âge et la
pensée d'une personne ; ... Il donnera les pièces du Nègre... fera les tours de
la Syrène et du Moulinet, exécutera de très-jolis tours de Cartes de son
invention... Il donnera le tour du Verre de Fleurs, le même qu'il fit devant Sa
Majesté Impériale [en 1779, Comus avait donné une représentation devant Joseph
II]... Il escamotera la montre d'une personne, en lui laissant la chaîne ; et
la pensée de cette dame se trouvera dans le boitier de cette montre (On
choisira le chapeau dans lequel on voudra que la montre se trouve). Il changera
l'heure à volonté sans toucher à la montre... Le Jardin de Paris paraîtra sur
la scène, il poussera des fleurs à volonté...», etc.
150. MAGLOIRE Paul Eugène
(n. 1907)Général et Président d'Haïti de 1950 à 1956-Signature et date
autographe «14 Janvier 1953» sur carte officielle in-16 obl., imprimée au nom
du «Président de la République d'Haïti»), aux attributs et devise du pays :
L'union fait la force. Joint : lettre
d'accompagnement signée par le secrétaire d'Etat Mauclair Zéphirin, enveloppe
et coupure de journal. (150.-) 100.-
151. MAISTRE, Joseph de
(1753-1821) Ecrivain et philosophe savoyard - L.A.S. «M.», 2/3 p. in-4 ;
Chambéry, 8.VII.1820. Petite fente réparée dans la marge gauche. (750.-) 500.-
«... je n'ai aucune
répugnance à voir une nouvelle édition des écrits que j'ai publiés - écrit-il, vraisemblablement à son éditeur
lyonnais Rusand - ce qui me tient à cœur c'est l'impression préliminaire de la
2e édition du Pape. J'ai achevé la préface que je ferai copier en arrivant à
Turin, et tout de suite elle vous arrivera...».
La Maison Rusand avait
imprimé en 1819 l'édition originale de l'ouvrage «Du Pape» ; ce travail n'avait
sans doute pas entièrement satisfait son auteur qui parle ici d'une
réimpression. Au printemps 1821 allait paraître chez le même éditeur «De
l'Eglise Gallicane... pour servir de suite à l'ouvrage intitulé Du Pape. Par
l'auteur des Considérations sur la France...». Publiées anonymement, ces
«Considérations» lucides et prophétiques avaient à l'époque produit une vive et
profonde impression sur la haute société européenne et valu à son auteur
quelques ennuis...
Frappé d'une paralysie lente,
Joseph de Maistre, considéré par certains comme un «Voltaire retourné»,
disparaissait le 26 février 1821, sept mois seulement après avoir écrit cette
lettre. Petit cachet de la collection d'autographes «SSP» du XIXe siècle.
152. MALENKOV Gheorghi
(1902-1988) Homme d'Etat soviétique, secrétaire personnel de Staline dès 1932,
il lui succéda à la tête du gouvernement en mars 1953 - Rare signature et date
autographes «G. Malenkov - 30.3.56 r.» sur carte in-16 obl. datant du voyage
officiel qu'il fit au Royaume-Uni où il visita des installations électriques. (500.-) 300.-
153. MANESSIER Alfred
(1911-1993) Peintre post-cubiste français - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris,
6.III.1953. Adresse autographe et marques postales au dos. (400.-) 250.-
Touché par la demande de son
correspondant, Manessier lui communique dans quelles conditions il pourrait lui
céder un dessin ou une gravure : «... Je n'ai actuellement que quelques
lithographies... Mais comment pourriez-vous vous décider sans les voir ni les
connaître ? Le prix en est de 10.000 fr. chaque. Je ne vois pas non plus
comment faire pour le règlement de l'expédition...», etc.
154. MANET Edouard (1832-1883) Peintre français - L.A.S., 1 p.
in-8 datée «Vendredi» (été 1880 ?). Autographe rare. (4000.-) 3000.-
A son ami le peintre, graveur
et illustrateur Henri GUÉRARD (1846-1897) qui avait épousé en 1879 la
pastelliste Eva GONZALÈS (1849-1883), élève et modèle de Manet.
Madame Manet va mieux, «...
mais nous avons été très inquiets. La convalescence sera sans doute longue.
Vous me semblez contents de votre séjour à Dieppe puisque vous le prolongez.
Madame Eva travaille-t-elle ?...».
Malade, progressivement
paralysé à partir de 1880, l'illustre peintre se consacra dès lors surtout au
pastel. Son élève, Eva Gonzalès, devint une artiste de renom dont les œuvres -
rares, car elle mourut jeune - se vendent de nos jours à des prix fort élevés.
155. MANSTEIN, Erich von
(1887-1973) Feld-maréchal allemand. En 1941, il envahit la France selon un plan
qu'il fit adopter par Hitler. Considéré le meilleur général allemand de la
Seconde Guerre mondiale - L.S., 3 pp. in-8 ; Koldberg, (décembre 1932). En
allemand. (200.-) 120.-
Longue missive au général
Nikolaus von VORMANN (1895-1959), de la Panzerarmee, décrivant sa vie militaire
et familiale, plutôt paisible, au fin fond de la froide Poméranie. Il demande
des nouvelles de l'armée, des promotions et cite tour à tour, pour différentes
raisons, des officiers célèbres tels que Kesselring, Fromm, Heusinger, Kammhüber
et... Jodl.
La IVe page est recouverte de
l'écriture de Madame Manstein qui parle de son jeune fils rendu malade par le
grand froid qui sévit dans leur région.
156. MARCEL Gabriel
(1889-1973) Philosophe et auteur dramatique français, représentant de
l'existentialisme chrétien - Manuscrit dactylographié et signé, avec quelques
corrections autographes, 3 1/2 pp. in-4
; (Paris, vers 1946/1948). (1000.-) 750.-
Extraordinaire texte
politico-philosophique sur l'unification de l'Europe, envoyé à Bernard WALL,
journaliste catholique et traducteur américain.
«... Je n'hésite pas à penser
que du point de vue culturel l'unification politique de l'Europe occidentale
est souhaitable. J'irai même plus loin : je pense que si cette unité ne se
réalise pas progressivement... c'en est fait non seulement de notre culture,
mais sans doute des principes qui permettent seuls de donner un sens à la vie.
Car si nous restons dans l'incohérence et le désordre, nous sommes de toute
évidence condamnés à succomber dans un assez bref délai sous la pression soit
du monde soviétique, soit de l'Amérique...». Convaincu «... qu'il existe une
base spirituelle à une communauté européenne...», Gabriel Marcel développe tout
au long de ces quatre longues et intéressantes pages au texte prémonitoire, sa pensée sur le rôle
de l'Europe qui est celui de défendre les libertés et les valeurs de chacun ;
il demeure convaincu que «... seul un mode d'organisation du type fédéral peut
être envisagé, dont la Suisse constitue... un exemple très instructif et
encourageant...», tout en étant conscient des difficultés qu'il y a à
transposer à l'échelle des grands Etats européens ce qui a pu être réalisé avec
une facilité relative au niveau des cantons helvétiques : «... Mais il semble
bien que nous n'ayions pas le choix. Il y a là une question de vie ou de mort.
Ceci était déjà perceptible à la veille de la deuxième guerre mondiale...». Il
se refuse de voir les pays d'Europe orientale comme des puissances de
contamination du mal et les perçoit plutôt comme un «... bourgeonnement des
bons tissus pour la cicatrisation d'une plaie dans un organisme sain... C'est
le tissu humain qui est à refaire. Pour cela le point de vue étroitement
national doit être dépassé, ce qui ne veut d'ailleurs pas dire à proprement
parler qu'il faille nier la nation. Il se peut au contraire que le fédéralisme
soit le seul moyen de... la libérer des tâches et des prétentions excessives
qui aujourd'hui l'alourdissent et la sclérosent...».
157. MARIE I de Portugal
(1734-1816) Reine dès 1777. Atteinte de démence, son fils Jean VI exerça la
Régence et l'emmena au Brésil après l'occupation du Portugal par les Français -
Lettre en son nom, signée comme Régent par son fils JEAN VI («O Principe» et
paraphe), 1 p. in-folio ; Queluz, 20.XII.1798. Adresse et beau sceau plaqué
sous papier aux armes royales («Maria Dei Gratia... Regina»). (750.-) 500.-
Missive officielle rédigée en
portugais et adressée au «Muito Poderoso Principe Dom Ferdinando Rey das Duas
Sicilias, Meu Bom Icmao...» qui avait annoncé à la souveraine la naissance
d'une Princesse.
Bien que la lettre commence
par «... Eu Dona Maria... Rainha de Portugal e dos Algarves...» et se termine
par la formule «... Bôa Jrmaa Prima de Vossa Magestade...», la signature est
celle du fils de Marie I, le futur roi JEAN VI (1767-1826), premier empereur du
Brésil de 1807 à 1815.
Document contresigné par le
ministre des Affaires étrangères, Luis PINTO de Sousa (1735-1804), vicomte de
Balsemão et ancien Gouverneur général du Mato Grosso, au Brésil, de 1769 à
1772.
158. MARIE II de Portugal
(1819-1853) Reine dès 1833, fille de dom Pedro Ier du Brésil qui avait renoncé
en sa faveur à la couronne portugaise - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Lisbonne,
29.I.1847. (1200.-) 800.-
Intéressante missive
politique à sa belle-sœur Victoire de Saxe-Cobourg-Gotha (1822-1857), duchesse
de Nemours : «... Cherissime Vicky, Je te remercie infiniement... je ne saurais
assez être reconnaissante envers vous tous pour la vive part que vous prenez à
nos affaires. Dieu veuille... mettre un terme à cette malheureuse guerre
civile, mais bien entendu avec honneur pour nous et jamais je n'en ai douté.
Chica pourra te faire la traduction d'une proclamation du général migueliste
Povoas où il est prouvé plus encore l'horrible union des Septembristes avec les
Miguelistes... En vérité... jamais on a vu une ligue plus monstrueuse que
celle-ci...» ; elle espère que les Chambres se montreront raisonnables et que
le Portugal retrouvera la paix, «... mais pour cela il faut bien travailler
pour rendre au pays la tranquillité qu'il a perdue...», etc., etc.
En 1846, une terrible
insurrection avait secoué le Portugal après la proclamation du migueliste Mac
Donnel, et en octobre, le duc de Terceire était arrêté à Oporto pendant que
plusieurs de ses officiers étaient massacrés. Une Junte sera établie sous la
préséance de Sa-da-Bandeira, Bomfin et das Antas. La révolte ne prendra fin que
le 28 mars 1847, avec le départ de Sa-da-Bandeira et ses troupes. [Voir aussi
les lots 241, Sa-da-Bandeira et 269, Thomar]
159. MARRADAS, Don Baltasar,
comte de (1560-1638) Feld-maréchal impérial. D'origine espagnole, il servit
dans la guerre de Transylvanie puis contre les Protestants, en Bohême, dont il
fut le Gouverneur général - L.A.S., 1 1/2 pp. in-folio ; Budweis (Bohême),
9.XI.1620. Adresse et cachets de cire sur la IVe page. En espagnol. Les pièces
autographes signées de Marradas sont rares ! (450.-) 300.-
Intéressant texte d'argument
militaire décrivant l'exécrable état défensif de la ville de Budweis et mettant
en relief la nécessité impérieuse qu'il y a à remédier à cet inconvénient en
envoyant des renforts de cavalerie malgré le mauvais temps qui sévit.
«Al es.mo S.r General conde
de Bucoy, mi señor», le célèbre homme de guerre français au service de
l'Autriche, Charles-Bonav. de Longueval, comte de BUCQUOY (1571-1621), qui
périt en Hongrie dans une embuscade contre Bethlen Gabor.
160. MARS, Anne Boutet, dite
Mademoiselle (1779-1847) Comédienne française, elle créa en 1830 le rôle de
Doña Sol dans Hernani de Victor Hugo - L.A.S., 2/3 p. in-8 ; «Ce mardi».
Adresse autographe sur la IVe page. Papier à son chiffre. (350.-) 200.-
Charmant message à la jeune
actrice, Mademoiselle DOZE, qui fut son élève : «... Vous pensiez... venir ce
matin, ma chère petite, mais comme on pose enfin mes tapis, je suis obligée de
fuir ma maison...» ; elle lui suggère de remettre sa visite au lendemain et lui
envoie «... mille tendresses...».
On sait très peu au sujet de
la destinataire, Mademoiselle Aimée Doze, sinon qu'elle apparut sur la scène de
la Comédie-Française de 1840 à 1846 ; la revue L'Artiste lui consacra en 1839
un article de Jacques Aigues-Mortes révélant son vrai nom : Eléonore-Léocadie
Doze, épouse séparée de l'écrivain Ed. Roger de BEAUVOIR et elle-même femme de
lettres. Née en 1822, elle reçut effectivement dans sa jeunesse les leçons de
Mademoiselle Mars et de Samson, le maître de Rachel, mais elle devait surtout à
sa beauté ses succès à la Comédie-Française... Elle mourut jeune en 1859.
Auteur de comédies,
d'articles, M.lle Doze a laissé trois intéressants volumes de «Confidences» de
M.lle Mars parus en 1855.
161. MASSENET Jules
(1842-1912) Compositeur fr. - 4 L.A.S., 6 1/2 pp. 8° ; Paris, 1882/1884. (1000.-) 750.-
Belle correspondance amicale
INÉDITE au jeune Henry Maubel.
Dans la première lettre,
datée «Noël /82», Massenet prie Maubel d'être son «... interprète le plus
aimable auprès de Narcisse que je n'ai pu applaudir, hélas !...», son idylle
antique pour soli et chœur que Heugel avait édité en 1878.
Le 23 janvier 1884, lors de
la reprise à Paris (en italien, au Théâtre-Italien) de son opéra Hérodiade, le
compositeur répond à la dépêche de son correspondant : «... vos félicitations,
votre fidèle sympathie... Tout cela me touche absolument !... et je vous en
remercie de tout cœur...».
Quelques mois plus tard,
Massenet se dit enchanté de mettre Maubel «... en rapport avec Mr Hoppeau,
directeur de La Renaissance Musicale...», revue qui, précise-t-il dans sa
missive du 9 août 1884, «... n'existe plus depuis longtemps !... Quant à une
corres-pondance (dans un autre journal de musique) je puis en parler soit au
Ménestrel, soit au journal de Leduc. Je dois cependant vous avertir que ces
journaux sont peu aimables pour moi ordinairement. Je ne suis édité ni chez
Heugel, ni chez Leduc !...», etc.
Maurice BELVAL, dit Henry
MAUBEL (1862-1917), littérateur belge, directeur dès 1889 de la revue La jeune
Belgique, fit paraître ultérieurement plusieurs ouvrages relatifs à la musique
et aux musiciens.
162. MASSENET Jules -
Musique autographe, 1 p. in-folio ; vers 1907/1908. (1200.-) 800.-
Importante feuille
autographe, ne comportant ni ratures ni repentis, du début de la scène
d'Amahelli du 3ème acte de son opéra Bacchus. Il s'agit de l'«Allegro» avec
musique pour l'orchestre, composé de 17 instruments de base, et pour le chant
(rôle d'Amahelli) où la Reine s'écrie : «Hors d'ici !... tous !... tous !...
tous !...».
Composé sur un poème de
Catulle Mendès, Bacchus fut créé à l'Opéra de Paris le 5 mai 1909 ; les
interprètes en furent Lucienne Bréval (Ariane), Lucy Arbell (la reine Amahelli)
et Lucien Muratore (Bacchus). La composition de la musique fut laborieuse et
Massenet dut remanier le livret tout au long des années 1907 et 1908, non sans
d'âpres discussions avec Mendès. L'œuvre sera éreintée par la critique et
tombera après seulement cinq représentations. Ce sera là l'échec le plus
cuisant de la carrière du compositeur dont la santé commençait à se détériorer
sérieusement.
163. MASSENET Jules - 5
pièces autographes dont une non signée (3 L.A.S. + 1 C.A.S. + 1 carte de visite
autographe), 5 pp., formats divers ; Egreville, Paris, «En voyage...», années
1907/1909. (600.-) 400.-
Correspondance amicale à
Albert-Emile SOREL (1876-1938), romancier et historien, fils du philosophe
français Albert Sorel.
A chaque parution, l'écrivain
offrait à Massenet un exemplaire de son nouvel ouvrage. Par de courts messages,
le compositeur remercie et parfois commente. Ainsi en 1907, au recto d'une
carte postale nous montrant sa belle bâtisse d'Egreville, il écrit : «... dans
les sentiers de notre vieille solitude nous lisons vos Sentiers de l'amour
!...» ; sa lettre datée «17 Juillet» précise qu'«En voyage...» il lit «... avec
un profond plaisir votre roman L'écueil...», etc. ; en 1908, c'est «... Votre
nouveau livre [qui] nous arrive ! Quel bonheur ! Merci... et si chèrement votre
admirateur...» ; enfin, en 1909 : «... Je passe par Paris... et je trouve Le
Rival que j'emporte à Egreville et que nous lirons en pensant à vous, à vous
deux !...». Il ajoute une pensée pour «... la charmante Madame Albert-Emile
Sorel...»
164. MAXIMILIEN Ier de Bavière
(1573-1651) Duc en 1597, il devint Electeur en 1623. Il fonda la Sainte Ligue
et combattit pour l'empereur Ferdinand II durant la guerre de Trente Ans - L.S.
«Il Duca di Bav[ie]ra Elettore», 1 p. in-folio ; Munich, 6.IX.1628. Légères
traces de mouillure. Adresse et beau sceau plaqué sous papier aux armes
princières. En italien. (600.-) 400.-
A un officier au service du
grand-duc de Toscane, chargé par l'Electeur de Bavière de lui procurer de beaux
chevaux, «... Stalloni e Giumente di regno...». Les passeports nécessaires à
l'exportation des animaux tardant à être délivrés, Maximilien envisage de
recourir à son représentant à Rome, Francesco CRIVELLI, lequel s'adressera
directement au vice-roi espagnol de Naples, royaume d'où son originaires les
chevaux, etc. Pièce adressée au «Cavallerizzo Maggiore», Roberto degli OBIZZI,
originaire de Padoue ; le grand-duc Ferdinand II lui confèrera le titre de
«Marquis d'Orciano» en 1630.
165. MENU, 1906 - «VIIème
Fête de Musique Suisse - Neuchâtel 27 mai 06», avec nombreuses signatures au
recto, crayon. In-4°. Légèrement défraîchi, pli central renforcé au dos. Pièce
jointe. (200.-) 120.-
Charmant menu, illustré au
centre d'une vignette en couleurs (par W. Röthlisberger, 1906) représentant une
fanfare du régiment des Gardes Suisses de France du début du XVIIe (culotte
courte bouffante aux rayures verticales jaune et or, bas rouge) défilant
derrière son porte-drapeau sur fond de paysage suisse. Nombreuses signatures,
dont deux précédées de lignes de musique, émanant de compositeurs et musiciens
suisses, parmi lesquels nous relevons celles des frères Emile (1866-1935) et Joseph LAUBER (1864-1952) - ce
dernier a tracé un extrait de sa «Marche des Armoiries» -, Jean MARTEAU, E.
JAQUES-DALCROZE (1865-1950), Gustave DORET (1866-1943) et bien d'autres. Notons
également le poète Philippe GODET (1850-1922), et surtout l'écrivain d'expression
allemande, Karl SPITTELER (1845-1924), prix Nobel de littérature en 1919.
Joint : programme du Quatuor
Hongrois, avec signatures des quatre artistes (Zoltan Szekely, M. Kuttner, D.
Koromzay et G. Magyar) en 1967. Ce Quatuor fut l'un des plus grands de son
siècle, ses interprétations de la musique de Bartók font autorité.
166. MENU, 1924 - «Fêtes
en l'honneur de la Littérature Helvétique», 14.V.1924. Signatures au crayon de
12 personnalités diverses, 12° ; Hôtel Lutetia, Paris. (200.-) 120.-
Joli menu à deux volets
réunissant sur ses faces extérieures une douzaine de signatures d'écrivains
suisses et français, dont René MORAX, E. ESTAUNIE, Eugène MOREL, Abel HEMANT,
Edouard KORRODI, R. G. LEVY, Benjamin VALLOTTON, etc.
167. MENU, 1946 - Réunion
de 17 signatures, 12° imprimé ; Berne, 22.II.1946. (250.-) 150.-
Au sortir de la Seconde
Guerre mondiale, les plus hauts officiers britanniques furent reçus par leurs
collègues suisses lors d'un banquet offert à Berne en leur honneur. Ce menu
s'ouvrant à deux volets porte sur la première page l'écusson rouge suisse à
croix blanche ; à l'intérieur, la liste des mets et des boissons servis fait
face aux nombreuses signatures autographes des participants : le maréchal
MONTGOMÉRY of Alamein, le général GUISAN,
chef de l'armée suisse, Karl KOBELT, Président de la Confédération, le cap. R.
W. F. STEVENS, pilote de la R.A.F., le brigadier R. F. K. BELCHEM, le
lieutenant général Hans FRICK, l'ambassadeur Clifford NORTON, Max PETITPIERRE,
Président de la Confédération en 1950, 1955 et 1960, etc.
168. MÉRIMÉE Prosper
(1803-1870) Ecrivain français - L.A.S., 4 pp. in-8 ; Paris, 1.VIII.(1851). (750.-) 500.-
Belle lettre à Auguste LE
PRÉVOST (1787-1859) relative à des peintures de Saint-Sauvin et Notre dame de Poitiers,
à l'état de l'église de Sainte-Marie d'Oloron (Pyrénées-Atlantiques) et à la
visite «en corps» à Vézelay, autant de monuments que nous ne pourrions
peut-être pas admirer aujourd'hui si Mérimée n'était pas intervenu.
Il demande notamment une
inspection de l'église d'Oloron, afin de savoir «... si elle mérite qu'on lui
envoie un architecte autre que celui qu'elle possède et qui propose de passer
ses chapiteaux à la fine boucharde, sous prétexte de les débadigeonner. Nous
n'avons que des plans absurdes, des notices détestables et d'espoir qu'en
vous...» ; puis, à propos de la récente votation à l'Institut, lors de laquelle
Léopold DELISLE, candidat soutenu par Le Prévost auquel Mérimée a donné sa
voix, a obtenu le prix Gobert au premier tour : «... Je n'étais pas à la mer
Morte ; l'abbé (Michon) a dû partager le sort de ses compagnons, mais je crois
qu'ils se vantent & que les Bédouins ont plus de goût que vous ne croyez.
Vous verrez à l'usage que notre petit ami (F. de SAULCY) est charmant... Il n'a
que le défaut de monter quelquefois sur sa chaise curule... C'est le défaut que
dans ma jeunesse je trouvais aux rats de ma connaissance qui de temps à autres
se respectaient trop... Et puis, s'il est un peu trop égoïste, que direz-vous
des autres ?...».
L'écrivain ironise aussi sur
les caractéristiques du peuple anglais, «... des gens de sens remplis de bons
principes et honnêtes en politique comme en toutes choses, mais hélas ! quel
ennui de les pratiquer ! On se sent devenir socialiste à Londres ; à force de
voir tout si bien réglé. On y est mal à son aise, comme dans une maison trop
bien rangée où l'on n'ose marcher de peur de salir les tapis... et l'envie vous
vient de cracher parce qu'il n'y a pas de crachouer, comme dans la maison de
Gargantua...», etc., etc.
Superbe missive qui aurait
mérité une citation complète, dont le texte publié en 1947 d'après une copie
présente quelques petites variantes par rapport à l'original.
169. MEYERBEER Giacomo
(1791-1864) Compositeur allemand - L.A.S., 1 p. in-8 ; «Lundi» (Paris, vers
1857). Enveloppe signée. (300.-) 200.-
A Léon et Emile CÉLÉRIER.
«... Mes jeunes Amis ! Pour le cas que vous ayez votre soirée libre,
voulez-vous voir dans ma loge ce soir à l'Opéra Le Cheval de Bronze ? Madame
Feraris ne dansera qu'une seule fois encore dans cet opéra. Je serai aussi dans
cette loge et j'aurais grand plaisir à vous voir & à vous remercier de vive
voix de votre perdreau...».
Le Cheval de Bronze,
opéra-comique de Daniel Auber, avait été créé en 1837 ; l'ouvrage fut repris
avec des additions le 21 septembre 1857. Quant à la danseuse italienne Amalia
FERRARIS (1830-1904), elle fit son apparition sur la scène parisienne en 1856
et créa ensuite un grand nombre de rôles. [Voir aussi le numéro 199, Ferraris]
170. MILCH Erhard
(1892-1972) Général de l'aviation allemande, seul Juif de l'armée hitlérienne
parvenu au grade de feld-maréchal - PHOTO in-12 signée au crayon-encre vers
1928. Pièce jointe. (250.-) 150.-
Portrait mi-buste de
trois-quarts, signé dans la partie claire du large col de son uniforme de
General der Flieger. Cliché Hoffmann de Munich.
Joint : Lettre d'1 p. in-4
signée par le général allemand Ferdinand SCHÖRNER (1892-1973). Ce fidèle
d'Hitler, qui le nomma feld-maréchal en 1945, fut emprisonné en Russie puis en
Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.
171. MISTRAL Frédéric
(1830-1914) Poète provençal, prix Nobel de littérature en 1904 - Photo signée,
12° ; (Maillane), 1913. Carte postale imprimée. (350.-) 250.-
Joli portrait du poète félibrige
pris par le photographe Brouchican, de Saint-Rémy-de-Provence. Mistral pose en
pied sur la première marche de l'escalier intérieur de sa résidence de
Maillane, auprès d'un buste représentant un homme barbu portant une couronne de
lauriers. Signée et datée quelques mois avant sa mort «F. Mistral 1913».
172. MITTERRAND François
(1916-1996) Homme d'Etat français, Président de la République de 1981 à 1995 -
Carte signée, 8° obl. ; (Paris, vers 1985). Pièce jointe. (450.-) 300.-
Carte de vœux officielle du
«... Président de la République, avec ses remerciements...», etc., avec
signature autographe de Mitterrand. L'illustration reproduit en couleurs le
tableau Paris sous la neige, peint par Jacques THÉVENET en 1955.
Joint : Carte in-12, avec
photo du candidat Mitterrand (on entrevoit derrière lui l'écrivain Françoise
Sagan, récemment disparue), par laquelle le Parti Socialiste invitait les
français «... à lui poser les questions qui vous préoccupent... Il vous sera
répondu, soit publiquement (presse, télévision, radio, meetings...) soit
personnellement».
173. MÖLDERS Werner
(1913-1941) Pilote allemand, héros de la Seconde Guerre mondiale, titulaire de
115 victoires aériennes. Mort dans un accident d'avion - Photo signée, 12° ;
été 1941. (900.-) 600.-
Belle et rare photo (portrait
mi-buste de face, en uniforme, avec Croix de fer) du plus célèbre pilote
militaire allemand de la deuxième Guerre mondiale, signée de sa main au
stylo-encre dans la partie inférieure sombre de l'image.
L'ancien pilote de la Légion
Codor, basée en Espagne, avait été abattu sur le front occidental et fait
prisonnier par les Français en juin 1940. Libéré, nommé colonel le 20 juillet
1941 (notre photo date de cette époque), il trouva la mort dans un accident
d'avion le 22 novembre suivant, près de Breslau. Photo Hoffmann, Munich.
174. MONET Claude
(1840-1926) Peintre impressionniste français - L.A.S. «Claude Monet», 1 p.
in-12 ; «Vendredi matin» (Paris, 16.IX.1887). Adresse autographe au verso. (2000.-) 1500.-
Au jeune critique Gustave
GEFFROY (1855-1926), l'ami des Impressionnistes, concernant une rencontre avec
Auguste RODIN, probablement en vue de préparer l'exposition que le peintre et
le sculpteur feront ensemble en 1889 chez Georges Petit ; le catalogue de cette
exposition porte une préface rédigée par Geffroy pour Rodin et par Mirbeau pour
Monet.
Monet se plaint qu'il lui ait
été impossible de voir Rodin : «... J'ai reçu une lettre de notre ami qui n'a
pu me procurer la liste en question, il m'a donc fallu me mettre en campagne et
faire toutes sortes de démarches... Je ne sais même pas si je pourrai trouver
le temps d'aller serrer la main à Rodin...» ; il les verra «... tous les deux à
Giverny...».
Née en 1885, l'amitié entre
Monet et Geffroy ne se démentira jamais. Ils se rencontraient tantôt à Giverny
où Geffroy accompagnait souvent des admirateurs du peintre, tantôt à Paris où
Monet donnait rendez-vous à son ami à son l'hôtel près de Saint-Lazare. C'est
grâce à Geffroy que Monet retrouva Clémenceau dont l'amitié lui donna tant de
joies et de satisfactions.
175. MONOD Théodore
(1902-2000) Naturaliste et explorateur français, spécialisé dans l'étude du
Sahara qu'il parcourut à pied et à dos de chameau ! - L.A.S. «Théodore», 2 pp.
in-8 ; Paris, 20.III.1947. En-tête avec vignette du Museum National d'Histoire
Naturelle. (1200.-) 800.-
Rentré à Paris pour trois
mois, «... après un très beau voyage au Kenya - Tanganyika (pour un congrès de
préhistoire...) ... avant d'accompagner [Auguste] PICCARD dans une bathysphère
qui descendra, on l'espère, à 4000 m. de profondeur dans le Golfe de
Guinée...», Monod répond à la lettre d'un cousin auquel il présente la
situation de l'Office de Recherche Scientifique Coloniale : «... Les nombreux
millions que l'A.O.F. (Afrique Occidentale Française) a versés ces dernières
années à l'O.R.S.C. ne sont jamais parvenus et c'est l'A.O.F. qui fait... tous
les frais de l'I.F.A.N. (Institut Français d'Afrique Noire, à Dakar)... Ce qui
n'empêche pas l'O.R.S.C. de tenter périodiquement - et sans succès jusqu'ici -
de dévorer l'I.F.A.N. ...».
L'explorateur prie son parent
de le tenir au courant «... des résultats des travaux archéologiques. Comme
JOUVEAU-DUBREUIL et BOULNOIS je m'intéresse vivement à l'Inde préaryenne, car
il n'est nullement impossible qu'elle ait quelque peu influencé l'Afrique du N.
E. : qu'étaient les eastern invaders des gravures prédynastiques égyptiennes
?...».
A l'arrivée de Théodore Monod
à Dakar en 1938, l'I.F.A.N. n'existait que sur le papier. Il s'employa alors à développer
cet institut qu'il dirigera jusqu'en 1965. Durant toutes ces années, il
accomplit de nombreuses missions dont la plus étonnante reste sans doute celle
d'avoir participé à la première plongée du bathyscaphe du professeur Piccard,
aventure évoquée par le naturaliste dans cette lettre. Monod en tira un livre
plein de drôlerie, Bathyfolages. Plongées profondes (1954).
Autographe intéressant et
rare.
176. MORAND Paul
(1888-1976) Ecrivain, diplomate et voyageur français - L.S., 1 p. in-4 ; Berne,
1.VIII.1944. En-tête imprimé. (250.-) 150.-
Ambassadeur français à Berne
représentant le gouvernement de Vichy, Paul Morand remercie l'historien suisse
Alfred CHAPUIS (1880-1958) pour «... les trois ouvrages qui me paraissent si
intéressants. Lorsque vous viendrez à Berne je serai très content de causer
avec vous...», etc.
Chapuis est surtout connu
pour ses ouvrages sur l'histoire de l'horlogerie et les automates anciens.
177. MOSKVIN, Ivan
Mikhailovich (1874-1946) L'illustre acteur et metteur en scène
russo-soviétique qui, après Stanislavsky et Nemirovich-Davchenko, prit la
direction du Théâtre d'art de Moscou - L.A.S., 1 p. in-8 ; (Karlsbad, été
1931). (750.-) 500.-
Missive en russe à sa
compatriote, la pianiste Lydia ANTIK («Lydotcha Simenova»), femme du
violoncelliste PIATIGORSKY puis de Pierre FOURNIER.
«... Je suis arrivé en
Europe. J'habite Marienbad et je suis avec Akron Stolkinum. Nous nous sommes
souvenus de vous et j'ai immédiatement décidé... de vous envoyer une lettre
vous priant d'embrasser très respectueusement votre mari (Piatigorsky)... Nous
nous apprêtons à partir pour l'Amérique... où j'espère vous rencontrer... pour
écouter votre voix et le violoncelle de votre époux dont j'ai déjà entendu dire
beaucoup de bien...», etc. (traduction).
Lydia Antik se séparera de
Piatigorsky en 1936 pour épouser le violoncelliste français Pierre FOURNIER.
178. [Faux] MUSSET, Alfred de
- Deux pièces le concernant, 2 pp. in-4 et in-8 ; Genève/Chambéry, 1834. (750.-) 500.-
Deux documents autentiques de
l'époque, véritable supercherie littéraire !
La première lettre, adressée
à «Mademoiselle Jenny Bernard - auteur de l'Anth.[ologie] des Alpes - Chambéry»
et émanant de son «... admirateur - Alfred de Musset», est datée de Genève le 1er
août 1834. Cette missive, qui porte en IVe page l'adresse de la destinataire, a
réellement voyagé, comme l'attestent deux cachets postaux. Son auteur remercie
et complimente sa «... Collègue...» pour son ouvrage. Cependant, ni le texte,
ni la signature sont à notre avis de la main du Poète.
A réception du message
ci-dessus, la pauvre demoiselle, visiblement émue, s'empresse de répondre dès
le 7 août à... Alfred de MUSSET : «... Rien ne pouvait être plus flatteur pour
moi que les éloges que vous prodiguez... à mon léger essai sur les Eaux d'Aix.
Veuillez... être persuadé du plaisir que j'éprouverai... si le hazard vous
amenait quelque jours dans mon agreste patrie...» ; elle espère d'ici là avoir
pu se procurer les œuvres de son correspondant car elle veut pouvoir se dire à
son tour «... à plus juste titre - Votre admiratrice - Jenny Bernard...». En
IVe page, elle adresse sa lettre à «... Monsieur Alfred de Musset - Genève».
En 1834, Musset avait bien
séjourné à Genève à son retour de Venise, où George SAND lui avait préféré le
docteur Pagello, mais en avril et non en août !
179. NADAR, Félix Tournachon,
dit (1820-1910) Photographe, aéronaute et caricaturiste français - Billet
A.S. «Nad», 1/2 p. in-8, crayon ; (Paris), 18.VIII.1863. (250.-) 150.-
Curieux billet tracé à la
hâte par Nadar, sans doute devant la porte close d'un ami : «Bonjour, imbécille
(sic) ! je suis faché de ne te trouver point. Je te laisse les 20 fr. que je te
dois...». Une autre main a écrit au-dessous deux noms, «Pinot» et «Lepelletier».
180. NAPOLÉON Ier Bonaparte
(1769-1821) Général corse, empereur des Français - P.S. «Np», 1/2 p. in-folio ;
Portoferrajo, 19.XI.1814. Quelques minuscules trous de vers loin du texte.
Cachet de la collection Crawford. Pièce jointe. (3500.-) 2500.-
Réunion de deux documents
provenant de la célèbre collection Crawford (petit cachet, «Bibliotheca
Lindesiana»), concernant le petit-fils de la nourrice corse de Napoléon,
Camilla ILARI.
La reconnaissance de
l'empereur vis-à-vis des personnes l'ayant loyalement servi est notoire ; ces
deux pièces en sont un témoignage :
1) «Etat des service de Noël
TAVERA, Sergent Major dans le 4ème Bataillon des Chasseurs Corses», 1 p.
in-folio, autographe, signé et daté «Porteferrajo, le 18 9bre 1814» par l'officier
lui-même puis certifié véritable par le colonel corse Bernardo POLI, un fidèle
de Napoléon qu'il avait suivi à l'île d'Elbe ; rappelons qu'en 1816, Poli se
trouvera à la tête d'une opération de grande envergure, forte de huit mille
hommes, dernier soulèvement bonapartiste en Corse (Guerre de Fuim'orbo qui se
terminera par la «paix des braves» au terme d'une amnistie générale pour lui et
ses compagnons) ;
2) Lettre-rapport «à Sa
Majesté l'Empereur» autographe signée du Général Antoine DROUOT (1774-1847),
alors gouverneur de l'île d'Elbe, répondant aux questions posées par le
souverain : «Sire, Votre Majesté m'ayant ordonné de prendre des informations
sur le petit-fils de Sa nourrice, j'ai
l'honneur de Lui adresser les états de service de ce jeune homme... Il
désireroit être admis comme Elève d'artillerie...». NAPOLÉON a signé en
tête sous le mot «Approuvé».
Né en 1793, Noël TAVERA était
le petit-fils de Camilla ILARI, la célèbre nourrice de Napoléon. Dès 1809, il
était entré dans le 4ème bataillon de Chasseurs corses commandé par son
beau-frère, don Bernardo POLI (n. 1767), originaire de Solaro. En 1810, le
jeune sergent-major était passé au service du roi de Naples, Joachim Murat,
souverain qu'il quitta, comme précisé ici dans l'Etat des Services, «... le 4
Avril 1814, époque qu'il fut connu que le Roi de Naples avait déclaré la Guerre
à la France...». Noël Tavera s'était ensuite rendu à Toulon «... d'où il vient
dans cette Isle [d'Elbe] pour offrir ses services à Sa Majesté...», etc.
Dans son testament, Napoléon
consacrera son 36ème article à sa nourrice Camilla ILARI, ses enfants et
petits-enfants : «... Je la crois fort riche ; si cependant, par un caprice du
sort, tout ce que j'ai fait pour elle n'avait pas bien tourné, mes exécuteurs
testamentaires ne la laisseraient pas dans la misère...», etc.
Beaux documents liés aux
racines corses de Napoléon.
181. NAPOLÉON III Bonaparte
(1808-1873) Empereur des Français - L.A.S. «Napoléon Louis», 1 p. in-8 ;
(Londres, 25.II.1848). Mince filet bleu de deuil. (1200.-) 800.-
Exilé à Londres peu après la
mort de son père, le futur empereur prépare son retour à Paris ; il en informe
le comte Alfred d'ORSAY (1801-1852) : «... Je pars à l'instant pour Paris. Je
suis désolé de ne pas pouvoir vous dire adieu ainsi qu'à Lady Blessington. Je
vous écrirai de France... Adieu à revoir...».
Peintre, sculpteur, écrivain
et dandy français vivant à Londres, d'ORSAY était un vieil ami du Prince. Dès
son arrivée dans la capitale anglaise en 1838, le comte avait introduit le
futur empereur dans la haute société britannique. Plus tard, après l'évasion du
fort de Ham en 1846, d'Orsay lui avait présenté une belle Anglaise très
fortunée, Miss HOWARD (1823-1864) qui, tombée amoureuse, prêtera au futur
Napoléon III les 80.000 livres nécessaires à sa propagande et, étape par étape,
à se faire élire Président de la République française (1848) puis Empereur...
Parti de Londres le 25
février 1848, Louis-Napoléon Bonaparte arriva à Paris trois jours plus tard
pour s'en retourner peu après en Angleterre, cette incursion à Paris n'ayant
été qu'un «faux pas sans conséquences». Elu quelques mois plus tard à
l'Assemblée, le Prince reviendra dans sa patrie le 24 septembre 1848,
commençant ainsi sa marche vers l'Elisée.
182. NEHRU Jawaharlal
(1889-1964) Premier ministre indien dès la création du nouvel Etat en 1947 -
PHOTO in-4, signée et datée ; Décembre 1956. (250.-) 150.-
Splendide portrait de
trois-quarts signé «Jawaharlal Nehru - Dec 1956» dans la marge inférieure
blanche. Signée aussi par le photographe,
P. N. Sharma, de New-Delhi.
NOBEL : Voir
les numéros 20, 27, 71, 72, 90, 127, 147, 165, 171, 242, 253 et 266.
183. NORODOM SIHANOUK de
Cambodge (n. 1922) Roi dès1941, il obtint l'indépendance de son pays en
1953. Il a renoncé au trône en oct. 2004 - PHOTO signée 4° ; (Brioni,
16.XII.1976). (400.-) 250.-
Image insolite de l'ex-roi,
photographié ici aux côtés du Président TITO lors d'une visite officielle en
Yougoslavie. Suivis de quelques personnes, les deux hommes semblent sortir de
la résidence de vacances du chef d'Etat yougoslave située sur l'île de
Brioni-Veli, dans la mer Adriatique.
184. OFFENBACH Jacques
(1819-1880) Compositeur français d'origine allemande, roi de l'Opérette -
Musique autographe, 1 p. in-folio obl. Bords effrangés, sans perte de texte. (3000.-) 2000.-
Importante feuille couverte
d'esquisses musicales se rapportant vraisemblablement à une même composition.
Plus de cinq cents notes microscopiques sur vingt-quatre portées lignées à la
main, avec au début l'indication «C mol».
Pièce probablement inédite,
conservée jusqu'à ce jour dans une ancienne collection.
185. O'MEARA Barry
(1782-1836) Médecin de Napoléon Ier à Sainte-Hélène dès 1815, il fut relevé de
ses fonctions par Sir Hudson Lowe en 1818 pour avoir pris trop ouvertement le
parti de l'empereur - P.A.S., 1/3 p. in-4 ; (Londres, 15.X.1830). Adresse,
marques postales et cachet de cire noire sur la IVe page. Quelques
restaurations ne touchant pas le texte. (1200.-) 800.-
Intéressante pièce adressée à
Effingham WILSON, précisant les rectifications à apporter au texte du volume IV
d'un ouvrage sur Napoléon Ier à Sainte-Hélène, vraisemblablement une édition
anglaise du «Mémorial de Las Cases». O'Meara souhaiterait notamment que soit
corrigé le passage relatif au buste du roi de Rome, qui avait été envoyé
clandestinement au prisonnier en juin 1816 ; à la page 527, ligne 8, «...
instead of : Las Cases sent a bust of young Napoleon to the Emperor by a gunner
who was going by the way of St Helena to India - read : A bust of young
Napoleon was brought out by a gunner who was going by way...», etc. On
remarquera que le nom de Las Cases a disparu ! D'autres changements sont à
apporter aux pages 528 et 551.
L'épisode du buste du duc de
Reichstadt est l'un des plus touchants dans l'histoire de la captivité de
Napoléon [Voir lettre du général Bertrand à Las Cases, datée du 18 janvier
1819, chapitre XIV du Mémorial].
186. PARMENTIER Ant. Augustin
(1737-1813) Pharmacien militaire et agronome français. Suite à la publication
de son travail sur la pomme de terre, la culture de celle-ci se répandit
rapidement en France dès 1773 - L.A.S., 1 p. in-4 ; Calais, 7.VII.1805. Adresse
autographe sur la IVe page. (600.-) 400.-
Le premier pharmacien des
armées, membre du Conseil de Santé, écrit du Camp de Boulogne à son confrère et
ami BRULOY, «Pharmacien en Chef de l'armée à Boulogne», pour lui signaler qu'il
a été «... forcé... de donner en une heure au Commissaire Général (Claude
PETIET, 1749-1806) l'Etat des Pharmaciens attachés aux divisions du Centre ;
vous verrez par l'Etat que nous vous adressons, ceux qui les composent. Je
désire avoir observé... toutes les convenances et rempli vos vües...», etc.
Le 15.V.1805, depuis Milan,
Napoléon avait donné sa forme définitive à l'armée destinée à l'Expédition
d'Angleterre : l'Armée des Côtes de l'Océan était désormais composée de six
Corps d'Armée, dont celui du Centre (anciennement «Camp de Saint-Omer»)
commandé par le Maréchal Soult et réunissant cinq Divisions. [Voir : F. E.
Beaucour, «Napoléon au Pont-de-Briques, 1805»]. Le travail que Parmentier dit
ici avoir préparé en toute hâte, se rapporte probablement à cette nouvelle
organisation.
187. PASTEUR Louis
(1822-1895) Chimiste et biologiste fr. - L.A.S., 1 p. 8° ; Paris, 23.IV.1882. (2500.-) 1600.-
En 1881, Pasteur avait été
nommé au fauteuil précédemment occupé par Littré à l'Académie française. Lors
du discours de réception qu'il va bientôt tenir, il fera l'éloge de son ami
disparu.
Dans cette lettre INÉDITE, le
Savant tente d'expliquer à Madame Littré les raisons qui l'ont poussé à ne pas
lui communiquer son texte à l'avance : «... Vous me trouverez peut-être bien
coupable de n'avoir pas été vous remercier de toute votre obligeance après ma
visite au Mesnil, et plus encore de n'avoir pas été vous lire mon éloge...» ;
un ami commun lui aura sans doute dit qu'il s'était abstenu d'aller la voir
«... et de vous lire mon discours parce que j'ose parler de Mme Littré et que
j'ai craint que vous me fassiez, par modestie trop grande, supprimer mon plus
beau passage...». Pasteur supplie sa correspondante de lui réserver quelques
billets d'entrée à la cérémonie, «... bons ou mauvais... Vous ne sauriez
imaginer ce que j'ai reçu de demandes, toutes des plus légitimes. Ces
malheureux billets font mon tourment...».
Après des années de lutte
inégale, la réception de Pasteur à l'Académie française (17.IV.1882) marquera
l'acceptation du Savant et de ses théories par le monde scientifique officiel.
A noter que Emile LITTRÉ (1801-1881), consulté en 1878 par Pasteur à propos du
mot microbe pour désigner des animalcules, lui répondait dans sa lettre du 26
février : «Microbe et microbie sont de très bons mots. Pour désigner les
animalcules je donnerais la préférence à microbe, d'abord parce que, comme vous
le dites, il est plus court, puis parce qu'il réserve microbie, substantif
féminin, pour la désignation de l'état de microbe».
188. PELLETIER, Louis Auguste,
dit Le Chevalier (1696-1769) Officier de l'artillerie française dans la
Guerre des Sept Ans, il participa en 1759 aux batailles de Berghen et de Minden
- L.S., 4 pp. in-folio ; Metz, 10.IX.1764. Pièce jointe. (200.-) 120.-
Le Chevalier Pelletier
signale à son correspondant ce qui lui paraît ne pas convenir dans l'habillement
et l'équipement militaire de la Brigade de Loyauté. Il trouve «... à l'uniforme
actuel l'air antique et peu militaire, ce qui fait parroître cette trouppe mal
tenüe en comparaison des autres Régimens d'Infanterie. Il serait donc à désirer
que l'on se déterminât à nous donner des revers rouges et des paremens bleux...
Quant à l'armement... l'infanterie [a] ... eu la permission de faire racourcir
ses fusils ; il parroitroit au moins aussi essentiel pour les Brigades du Corps
Royal que non seulement les leurs fussent plus courts, mais aussi plus légers,
afin que les Canonniers en manœuvrant le canon pûssent porter leurs fusils en
bandoullière au lieu de les mettre à terre, comme ils y sont souvent obligés
devant l'Ennemy...», etc., etc. Très intéressants détails.
Joint : Imprimé de 7 pp. in-4
renfermant la «Déclaration du Roy portant règlement de ce qui doit être observé
en la vente de la Poudre & Plomb...» ; Fontainebleau, 1.X.1699
189. PEYRE Antoine-Marie
(1770-1843) Architecte fr., ancien officier et aide de camp de Lafayette, il
exécuta d'importants travaux de restauration sur les monuments de Paris. Un des
premiers à avoir employé des charpentes en fer - L.S., 2 pp. in-folio ; Paris,
25.VI.1834. En-tête gravé à ses nom et titres. (500.-) 300.-
Il conteste fermement les
observations contenues dans le rapport de M. Aubert relatif à certains travaux
faits à l'escalier de la Sainte-Chapelle. «... il est impossible de faire jouir
le public de cette issüe avant que le batiment de la Ste Chapelle et surtout
son péristile ne soient séparés... J'ai depuis l'achèvement de cet escalier,
présenté... le devis des ouvrages à faire pour la restauration de la Ste
Chapelle... et je n'ai obtenu aucune décision à cet égard...», etc.
Profanée en 1791, la Sainte-Chapelle
du Palais à Paris était devenue presque méconnaissable quand Duban, Lassus et
Viollet-le-Duc en commencèrent enfin la restauration...
PHOTOS ORIGINALES ANCIENNES
Rares photos originales format carte de
visite des années 1858 à 1865 (sauf indication contraire),
certaines portant des dédicaces au dos.
- CANTATRICES -
190. BÉLIA Emma (XIXe) En
costume, cliché A. Maze, Paris. (300.-) 200.-
191. CHARTON Anne
(1824-1892) Interprète d'opéras de Berlioz. Photo J. Laurent, Madrid. (500.-) 300.-
192. KELLER (XIXe)
Cantatrice aux Variétés. Photo Ulric Grob, Paris. (250.-) 150.-
193. LEFÈBVRE Const.-Caroline
(1828-1905) Interprète de Meyerbeer. Photo Disderi, Paris. (400.-) 250.-
194. PATTI Adelina
(1843-1919) Sa première photo ! Cliché Mayer et Pierson, Paris. (500.-) 300.-
195. SCHNEIDER Hortense
(1833-1920) Favorite d'Offenbach. Photo Disderi, Paris. (500.-) 300.-
196. SINGELÉE Louisa
(1844-1886) Fille du violoniste. Dédicace A.S., 1873. (350.-) 200.-
197. TAUTIN Lise, M.lle
COR (1836-1874) Interprète d'Offenbach. Rare ! Ph. Ulric Grob, Paris. (500.-) 300.-
198. VESTRIS B. (XIXe)
Avec déd. A.S. au verso, datée 1866. Photo S. Bureau, Paris. (300.-) 200.-
- DANSEUSES -
199. FERRARIS Amalia
(1830-1904) Photo P. Petit et Trinquart, Paris. (400.-) 250.-
200. FIOCRE Eugénie
(1845-1908) Modèle de Degas. En costume. Cliché P. Petit, Paris. (500.-) 300.-
201. JOUSSE, M.lle (XIXe),
de l'Opéra. En costume. Photo Pesme, Paris. (300.-) 200.-
202. MAGGIORI Carolina
(XIXe) En costume, avec déd. A.S., 1878. Photo Lyon, Lille. (250.-) 150.-
203. MARÉCHAL M.lle (XIXe) des Bouffes-Parisiennes. En costume.
Ph. Mayer et Pierson, Paris. (300.-) 200.-
204. MOURAWIEFF M.lle
(XIXe), de l'Opéra. En costume. Photo Disderi, Paris. (300.-) 200.-
205. ROSNY, M.lle J.
(XIXe) En costume. Déd. A.S. au verso. Photo Vaury, Paris. (300.-) 200.-
206. THIBERT M.lle (XIXe)
En costume. Déd. A.S. au verso. Cliché Disderi, Paris. (300.-) 200.-
207. VERNON Marie (XIXe)
Comme Fenella dans La Muette de Auber. Photo N. Blanc, Paris. (400.-) 250.-
208. VILLIERS M.lle
(XIXe), de l'Opéra. En costume. Photo Disderi, Paris. (400.-) 250.-
- MAGIE -
209. DE CASTON Alfred
(XIXe) Magicien, élève de Robert-Houdin. Avec dédicace A.S. «Le nombre 35. A.
de Caston - Hambourg» 1865. Photo Carjat, Paris. (750.-) 500.-
210. PLESSY Monsieur
(XIXe) Transformiste. Déd. A.S., crayon. Ph. Ch. Falkenstein, Besançon. (300.-) 200.-
211. ROBIN, Dunkel dit
(vers 1805-1874) Magicien et prestidigitateur parisien. Sur scène. Photo Thiebault,
Paris. Rare. (600.-) 400.-
212. VELLE Monsieur (XIXe)
Magicien et acteur. Sur scène, signée. Photo J. Ganz, Zürich. (400.-) 300.-
- - - - - o - - - - -
213. PIAGET Jean
(1896-1980) Psychologue et épistémologue suisse - L.A.S., 1 p. in-12 ;
Neuchâtel, 10.VII.1913. Adresse autographe au verso. (800.-) 600.-
C'est un adolescent de 17 ans
qui s'adresse ici à son imprimeur genevois Kündig pour le prier d'apporter
quelques modifications à son étude sur les mollusques qui doit être publiée
dans la très sérieuse Revue suisse de Zoologie dirigée par le professeur
Maurice BEDOT.
Piaget - dont les revues
spécialisées publiaient les articles depuis 1910 ! - prie son correspondant de
reprendre sa feuille numéro 31 «... page 459, dernière ligne : changer
Sphyradina en Sphyradium et supprimer fig. 2 ...», etc.
Le jeune homme s'était
intéressé à la malacologie à la suite de sa rencontre avec le Genevois Emile
YUNG (1854-1918). Dès 1912, ce naturaliste avait demandé à Piaget de classifier
les spécimens de mollusques qu'il ramenait des eaux profondes du lac Léman,
introduisant ainsi le futur psychologue à l'étude des faunes abyssales sur
lesquelles portera le débat qui mènera Piaget jusqu'au seuil de la biologie.
Quant au professeur Maurice BEDOT (1859-1927), il dirigeait depuis 1891 le
Musée d'Histoire naturelle de Genève et avait présenté à Emile Yung le jeune
Piaget dont il fut l'un des premiers à reconnaître la valeur scientifique des
recherches et auquel il ouvrit, dès 1912, les pages de sa Revue.
Rare document de jeunesse de
l'un des plus grands Savants du XXe siècle.
214. PICASSO Pablo
(1881-1973) Peintre et dessinateur espagnol, sa personnalité influença
profondément l'Art du XXe siècle - PHOTO signée, 12° ; Nice, 1954. (2500.-) 1800.-
Photo originale, peut-être
inédite, sortie du Studio niçois Paul-Louis. Picasso y apparaît de profil,
souriant, vêtu d'une tunique de drap clair et entouré d'amis et d'admirateurs,
dont son fils Pablito auquel il semble s'adresser.
Très belle signature dans la
marge inférieure blanche.
215. PIERRE II du Brésil
(1825-1891) Empereur de 1831 à 1889. Philosophe et savant, il régna en prince
cultivé - L.S. «Imperador», 1 p. in-folio ; Rio de Janeiro, 23.VI.1845. Pièce
jointe. (450.-) 300.-
Remerciements adressés au
cardinal Pietro OSTINI (1775-1849), qui avait manifesté son intérêt «... pela
Minha Imperial Pessõa...». Missive contresignée par le ministre des Affaires
étrangères, dom Antonio Paulino LIMPO de Abreu (1798-1883), «Viconde de
Abaeté».
Joint : L.S. de l'impératrice
THÉRÈSE des Deux-Siciles (1822-1889), femme de dom Pedro II. Remerciements au
cardinal Pietro MARINI (1794-1863) ; Rio de Janeiro, 30.XI.1858. Défauts. Sceau
et adresse.
216. PIERRE II du Brésil -
L.S. «Pedro», 1 p. in-folio ; Rio de Janeiro, 23.XII.1852. Adresse, sceau de
cire rouge et ruban de soie jaune et vert. (600.-) 400.-
Belle et rare lettre
officielle signée de son prénom (à la place de l'habituel «Imperador»), en
réponse à l'annonce de la naissance d'un Prince à la Cour de Naples. Document
dans un état de conservation parfait, contresigné par le ministre des Affaires
étrangères Paulino José SOARES de Sousa (1807-1866), créé Vicomte d'Uraguay en
1854.
217. PINHEIRO-FERREIRA
Silvestre (1769-1846) Philosophe et homme politique portugais. Ministre de
1821 à 1824, il donna sa démission lorsque prévalut l'absolutisme dans son pays
et s'exila à Paris jusqu'en 1843. En 1825, il publia un Essai sur la
psychologie - L.A.S., 1 p. in-4 ; Lisbonne, 6.III.1843. Adresse autographe sur
la IVe page. (450.-) 300.-
Peu après son retour au pays,
il communique à Elisa Basto e Venuars, femme de José Joaquin G. Basto, éditeur
du National, journal d'Oporto, la demande de la baronne Trégant de la Tour le
priant de mettre «... à votre disposition le crédit dont je pourrais jouir
auprès des hommes puissants de ce pays...». Le vieux politicien avoue qu'il a
désormais bien peu d'influence dans sa propre patrie, «... vu qu'en ayant été
absent plus de quarante ans, je n'y suis connu que pour mon zèle pour le bien
du pays...» ; il se tiendra cependant volontiers à la disposition de sa
correspondante pour tout ce qui dépendra de lui.
218. PINOCHET Augusto (n.
1915) Général et homme d'Etat chilien, Président de la République de 1974 à
1990 - Carte de vœux signée, 4° obl. ; Santiago, décembre 1975. (500.-) 350.-
Carte de vœux officielle,
imprimée aux noms d'«Augusto Pinochet Ugarte - General de Ejército - President
de la República...» et de son épouse «Lucia Hiriart de Pinochet», souhaitant au
destinataire de joyeuses fêtes et un bonne nouvelle année. Le futur dictateur
chilien a ajouté de sa main «Afectuosamente - A. Pinochet».
219. PISSARRO Camille
(1830-1903) Peintre français, l'un des maîtres de l'Impressionnisme - L.A.S., 1
1/3 pp. in-8 face à face ; Moret-sur-Loing, 8.VI.1902. (2800.-) 1800.-
«... Mon cher Rousseau, nous
avons reçu hier les admirables produits de Pithiviers... excellent le pâté
d'allouette, les gâteaux, le moelleux surtout est un chef d'œuvre... cela nous
a fait passer le temps par ces journées maussades de pluies et de vent, nous
nous faisons vieux, impossible de travailler dehors, vous devez subir ce même
temps... c'est une vraie calamité...», etc.
Il envoie les «... amitiés et
remerciements de Rodo, de Georges, de moi et la famille...» et annonce un
probable séjour «... à Eragny vers la fin de Juin et si je viens finir mes
tableaux commencés, ce sera vers le 14 au 20».
220. POMPADOUR, La
cartomancienne de Madame de - L.A.S., 1 p. in-4 ; «ce 17 aoust 1777 - à la
Magdeleine». (600.-) 400.-
Supplique adressée à une
personnalité de l'Eglise ou du Pouvoir, portant en tête la note ancienne
suivante (fin XVIIIe-début XIXe), tracée à l'encre rouge : «Mme Charasse,
fameuse tireuse de cartes de la marquise de Pompadour. Emprisonnée par ordre de
son mari».
L'ancienne cartomancienne de
la marquise de Pompadour se plaint de n'avoir pas même les ressources
nécessaires lui permettant de payer sa pension à la supérieure de
l'établissement qui l'a recueillie : «... Voilà près de six ans que je suis
enfermée. Je vous demande ma liberté, à telle condition qu'il vous plaira ;
ordonnez... je me ferai un devoir d'obéir aveuglément...». Madame Charasse ose
espérer pouvoir vivre de ses moyens : «... J'ai eu l'honneur de vous marquer
que j'avais des talents pour la peinture et la dentelle, je pourrai me placer,
et subsister sans les secours de mon mary...».
Nous n'avons pas trouvé de
renseignements sur cette dame dont le nom a pu être mal interprété : Charasse,
Chavasse, ou encore Marasse ? Le pièce est toutefois originale, de l'époque, et
son auteur nous paraît être une personne cultivée.
221. PONTANO Giovanni
(1426-1503)Ecrivain et homme d'Etat italien. Poète élégiaque, il influença par
son œuvre les poètes français de la Pléiade, notamment Ronsard - P.S.
«Jo.[annes] Pon.[tanus] Loc.[um] M.[ajestatis] Cam.[erar]ij», 1 p. in-folio
obl. ; Naples, 7.IV.1485. Parchemin. (5000.-) 3000.-
Privilège signé («Rex
Ferd.[inand]us») par le roi de Naples, FERDINAND Ier d'Aragone (1423-1494), en
faveur de son conseiller Laudadeo di Ligugnano, chargé de récolter de nouveaux
impôts dans les Abruzzes. Le souverain lui octroie une prime annuelle de 200
ducats afin qu'il n'ait pas à puiser dans ses propres deniers («... ne propriis
sumptibus... laborare...»).
L'humaniste Giovanni PONTANO
a signé ici en sa qualité de substitut du secrétaire d'Etat ; l'année suivante,
il sera nommé Premier ministre et conservera cette charge durant une décennie.
On ne trouve que très
rarement des autographes d'hommes de lettres du XVème siècle ! Notre document
(qui a hélas perdu son sceau pendant) est de plus dans un état de conservation
exceptionnel pour un parchemin vieux de cinq siècles !
222. POURRAT Henri
(1887-1959) Ecrivain français connu pour son roman Gaspard des Montagnes -
L.A.S., 1 p. in-8 ; Ambert, 28.XII.1926. Trous de classement dans la marge
gauche. (250.-) 150.-
Il envoie les trois notes et
affirme travailler à l'étude : «... Je pense lui donner un tour tel que les
objections que vous faites ne porteraient pas...». La lettre que lui a adressée
le critique, essayiste et romancier suisse Robert de Traz lui a fait grand
plaisir : «... Je suis heureux de me sentir ainsi en amitié avec vous, tous
deux. Ce qu'il m'écrit là me rejoint bien...», etc.
223. PROUST Marcel
(1871-1922) Ecrivain français - L.A.S., 3 1/2 pp. in-8 obl. (8500.-) 6000.-
Longue missive d'argument
littéraire où Proust demande l'aide d'un ami afin d'obtenir la publication d'un
article à dix francs la page ! «... Mon cher ami, ... 1° je voudrais que vous
demandiez à votre ami (attirez-le un moment - comme dirait M. de Chevilly -
hors de la présence de Boncour...) si la Revue paye en effet 10 fr. la page. De
Flers... m'a dit qu'au mois de juillet c'est ce que la même Revue... lui avait
répondu...», etc.
«... 2° Si cela est le
prix... - poursuit plus loin Proust - Tâchez qu'il prenne l'article et de plus
tâchez qu'il me réponde aujourd'hui...», car Thadée NATANSON, de la Revue
Blanche, «... chez qui je suis allé en soirée... me demandait un Ruskin et je
me disais, sans oser le lui dire : si la Nouvelle Revue me retape...», etc.
Ainsi que Robert de Flers le
lui a laissé entendre, l'écrivain espère «... que cela marchera à la
N.[ouve]lle Revue et avec votre appui... cela me paraît certain...». Le début
de son article sera d'ailleurs «... non pas allongé, mais embelli...» car ayant
perdu les premières pages, il a dû les récrire : «... j'ai mis quelques phrases
n'importe lesquelles. Le raccord demandera trois minutes. Je le ferai au besoin
sur épreuves...».
Intéressant texte se plaçant
au tournant du siècle, où, pour une fois, Proust ne parle pas de ses problèmes
de santé mais d'amis tels que Robert de Flers, Pierre de Chevilly et Thadée
Natanson, ainsi que d'articles consacrés à John RUSKIN, dont l'écrivain français
traduisit certaines des œuvres.
224. PUCCINI Giacomo
(1858-1924) Compositeur italien - L.A.S. sur cp in-12 obl. ; (Torre del Lago,
10.V.1917). Adresse autographe. (900.-) 600.-
Onze lignes au dos d'une vue
du lac de Massaciuccoli, près de Lucques - où Puccini aimait aller chasser sur
son bateau à moteur - en réponse au message reçu d'un homonyme, Mario PUCCINI.
Le compositeur le remercie pour l'intérêt qu'il témoigne à sa personne ainsi
qu'à son nouvel opéra dont il lui fera avoir un exemplaire dès sa publication.
Il dit en outre avoir écrit au journaliste Cavacchioli «... per avere i numeri
del Mondo...», journal où certains articles le concernant avaient proba-blement
été publiés.
L'opéra auquel le compositeur
fait allusion est La Rondine, créé à Monte-Carlo le 27 mars 1917. Quant à Mario
PUCCINI (1887-1957), c'était un journaliste et romancier très apprécié à
l'époque. De son expérience dans l'armée - Puccini lui adresse ici son message
au «Comando Supremo - Zona di Guerra» - il laissera en 1927 un témoignage dans
son roman le plus important : «Cola, o ritratto dell'italiano», texte très
anticonformiste.
225. QUATUOR BOHÉMIEN, 1904
- Signatures des membres du Quatuor sur page in-12 ; Francfort, 25.III.1904.
Enveloppe. (450.-) 300.-
Feuille de papier à lettre
portant en haut la date et le nom du Quatuor «Die Böhmen» de la main du
violoniste tchèque Josef SUK (1874-1935) suivi de sa signature et de celles du
violoniste Karel HOFFMANN (1872-1936), de l'alto Oskar NEDBAL (1875-1930) et du
violoncelliste Hanus WIHAN qui avait remplacé Otto BERGER, mort en 1897.
Créé en 1891 par quatre
élèves de Hanus WIHAN (1855-1920) au Conservatoire de Prague, ce Quatuor
Bohémien acquit très vite une réputation internationale par ses interprétations
de musique tchèque, notamment du «2e Quatuor» de Smetana qu'il popularisa.
226. RACHEL, Elisa Félix, dite
Mademoiselle (1821-1858) Tragédienne française - L.A.S., 1 p. in-8 ;
Marseille, 1.X.1856. (2500.-) 1500.-
Rare lettre à son ancien
amant, qui fut aussi l'un de ses plus grands admirateurs, le poète dramatique
François PONSARD (1814-1867). Au fil des années, une douce amitié avait
remplacé leurs enivrantes rencontres amoureuses et l'affection de son ex-amant fut
précieuse à Rachel dans les derniers moments difficiles de sa vie.
Souvent malade, notamment
depuis son retour d'Amérique l'année précédente, elle affronte péniblement le
peu de temps qu'il lui reste à vivre. Fin juillet, son état de santé s'est
empiré et les médecins, désarmés devant la tuberculose, lui ont conseillé
quelques mois de repos dans un climat chaud. Le congé sollicité pour son séjour
aux Etats-Unis n'expirant que le 31 octobre 1856, elle espérait retrouver aussi
vite que possible les applaudissements de son public au Théâtre français.
Avant d'embarquer à Marseille
sur la bateau qui allait la conduire en Egypte, la tragédienne avait pris la
difficile décision de remettre son petit Alexandre à la garde de son père, le
comte WALEWSKI. C'est alors qu'elle adresse à son ami fidèle Ponsard cette
émouvante lettre inédite : «Merci cher Ponsard... vraiment [votre lettre]... me
ranime, on souhaite vivre alors qu'on se sent un peu aimé... Je vous
embrasse...».
Missive empreinte d'une
grande tristesse et témoignant de l'amitié profonde qui unissaient ces deux
êtres.
227. RAEDER Erich
(1876-1960) Amiral allemand commandant en chef de la Marine dès 1935 - P.S., 1
p. in-folio ; Berlin, 23.XI.1940. Sceau à sec du Reich. Légèrement défraîchi. (300.-) 200.-
Nommé par Hitler «Grand
amiral du Grand-Reich», Raeder accorde une promotion à un officier de marine.
228. RAITENAU, Wolfgang
Dietrich von (1559-1617) Prince-archevêque de Salzbourg de 1587 à 1612, il
fut en guerre contre les Protestants - L.S. «Wolf: Dietrich Reit.», 3 pp.
in-folio ; Salzbourg, 22.V.1608. Adresse et trois beaux petits cachets aux
armes de Raitenau et de deux autres. Deux trous de ver touchant quelques mots
sans nuire à la compréhension du texte. Restauration ancienne. (800.-) 500.-
Rare missive en allemand,
adressée à Sigmund AMAN, «Hofmeister zu Arnstorff», concernant certaines
contributions et communiquant des instructions sur la manière de les régler,
etc.
Dès l'âge de 28 ans, le jeune
prélat, issu d'une noble famille catholique autrichienne, fut au cœur du
renouvellement de la ville de Salzbourg, favorisant la construction d'églises
et de palais de style baroque, monuments parmi lesquels le Schloss Mirabell fut
son préféré. Son train de vie faste et coûteux l'entraîna en 1611 dans une
guerre contre la Bavière qu'il perdit, l'obligeant à se démettre. Son
successeur l'enferma jusqu'à sa mort à Hohensalzburg.
L'unité architecturale et le
charme de Salzbourg tant admiré de nos jours, qui ont valu à la ville le surnom
de «Rome des Alpes», sont dus aux folies de ce Prince-archevêque qui paya fort
cher son goût pour le baroque !
Ex-collection Wilhelm et Karl
KÜNZEL (XIXe).
229. RAMUZ Charles Ferdinand
(1878-1947) Le grand écrivain suisse d'expression française - P.S. par lui et
par 4 autres personnalités suisses, 1 p. in-4 ; Lausanne, juillet 1940. (200.-) 120.-
Lettre circulaire proposant,
en ce début de Seconde Guerre mondiale, la construction de maisons en bois du
genre «... Petits Français...» pouvant abriter jusqu'à une cinquantaine
d'enfants abandonnés. «... La dévastation et l'évacuation précipitée des
provinces ont jeté sur les routes de France des milliers d'enfants... voués au
sort le plus lamentable si l'on ne vient promptement à leur secours. Le plus
urgent est de leur offrir un toit et des soins maternels... Mais il faut faire
vite...», etc. Dans un élan de solidarité, quelques illustres Suisses se sont
émus et ont lancé une souscription nationale. Outre Ramus, ont également signé
de leur main cette circulaire le compositeur Gustave DORET (1866-1943),
l'écrivain René MORAX (1873-1963), le critique et romancier Paul BUDRY
(1883-1949), le littérateur et politologue Maurice MURET (1870-1952), et un
autre.
230. RASPAIL François
(1794-1878) Biologiste, chimiste et homme politique français, l'un des apôtres
du suffrage universel - L.A.S., 1 p. in-8 ; Paris, «7 Nivôse 79 de la Rép. fr.»
(28.XII.1870). (500.-) 350.-
Missive écrite pendant le
siège de Paris. L'ancien révolutionnaire socialiste offre au Maire de son
arrondissement un bon sur la poste de cinquante francs «... pour les
nécessiteux, quels qu'ils soient... avec prière de m'en donner un reçu...».
Le Siège de la capitale
française avait obligé Raspail à abandonner sa villa d'Arcueil, mais non,
semble-t-il, sa façon de compter les années sur le calendrier républicain...
231. RECLUS Elisée
(1830-1905) Géographe et théoricien français de l'anarchisme - L.A.S., 2 pp.
in-8 ; Bruxelles, 17.VI.1895. (600.-) 400.-
Exilé comme membre de la
Commune de Paris en 1871, le savant se réfugia en un premier temps en Suisse où
il travailla à sa Géographie universelle qui lui valut un poste à l'université
libre de Bruxelles.
Magnifique lettre à un «...
très cher ami...» dont Reclus a lu avec stupeur et indignation le message
relatif à leur ami commun Louis : «... Et penser que ses abominations se font
contre des milliers et des milliers, et précisément contre les meilleurs. Il
est difficile de jouir en paix... quand on voit s'accomplir de telles atrocités
!...». Plus loin, il annonce que «... les extraits de Goncourt...» ont déjà été
transmis à leurs destinataires et que la publication des brochures à Bruxelles
a été stoppée quelque temps : «... Achat d'une presse trop bon marché, mauvais
fonctionnement d'icelle, puis réparation ; efforts surhumains des deux
travailleurs, maladies consécutives...». Le numéro 2 est maintenant chez le
brocheur et les deux numéros suivants en épreuves, etc. Il compte aller
prochainement en Angleterre «... où la tentative de colonie anarchiste m'intéresse
vivement...».
Rappelons que le prince
Pierre KROPOTKINE (1842-1921), révolutionnaire russe et ami du géographe,
s'était réfugié à Londres dès 1889 ; il avait été le fondateur à Genève du
Révolté, journal qui exposa les grands thèmes de la pensée anarchiste auquel
Reclus avait assidûment collaboré.
232. RENOIR Auguste
(1841-1919) Peintre impressionniste français - L.A.S., 2 pp. in-8 face à face ;
Cagnes, 25.XII.1915. Enveloppe autographe. (4000.-) 2800.-
A son ami, le mécène Maurice
GANGNAT (1856-1924), résidant au «... 24 Avenue de Friedland - Paris», demeure
dont des toiles de Renoir décorèrent la salle à manger dès 1909 : Danseuse avec
castagnettes, Danseuse au tambourin, etc.
«Mon cher..., J'ai reçu votre
lettre et ne sais comment vous remercier de la peine que je vous donne.
Depuis... j'ai la tête libre et j'ai pu refaire un peu de peinture n'étant plus
occupé par ces notaires dont je ne pouvais tirer aucun conseil raisonnable...».
Le peintre espère avoir bientôt le plaisir de revoir son correspondant ; il
promet d'écrire plus longuement dès qu'il sera débarrassé des maux qui
l'affligent.
Gangnat fut certainement le
plus grand collectionneur d'œuvres de Renoir dont il posséda 180 toiles, la
plupart exécutées à Cagnes. On pouvait également admirer chez lui cinq Cézanne,
des Vuillard, etc.
233. RIBBENTROP, Joachim von
(1893-1946) Ministre nazi des Affaires étrangères, il joua un rôle déterminant
dans l'expansion de l'Allemagne hitlérienne. Condamné et exécuté à Nuremberg -
L.S., 1 p.in-8 ; Londres, 21.VI.1933. En-tête du Ritz Hotel. Pièces jointes. (450.-) 300.-
Il rencontrera volontiers son
correspondant anglais : «... I... will be delighted to have a chat with you.
Will you call me up at the Ritz... so that we may arrange a time...».
Joint : trois lettres des
années 1933, 1934 et 1939 au même destinataire, signées par les ambassadeurs
Leopold von HOESCH (1881-1936), Hans Heinrich DIECKHOFF (1884-1952) et Wernher
von OW-WACHENDORF (n. 1886).
Ces quatre missives sont
adressées au Major Ed. William POLSON-NEWMAN, auteur d'études
politico-historiques parues dans les années 1930.
234. RILKE Rainer Maria
(1875-1926) L'illustre poète de langue allemande - Message autographe de cinq
lignes au recto/verso de sa carte de visite ; Valmont, Suisse, 31.XII.1925.
Pièce jointe. (1200.-) 800.-
Charmante pièce autographe où
Rilke, à nouveau hospitalisé près de Lausanne dans la Clinique Valmont
spécialisée dans le traitement des maladies nerveuses, présente «...
respectueusement et en toute reconnaissance ses vœux pour une heureuse année
1926...», etc.
Ce message fut envoyé à
Madame Mary WIDMER-CURTAT (1860-1948), poète, et à son époux le docteur
Auguste-Henri WIDMER (1853-1939). Celui-ci avait fondé en 1905 à Territet, la
Clinique Valmont qu'il dirigeait. Atteint de leucémie, Rilke fut l'un de ses
plus illustres patients ; dès 1923, il y fit de fréquents séjours et c'est dans
cet établissement qu'il expira le 29 décembre 1926, à 5 heures du matin, soit à
deux jours près, un an seulement après avoir tracé ces quelques lignes
reconnaissantes.
Joint : papier renfermant une
petite tige feuillue, cueillie en 1942 sur la tombe du Poète par l'architecte
vaudois Adolphe BURNAT (1872-1946). [Voir aussi le n° 280, Julie Weidenmann]
235. RILLET Louis (1794-1856)
Officier suisse au service de Napoléon Ier puis de Louis XVIII. Rentré à Genève
en 1822, il devint colonel fédéral et commanda en 1846 la première division
dans la guerre du Sonderbund avant de se brouiller avec James Fazy - P.A.S., 2
pp. in-8 ; La Servette, 12.III.1843. (500.-) 300.-
Important texte politique,
partie finale d'une lettre à Elie BOVET, où il est entre autres question d'une
nouvelle loi sur la naturalisation empêchant «... toutes ces réceptions de
nouveaux citoyens qui allaient nous dénationaliser complètement. Je joins
ici... le Rapport sur cette loi ; il est de moi... La propriété des Temples,
Hôpital, Société Economique est reconnue
par la Constitution aux anciens genevois protestants ; mais ce qui eut été
selon moi bien détestable, ç'aurait été la séparation de l'Eglise et de l'Etat
qui eût laissé à jamais les intérêts du protestantisme entre les mains des
Protestants exclusivement...». Rillet soutient qu'il n'y a d'autre solution que
«... le rapprochement de tous les vrais Genevois, quelques soient leurs
opinions... et certes... si pour un pareil but un adversaire fait un pas vers
moi, j'en ferai dix pour aller à sa rencontre...» ; si cela s'avère nécessaire,
«... il faut se séparer d'une part de ces hommes dédaigneux... qui sont prêts à
transporter sur le sol étranger les grands capitaux qui les feront députés,
Pairs de France, que sais-je... et... éloigner de soi ces propagandistes,
tristes débuts de révolutions exotiques...», etc., etc.
236. RODIN Auguste
(1840-1917) Sculpteur et aquarelliste français - L.A.S., 2/3 p. in-8 ; Paris,
182 rue de l'Université, 5.I.1905. (1500.-) 1000.-
A Jules CLARÉTIE à propos de
sa statue du Penseur. «Mon cher Maître, à vous... je pense le dire, parce que
votre constante sympathie, pour le sculpteur, vous a encore fait accepter
d'être du comité du Penseur...» pour lequel Clarétie a envoyé une «... jolie
souscription...». Et Rodin, triomphant, de s'exclamer à la fin de sa lettre :
«... Tout a réussi et mon bronze reste devant le Panthéon...».
Exposée en 1904, l'œuvre
avait réveillé l'hostilité d'une partie de la critique que le Balzac de 1898 et
le Hugo de 1901 avaient soulevée contre l'Artiste. Le hourvari fut à son comble
quand, sur l'initiative de la Revue Les Arts de la Vie, une souscription
publique fut ouverte pour acheter et ériger l'œuvre sur une place publique de
Paris et qu'on suggéra l'emplacement compris entre la grille et l'escalier du
Panthéon. Les partisans de Rodin remportèrent néanmoins la bataille et la
statue fut officiellement inaugurée le 21 avril 1906. [Voir aussi le numéro
174, Monet]
237. ROMMEL Erwin
(1891-1944) Feld-maréchal allemand, chef de l'Afrikakorps en Lybie en
1941-1943. Il se suicida sur ordre d'Hitler - P.S., crayon, 1 p. in-4 ;
(Lybie), 30.III.1942. (600.-) 400.-
Depuis le désert lybien,
Rommel accorde la Croix de Fer à un officier originaire de Regensburg.
Belle signature au crayon
gras, très marquée, en tant que «Generaloberst und Oberbefehlshaber der
Panzerarmee - Afrika».
238. ROSSINI Gioachino
(1792-1868) Compositeur italien - L.A.S., 1 p. in-4 ; Florence, 14.VIII.1851.
Adresse autographe sur la IVe page. INÉDITE. (1800.-) 1200.-
Rossini présente à Antonio
MAGOTTI, «Corrispondente teatrale in Bologna», le jeune baryton Rasori (parent du
peintre Vincenzo RASORI, l'ami de Rossini ?), «... eccellente soggetto che
merita per ogni titolo le di lei sollecitudine. La gentilezza che ho sempre
trovata in lei, spero non mi verrà negata in questo incontro...» ; Magotti
gagnera ainsi «... un nuovo titolo alla mia riconoscenza, e non risparmiare nel
poco che vale il Suo... Gioachino Rossini» !
C'est précisément à cette
époque que Rossini reçut en cadeau du peintre Vincenzo RASORI (1793-1863) son
tableau «David jouant de la harpe», symbole de la musique sacrée...
Après avoir passé le
printemps à Bologne, le compositeur avait précipitemment quitté cette ville
pour Florence le 5 mai avec la ferme intention de ne plus y retourner, un
incident avec le Gouverneur autrichien de la région ayant risqué de compromettre
plusieurs de ses amis bolognais.
239. ROSSINI Gioachino -
PHOTO avec dédicace A.S. et date autogr., format carte de visite. (4000.-) 3000.-
Magnifique image du
compositeur en pardessus assis dans un fauteuil de style Louis XIII, sa main
droite posée sur le pommeau de sa canne. Dans la marge inférieure blanche du
support, Rossini a dédicacé son portrait «Al Carissimo Eugenio Bosino - Parigi
1861». [Voir illustration en couleurs]
240. ROUSSEAU Jean-Jacques
(1712-1778) Ecrivain et philosophe genevois - Manuscrit autographe d'1/2 p.
in-4 ; (Paris, vers 1745). (900.-) 600.-
Le jeune collaborateur de
Madame Dupin fait en neuf lignes le résumé d'une Ordonnance du roi de France,
Charles V, relatif à l'Abbaye de Poissy (ou Abbaye Royale d'Abbecourt) fondée
en 1184.
«Par Lettres... données en
1368, l'Abbaye de Poissy et tout ce qui lui appartient est soustraite à toutte
autre Jurisdiction que celle du Roy, qui leur accorde de n'avoir à répondre par
devant nul autre Juge que le Prévôt de Paris». Rousseau releva cet extrait dans
le recueil des «Ordonnances du Louvre», ouvrage en 18 volumes publié par
Laurière entre 1723 et 1728 ; il devait servir à sa protectrice, Madame DUPIN,
qui projetait d'écrire un livre (jamais publié) sur les femmes et les lois.
241. SA-da-BANDEIRA, Bernardo
de Sá Nogueira, Marquis de (1795-1876) Homme d'Etat portugais, officier,
ministre, président du conseil. Il fut à l'origine de l'insurrection
septembriste de 1846 contre le ministre dictateur Costa-Cabral de Thomar -
L.A.S., 1 p. in-8 ; (Lisbonne, 27.IV.1848). (500.-) 350.-
L'ancien révolté d'Oporto a
très vite repris son rôle de chef de l'opposition au sein des Cortès, suite à
la Convention du 28 avril 1847 proposée par la Grande-Bretagne et acceptée par
la jeune reine dans le but de mettre fin aux discordes civiles.
Il s'adresse ici à l'artisan
de cette Convention, le diplomate anglais Sir George Hamilton SEYMOUR
(1797-1880), envoyé extraordinaire de Sa Majesté britannique au Portugal, dont
Sa-da-Bandeira semble être un intime, ainsi qu'en témoigne cette lettre. «Mon
cher Sir Hamilton, Comme nous avons parlé hier du Saumon du rio Minho, je vous
prie d'accepter une boîte de ce poisson qui m'a été remise de Caminha...» ;
suivent quelques lignes relatives à la santé de «Mylady», l'épouse de son
correspondant. Autographe rare.
242. SADATE, Anouar Al-
(1918-1981) Président égyptien de 1970 à sa mort. Prix Nobel de la paix en 1978
pour sa politique de rapprochement à Israël. Il fut assassiné par des
militaires intégristes – Superbe PHOTO in-4 obl., signée en arabe ; Belgrade,
8.IV.1976. (600.-) 400.-
Belle image nous montrant le
Président égyptien s'entretenant avec le Président yougoslave Tito. Souriant,
les deux hommes posent devant des photographes apparaissant eux-mêmes en second
plan sur la photo.
243. SADE, Donatien de
(1740-1814) Le célèbre marquis à la vie aventureuse - L.A., 1 1/2 pp. in-4 ;
(Lacoste, fin 1771). (1800.-) 1200.-
Message du jeune Seigneur de
Lacoste écrit peu avant son aventure marseillaise et destiné à son avocat et
notaire à Apt, F.-B. Fage, régisseur des biens de Sade père et fils. La lettre
commence par un décompte de 400 francs, montant dû à Monsieur Paulet,
responsable de la gestion des affaires relatives au château de Lacoste. Parmi
ces dépenses, notons celles de travaux réalisés dans le parc ou concernant les
provisions de bois et d'huile d'olive pour la famille Sade, la somme la plus
élevée, soit 120 francs, correspondant à des dépenses personnelles («pour
moi»).
Le Marquis adresse ensuite un
cinglant reproche à Fage qu'il accuse de trop d'empressement à «... faire un
courrier en blanc... C'est se moquer du monde pour le plaisir de s'en moquer.
Cela discrédite, fait qu'on refuse tout, qu'on dit du mal de l'homme d'affaires
et du Seigneur. Si c'était quelque paysan, ou quelque Jean Maille, vous
n'auriez pas agi comme cela, n'est-ce pas ?...».
Sade commençait-il à
soupçonner la duplicité de Fage, trop lié selon lui à Madame de Montreuil, sa
belle-mère ? En 1774, le Marquis lui retirera définitivement sa confiance...
244. SAINT-SAËNS Camille
(1835-1921) Compositeur français - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8, papier de deuil ;
Saint-Germain-en-Laye, 28.V.1889. (500.-) 350.-
Peu après la mort de sa mère,
à laquelle Saint-Saëns était particulièrement attaché, le compositeur répond à
un «illustre confrère» qui aurait souhaité l'inviter à une manifestation
littéraire. «... Ce n'est guère ma place de figurer dans le Congrès de la
Société des Gens de Lettres ; néanmoins j'y ferai acte de présence... Ma santé,
et plus encor l'état de mon esprit (le deuil récent de sa mère) me tiennent en
ce moment à l'écart de toute réunion nombreuse...», etc. [Voir aussi les
numéros 23, Caldani, et 137, Lecocq]
245. SAINT-SAËNS Camille -
L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; Paris, 17.VII.1896. Enveloppe autogr. (1200.-) 800.-
Très belle lettre relative à
son opéra Phryné et présentant en termes infiniment élogieux le mezzo-soprano
qui avait tenu le rôle de Lampito, l'esclave favorite.
«... M lle Buhl, qui a été si
charmante dans le rôle de Lampito, ne rentre pas à l'Opéra-Comique ; elle
voudrait bien jouer Lampito à Bruxelles... Il me semble qu'à votre place je
n'hésiterais pas... Elle est exquise, bien élevée, pas cabotine, zélée et
consciencieuse, une voix juste, une émission franche et intelligente avec tout
ça...». Saint-Saëns sait que la troupe est déjà formée : «... Malgré tout,
j'espère, parce que je sais que vous ne rencontrerez [pas] souvent une pareille
perle...».
Son travail de composition du
ballet (Javotte, pièce en 1 acte et 3 tableaux représentée pour la première
fois le 3 décembre suivant et reprise à l'Opéra-Comique de Paris en 1899) «...
marche grand train. Je crois avoir fini le 2d tableau...».
Le compositeur fait suivre sa
signature de six lignes insistant encore sur le «... timbre d'argent...» de
Mlle BUHL qu'il verrait tenir le rôle «... de la petite paysanne Léva...»,
personnage central de sa Princesse jaune, œuvre en vérité peu représentée.
Créée en 1893 à
l'Opéra-Comique, Phryné est une opérette
aux tons surannés et aux airs délicieux auxquels Saint-Saëns a joint tout
l'humour dont il pouvait disposer.
246. SAINT-SAËNS Camille -
L.A.S., 3 1/2 pp. in-8 ; Paris, 13.VIII.1897. Enveloppe autogr. (1200.-) 800.-
Les projets de son correspondant
à propos de son drame lyrique Prospérine, dont lui a fait part l'éditeur
Durand, le comblent de joie, «... surtout si vous pouvez avoir Mlle DELNA que
j'ai toujours désiré voir dans ce rôle... ; elle a fait son possible pour le
jouer à l'Opéra-Comique. Après la création de la pièce par elle vous pourriez
ensuite faire reprendre le rôle par un Soprano, cela donnerait un attrait de
renouveau à l'ouvrage...», etc.
Le compositeur, qui s'apprête
à quitter Paris et se dit «... bousculé autant qu'on peut l'être...» pense en
effet que ce remplacement de l'alto Marie DELNA (1875-1932) par un soprano «...
profiterait certainement...» à son drame quelque peu délaissé, le sujet n'ayant
pas plu au public, notamment à cause de son audace et sa brutalité excessives.
247. SAINT-SAËNS Camille -
L.A.S., 2 pp. in-8 ; Paris, «Rue de Courcelles», 17.V.1911. (450.-) 300.-
L'auteur de la musique de
Déjanire - tragédie lyrique qui venait d'être donnée dans sa nouvelle version à
Monte-Carlo le 14 mars précédent - s'adresse à une dame, confus qu'elle ait
pris la peine de le remercier pour «... si peu de chose et bien au regret de
penser que vous avez désiré si longtemps ce que j'aurais été heureux de vous
accorder...», etc. Il envoie ses meilleurs souvenirs à l'époux de sa
correspondante. Belle et grande signature.
248. SAINT-SAËNS Camille -
L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Dieppe, «Hôtel des Familles». (750.-) 500.-
Intéressante missive faisant
semble-t-il suite à une discussion d'ordre... biblique !
Il craint de s'être mal expliqué
: «... Dans les deux Bibles que j'ai consultées - écrit-il à une dame - le
Seigneur dit bien à Moïse de prendre sa verge, mais il ne lui dit pas de s'en
servir ; il lui dit : parle au rocher...» ; dans l'exemplaire que détient
Monsieur H. (nom illisible), «... le Seigneur dit à Moïse de frapper le Rocher,
et alors son mécontentement n'a plus de raison d'être...». Et Saint-Saëns de se
s'interroger sur «... cette traduction infidèle...» !
Le compositeur travaillait-il
à un nouvel ouvrage d'inspiration biblique ? Son op. 45, «Le Déluge», oratorio
composé en 1876 sur un texte de L. Gallet débutant par un magnifique prélude
pour ensemble à cordes, a-t-il quelques rapports avec ce message ?
249. SAND George
(1804-1876) Romancière française - Manuscrit A.S., 1 p. in-8 ; Nohant, juin
1863. Papier à son chiffre. Ex-collection Mary FORD. (1500.-) 1000.-
A la demande du docteur Henri
GUÉNEAU DE MUSSY, auquel ce petit manuscrit est offert («A Monsieur Guenaux de
Mussy») George Sand a transcrit une belle page tirée de son nouveau roman
Mademoiselle La Quintinie.
«... Pour atteindre ce cercle
du vrai où aucun mal ne tente plus l'homme éclairé et convaincu, il n'est pas
besoin de mortification, de cilice, de jeûnes et de luttes avec Satan ; non !
le chemin est plus simple... [il] s'appelle l'examen sans entraves et la
religion sans mystères...».
La «bonne dame de Nohant»
semble avoir désormais trouvé une voie nouvelle vers laquelle diriger son âme.
Jugeant l'Eglise catholique intolérante et envahissante, elle jette un cri
d'alarme et oriente toute sa famille vers la doctrice protestante ; son premier
petit-enfant, né le 14 juillet 1863, sera ainsi baptisé par un pasteur de la
religion réformée.
Lorsqu'elle rédige cette
page, George Sand vient de publier chez Lévy Mademoiselle La Quintinie ; ce
roman, dont l'histoire se situe dans la catholique Savoie, reflète le nouvel
état d'esprit de la femme de lettres, alors partagée entre l'amour maternel
pour son fils et celui plus charnel pour son jeune ami Manceau. Quant au
destinataire du manuscrit, le docteur Henri GUÉNEAU DE MUSSY (1814-1892), il
avait suivi la famille royale française à Londres en 1848 ; tout au long de sa
vie, il sera le praticien choisi, à Paris comme en Angleterre, par une
clientèle anglophone, dont fit partie le peintre et graveur anglais Sir Francis
S. HADEN. Guéneau procura ce manuscrit à l'une de ses clientes d'outre-Manche,
Lady Mary FORD, sœur d'un Pair d'Angleterre et grande collectionneuse
d'autographes.
250. SAND, Au sujet de George
- P.A.S. de Pietro PAGELLO
(1807-1898), médecin et poète italien qui avait remplacé Musset dans le cœur de
George Sand, 1p. in-12 montée sur feuille in-8 obl. ; Belluno, 3.IX.1896. En
italien. (450.-) 300.-
Message adressé au Dr Cabanès
à Bellune où le vieux Pagello atteste lui avoir offert en souvenir de sa
visite, la tasse dans laquelle George Sand a tant de fois bu son thé
lorsqu'elle habitait avec lui à Venise.
Rappelons que dans cette
ville, la romancière avait quitté Musset, malade, pour s'enfuir avec son
médecin Pagello dont elle s'était éprise et avec lequel elle eut en 1834 une
liaison amoureuse de quelques mois. Quant à Augustin CABANÈS (1862-1928),
médecin et historien français, il s'était consacré à l'étude des rapports de la
médecine avec l'histoire et la littérature. A la suite de la visite qu'il fit à
Pagello, où il fut accueilli fort aimablement et reçut la tasse en question, le
Dr Cabanès fit paraître le 24 octobre 1896 dans la Revue hebdomadaire un nouvel
article sur l'histoire Pagello/Sand après celui qu'il avait publié le 1er août
précédent.
251. SANTOS-DUMONT Alberto
(1873-1932) Aéronaute brésilien. En 1906 il détint le premier record du monde avec un vol de 220 m d'une durée de 21
secondes ! - L.A.S., 1/2 p. in-4 ; (Valmont, Lausanne, vers 1930). Enveloppe.
Autographe rare. (900.-) 600.-
Fragilisé par une célébrité
mal supportée, Santos-Dumont souffrait d'états d'âme. En 1925, il se fit
hospitaliser dans la célèbre Clinique Valmont, près de Lausanne, dirigée par le
docteur Auguste-Henri WIDMER (1853-1939), puis prit logis dans les environs
pour y demeurer de 1927 à sa mort.
Lors d'un séjour à la
Clinique - où il put côtoyer diverses personnalités venues se refaire une
santé, dont R. M. RILKE, Zelda FITZGERALD (femme de Francis Scott F.), Anna de
NOAILLES, la reine Elisabeth des BELGES, etc. - Santos-Dumont adresse à Madame
Widmer cette curieuse lettre : «... Ci-joint votre album que j'ai réparé de mon
mieux ; ci-joint aussi le livre avec la garde travail de la Dame de Vevey. Je
vous prie de la regarder... Je crois que cette dame travaille très bien...»,
etc.
Plutôt secret et peu liant,
le célèbre aviateur était aussi dépressif. Les honneurs qu'on lui décerna en
France comme au Brésil ne lui firent en rien oublier les accidents d'avion trop
fréquents auxquels sa personne était liée, ni le fait que l'avion était devenu
un engin de guerre. Le bombardement de ses compatriotes révoltés de Sao Paulo
en 1932, lancé malgré ses appels à la paix, sera l'origine de sa mort accidentelle
(ou suicide ?).
252. SARASATE, Pablo de
(1844-1908) Violoniste et compositeur espagnol - MUSIQUE A.S., 1/2 p. in-12 ;
(Francfort), 6.XII.1902. Enveloppe. (400.-) 250.-
Une seule jolie mesure en clé
de sol, sur laquelle le violoniste a tracé quatre notes, chacune précédée d'un
bémol, avant de signer «Pablo de Sarasate / 6-12-1902». Pièce envoyée à un
admirateur lors d'une tournée de concerts en Allemagne.
253. SCHWEITZER Albert
(1875-1965) Médecin missionnaire, théologien et musicien alsacien, prix Nobel de la paix en 1952 - PHOTO signée, 12°
; [Lambaréné, 23.IV.1961]. Joint : lettre avec enveloppe affranchie et brochure
imprimée. (500.-) 350.-
Beau portrait imprimé, avec
signature autographe «Albert Schweitzer» dans la large marge inférieure
blanche. Assis à son bureau, le missionnaire travaille à un manuscrit ;
derrière lui, sa bibliothèque remplie de livres et d'objets.
Joint : longue lettre A.S. de
Mathilde KOTTMANN, infirmière et collaboratrice de l'illustre docteur depuis 1924,
évoquant la santé de son patron qui, malgré son grand âge et un problème aux
yeux, «... noch die Verantwortung für sein so gross gewordenes Spital tr-gt.
Das seine Augen furchtbar müde sind und er sich mit einer Hand die vom
Schreibkrampf befallen ist qu-lt...», etc. Avec cette lettre, le destinataire
avait reçu un texte imprimé de 8 pp. in-8 titré «Wiedersehen mit Lambarene»
(ci-joint) écrit par Jeannette Siefert en mai 1960.
254. SIBELIUS Jean
(1865-1957) Compositeur finlandais, figure majeure de la musique du XXe siècle
- L.A.S., 1 p. in-4 ; J-rvenp--, 9.XII.1921. Pli central renforcé au dos. (1200.-) 800.-
Lettre en finlandais adressée
à son vieil ami l'architecte Hugo LINDBERG (1863-1932), dont voici la
traduction d'un extrait : «... La neige est là, lourde et triste, comme
toujours à l'occasion de mon anniversaire. Mais voilà que de merveilleuses
superbes fleurs m'apportent un vigoureux effet de soleil et de printemps !
Comme il est beau de voir que vous vous souvenez encore de moi...», etc.
Après la seconde Guerre
mondiale, Sibelius avait repris ses voyages et ses tournées. En 1921, il
commença à composer l'une de ses dernières œuvres importantes, sa Symphonie n°
6, qu'il terminera deux années plus tard.
255. SIOUX (Rocky Mountains)
- Signature autographe du vieux chef indien de la tribu des Sioux, WALKING
BUFFALO, né en 1870 et demeurant dans la Stoney Reserve canadienne - Carte
in-16 obl., (Caux, juin 1960). Pièces jointes. (250.-) 180.-
Cinq lignes autographes
donnant son nom («Chief Walking Buffalo»), son adresse américaine («Alberta
Canada - Stoney Reserve - Morley») et son lieu d'arrivée en terre helvétique
(«Rocky Mountain - Souisa»). Le chef indien était venu participer à la
Conférence mondiale du Réarmement Moral en opposition au Communisme, organisée
en 1960 à Caux, village perché à plus de mille mètres dans les montagnes
suisses, au-dessus de Montreux.
On joint 1) une très belle
photo in-12 de Walking Buffalo arrivant en tenue d'apparat à l'aéroport de
Genève ; 2) une lettre de l'un des organisateurs de la conférence qui transmet
l'autographe à un ami et ajoute quelques détails relatifs à la réunion de Caux
et au vieux chef indien ; 3) quelques coupures de journaux de l'époque.
256. SMETONA Antanas
(1874-1944) Premier Président de Lithuanie de 1926 à 1940, il quitta le pays
lors de l'invasion soviétique - L.A.S., 2/3 p. in-8 ; Washington, 31.III.1941.
Pièces jointes. (300.-) 200.-
De son exil américain, le
vieux président envoie «... some words and my signature...». En-tête, il a noté
: «Lithuanian Legation, Washington, D.C.».
Joint : 15 photos de presse de personnalités du monde
de la politique du XXe siècle : De Gaulle, Nehru, Franco, Guillaume II, Lübke,
Erhard, etc. Deux sont signées : Robert Menzies et Tito. Bon état de
conservation.
257. SOMOZA Anastasio
(1896-1956) Président-dictateur du Nicaragua de 1937 à sa mort. Il fut
assassiné - L.S., 1 p. in-folio ; Managua, 26.VI.1951. Deux grands sceaux à sec
de l'Etat. Bel en-tête manuscrit à son nom en tant que Président. Autographe
peu commun. (300.-) 200.-
Au Président du Pérou, le
général Manuel ODRIA (1897-1974), auprès duquel il envoie son ambassadeur.
«Grande y Buen Amigo, Hónrome en participar a
Vuestra Excelencia que He dispuesto dar por concluida la Mision
encomendada...», etc. Pièce contresignée par le ministre des Affaires
étrangères nicaraguayen.
258. SOTZMANN Daniel-Frédéric (1754-1840) Géographe et cartographe allemand
- Gravure signée et aquarellée, 8 x 7 cm. (1000.-) 600.-
Rare épreuve originale d'une
minuscule carte géographique de l'Ober und Nieder Schlesien dessinée par le
célèbre cartographe, gravée en taille-douce et aquarellée dans ses ateliers.
Dans le coin inf. gauche, petite signature autographe du géographe qui, par ses
dessins clairs, beaux et nets, introduisit de réelles améliorations dans la
cartographie allemande de son temps.
259. SPEKE John H.
(1827-1864) Explorateur anglais. Après avoir exploré l'Himâlaya, le Tibet, la
Somalie et le Caucase, il voyagea en Afrique centrale et y découvrit les lacs
Tanganyika et Victoria-Nyanza en 1858. Avec Grant, il explora en 1860 l'Ouganda
et descendit une partie du cours du Nil - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Grand Hôtel,
Paris, 9.IV.1864. Autographe très rare ! (6000.-) 4000.-
Remarquable missive
scientifique adressée au célèbre géographe français Victor-Adolphe MALTE-BRUN
(1816-1889), secrétaire de la Société géographique de Paris.
L'explorateur prépare une
nouvelle expédition, que sa mort prématurée viendra hélas interrompre. Il désirerait
savoir si quelque autre expédition française a déjà pénétré en Afrique par
l'embouchure de la rivière du Gabon, et si c'était le cas, jusqu'où aurait-elle
suivi la ligne de l'Equateur et dans quel but, etc.
«... Would you have the
goodness to inform me if any French or other Expeditions have penetrated to
Africa from the mouth of the Gabon river. If so... for that purpose... It is
with a view to opening those fertile regions to commerce and civilisation I
have done myself the honor of addressing you...», etc.
Le capitaine Speke est une
figure mythique de l'exploration africaine. Lors de son voyage à Paris cette
année-là, il avait été reçu par Napoléon III qui lui avait promis son aide.
mais peu après son retour en Angleterre et alors qu'il se préparait à défendre
sa découverte des sources du Nil, mise en doute par son ex-ami et concurrant
Sir Richard. F. BURTON, il perdit la vie à l'âge de 37 ans, tué
accidentellement lors d'une banale partie de chasse à la perdrix !
Ses autographes sont de la
plus grande rareté, et notamment ceux qui concernent son activité
d'explorateur.
260. STEPHENSON George
(1781-1848) Ingénieur britannique, il fit en 1814 la première démonstration
publique de sa locomotive à vapeur pouvant traîner des wagons chargés - L.A.S.,
2 pp. in-8 ; Londres, 21.VII.1843. Adresse autographe et timbre-poste (reine
Victoria, one penny). Plis renforcés et coin côté adresse restauré. (1600.-) 1200.-
A Monsieur Abraham, de Regent
Park. «... Since you called upon me... Mr Leslie Jun.r has been with me and
brought an account of dilapidations, and repairs said to be waiting in and
about the Smith Shop in Wells News...». L'ancien réalisateur de chemins de fer,
qui se consacrait désormais à la commercialisation des ressources minérales que
produisaient ses puits de charbon, nécessaires notamment à ses locomotives à
vapeur, informe son correspondant qu'il attend l'aboutissement d'une
négociation pour prendre certaines décisions : «... as soon as I have got it, I
will commence repairs, until then my hands are tied...».
Cette année-là, Stephenson se
retirait à Chesterfield, laissant les affaires à son fils ; il allait dédier
les dernières années de sa vie à constituer, puis présider la toute nouvelle
Institution of Mechanical Engineers.
261. STEWART James
(1908-1997) et Marlène DIETRICH (1901-1992) Acteurs de cinéma - PHOTO signée
par les deux, 12°. (300.-) 200.-
Image extraite du film «No
Highway», sorti en 1951. Tirage tardif, signé vers 1980 par James Stewart au
feutre bleu et par Marlène Dietrich au feutre argenté.
262. STRAUSS Richard (1864-1949) Compositeur allemand - L.A.S., 1
p. sur carte postale in-12 obl. ; Berlin, 31.X.1913. Adresse autographe au dos
et cachet du fabricant de pianos berlinois
Jbach. Trous de classement. En allemand. (500.-) 350.-
Il demande au responsable de
la fabrique de pianos JBACH l'envoi d'un accordeur qualifié capable de réparer
son délicat piano à queue. En 1913 avait lieu à Berlin la première de son
Deutsche Motette, composé sur un texte de F. Rückert.
263. STRAVINSKI Igor
(1882-1971) L'illustre compositeur russe - Photo avec dédicace A.S. datée «Rom
1954». Légère petite éraflure quasiment imperceptible en haut du front. In-4. (2000.-) 1500.-
Superbe portrait du
compositeur photographié de profil, tenant un fume-cigarette dans sa main
droite (cliché du photographe Eric SKIPSEY, de Vancouvert). La dédicace, tracée
sur sa veste grise, dit : «To Marcel L. Bossi - Happy Easter - Sincerely - Igor
Stravinsky - Rom 1954». C'était l'époque où le musicien travaillait à son «In
Memoriam Dylan Thomas», pièce pour ténor, quatuor à cordes et quatre trombones
(février/mars 1954).
264. STÜCKELBERG Ernest
(1831-1903) Peintre suisse de Bâle, connu notamment pour avoir décoré la
chapelle de Guillaume Tell près de Sisikon - L.A.S., 2 1/2 pp. in-8 ; Bâle,
8.II.1898. (450.-) 300.-
A propos de ses peintures de
la Chapelle de Guillaume Tell !
L'artiste rappelle au
libraire Vodoz, de Vevey, que la Maison Benziger et Co. a déjà fait faire des
photos «... qui donnent les fresques de la Chapelle... un peu en raccourci,
cependant plus vraies que les gravures connues...», photos ne se trouvant pas
dans le commerce. Stückelberg estime d'autre part difficile la prise de
nouveaux clichés «... vu que la distance de la paroi où sont les tableaux du
saut de Tell et de la mort de Gessler est trop petite...» ; il déclare avoir
permis à une Maison munichoise «... de reproduire trois ou quatre têtes d'étude
pour la livraison Kunst für Alle...» éditée lors de son 65ème anniversaire,
etc.
265. [Guerres de religion] SULLY,
Maximilien de Béthune, duc de (1560-1641) Célèbre homme d'Etat et
économiste, compagnon et conseiller écouté d'Henri IV - P.S. «M. de Béthune»,
3/4 p. in- folio ; Paris, 5.III.1609. (900.-) 600.-
Important arrêt concernant
«... les habitants catholiques du lieu d' Ossès au pais souverain de Bearn...».
Henri IV «... en son conseil
a ordonné et ordonne que... l'église du dit lieu... sera rendue aux catholiques
en baillant par eux un lieu propre et commode à ceulx de la relligion prétendue
refformée pour fere leur exercice...». Pièce contresignée par les secrétaires
d'Etat Pierre BRULART de Sillery
(1583-1640) et Claude BULLION († 1640),
futur bras droit du cardinal de Richelieu.
266. TAGORE Rabindranath
(1861-1941) Poète indien à l'inspiration mystique et patriotique, prix Nobel en
1913 - Signature autographe au crayon-encre, tracée vers 1925 au dos de la
carte de visite d'un admirateur. Traces d'un ancien montage. (250.-) 150.-
267. TAHITI, 1842 - Copie
originale d'époque d'une lettre du contre-amiral Abel DUPETIT-THOUARS à la
reine POMARÉ, 2 pp. in-folio ; «Frégate LaReine Blanche,baie de Papeïte»,
5.XI.1843. Fentes restaurées dans la marge supérieure. (700.-) 400.-
Texte historique ! Le 9
septembre 1842, Dupetit-Thouars avait obligé la reine Pomaré à reconnaître le
protectorat français sur les îles Marquises. Des troubles s'en suivirent, en
partie fomentés par le missionnaire protestant George Pritchard. Pour rétablir
l'ordre, l'amiral décide alors de proclamer, le 6 novembre 1843... l'annexion
de Tahiti à la France !
La veille, l'amiral adressait
cette lettre «... A Sa Majesté la Reine Pomaré...» : «Madame... je Vous ai
informée... que, depuis le jour où Vous avez demandé la protection (!) de la
France et avez signé un traité avec moi pour abandonner la Souveraineté des
Iles de la Société à S. M. Louis Philippe I... Vous avez perdu le droit... de
faire... tout... acte de politique extérieure...» ; et Dupetit-Thouars de donner
quelques exemples de ces «manquements» qu'il qualifie d'«... insulte gratuite
au Roi de France et à Son Gouvernement... Puisque... Vous continuez à insulter
à la France et au Roi et à vous jouer de notre bonne foi dans vos promesses...
c'est avec regret, mais... si, avant deux heures écoulées... ce pavillon n'est
point amené et, qu'avant le coucher du soleil, Vous ne m'avez écrit une lettre
d'excuse... Je ne Vous reconnaîtrai plus comme Reine et Souveraine des Terres
et des indigènes des Iles de la Société... Par suite de cet acte, toutes les
terres de la Reine Pomaré et... de Sa famille... seront confisquées au profit
de l'Etat...» !
268. THIBAUD Jacques
(1880-1953) Violoniste français, il trouva la mort dans un accident d'avion.
Son Stradivarius 1709 disparut avec lui - PHOTO in-8 avec déd. A.S. ; Genève,
21.III.1942. Pli central. (250.-) 150.-
Photo imprimée sur la
couverture du programme d'un concert donné à Genève, portant la dédicace
suivante : «En très amical souvenir - Votre reconnaissant - Jacques Thibaud -
21 Mars 1942». Le musicien y est représenté en buste, jouant du violon.
269. THOMAR, Antonio B. da
Costa-Cabral, Marquis de (1803-1889) Homme d'Etat portugais,il joua un rôle
important durant le règne de Marie II - L.A.S., 2 pp. in-8 ; Lisbonne,
10.III.1848. En-tête à son chiffre couronné. (450.-) 300.-
Avant de donner suite à une
affaire, il demande à rencontrer personnellement son correspondant, Sir George
Hamilton SEYMOUR (1797-1880), envoyé extraordinaire anglais auprès de la Cour
du Portugal, afin d'échanger avec lui «... quelques mots sur vos objets...»,
etc.
Le triomphe des chartistes
aux élections de 1848 avait ramené Thomar au pouvoir ; mais celui-ci fit donner
la présidence du ministère au duc de Saldanha, se réservant une sorte de
suprématie anonyme, inaugurant ainsi une nouvelle période de dictature. Il
tomba une dernière fois, en 1851, et malgré toutes les haines soulevées contre
son gouvernement, Thomar fut considéré comme la plus haute personnalité
politique du Portugal.
270. THOMAS Ambroise
(1811-1896) Compositeur fr., élève de Kalkbrenner et de Lesueur - 12 L.A.S., 24
pp. in-8 ; années 1858/1890. P.A.S. jointe. (1200.-) 800.-
Intéressant ensemble de
missives destinées à divers correspondants : Achille LEMOINE (1813-1895,
éditeur de musique), Nestor ROQUEPLAN (1804-1870, directeur de l'Opéra, de
l'Opéra-comique et du Châtelet), Messieurs Carré et Rivet, une comtesse (de
Chambrun ?), etc.
Offre de places pour le
«Carnaval» de 1858 ; rencontre manquée chez Armand Bertin ; exécution de «...
la Cantate du 1er prix de composition musicale... à la distribution des autres
grands prix de Rome...» ; remerciements pour «... l'aimable lettre que vous
venez de m'adresser à propos de mon nouvel ouvrage...» (la première de Mignon à l'Opéra-comique, en 1866) ;
réclamation à l'archiviste de la Société des Concerts (1871), «... Peu de jours
après, il m'a promis de faire droit à votre demande, et il a dû vous écrire à
ce sujet...», etc.
En 1874, Thomas dit à Carré
avoir recueilli «... quelques informations sur M. Louis Kapp... Ce jeune
homme... vient encore de passer un examen très satisfaisant. Son professeur M.
[Charles] Dancla est content de lui... Votre fils travaille toujours, il est en
progrès et tout nous porte à croire qu'il obtiendra cette année un réel
succès...». En 1881, le compositeur explique les raisons qui l'empêchent de
«... présider le Jury du prochain concours d'Epinal...» ; il a manqué une
soirée à l'Opéra-comique ; il se trouve dans l'impossibilité d'être agréable à
son correspondant «... en raison même de formelles dispositions
règlementaires...» ; il n'a pas de places pour une séance de l'Institut (1887)
; il part pour le Midi (1850) sans l'espoir de rencontrer sa correspondante,
«... surtout avec le nombre considérable d'affaires forcément attardées...»,
etc.
Dans la pièce jointe, rédigée
sur papier du Conservatoire National de Musique, Thomas offre «... une stalle
d'orchestre pour le Dimanche 9 février...» 1873 ou 1879.
Adulé de son vivant, Ambroise
Thomas devint aussitôt après sa mort le symbole du conformisme. Ses opéras
Mignon et Hamlet continuent toutefois à garder vivant le souvenir du musicien
qui, dans ses jugements esthétiques, n'avait pas su reconnaître la valeur de
jeunes compositeurs tels que Franck, Lalo, Bizet et Fauré !
271. TOLSTOÏ-OBOLENSKI,
Princesse Marie Lvovna (1871-1906) Fille préférée de l'écrivain Léon
Tolstoï, elle avait épousé en 1897 son cousin, le prince Nicolas L. Obolenski,
dit Kolia - L.A.S., 4 pp. in-8 ; «Moskovsko Kyrskou... St Lazarevo»,
29.VIII.1903. (1200.-) 800.-
Belle lettre au docteur
Auguste-Henri WIDMER (1853-1939) dont elle avait reçu les soins à la clinique
de La Colline, à Territet.
«... vous avez bien voulu que
je vous donne des nouvelles de ma santé à mon retour en Russie. Je le fais avec
plaisir... reconnaissante pour la bonté et tous les soins que vous avez eus
pour moi...». Elle a regagné «... tout droit...» son pays, ne s'arrêtant que
«... pour deux ou trois jours de repos dans les grandes villes... parce que
j'ai senti que le voyage, la chaleur, les hôtels et le monde me fatiguaient
tellement après la tranquillité de la Colline... [et] ayant peur de perdre tout
ce que j'ai acquis...». Sa santé est assez bonne, moins qu'en Suisse cependant
: «... ici je marche plus difficilement... je me sens comme essoufflée...».
Elle évoque le changement de saison : «... Nous commençons à arranger la maison
pour l'hiver, avec les doubles fenêtres, hermétiquement fermées et
badijeonnées, les poêles préparés, les planchers couverts, etc. - en Russie
c'est une grande affaire, et il faut bien s'en occuper pour ne pas geler...».
Elle tâche autant que possible de suivre le régime de la Colline, «... mais je
sens que c'est le climat surtout qui manque. En arrivant, nous avons passé une
semaine chez mon père, qui a trouvé que j'avais très bien repris...» ;
elle-même a trouvé l'écrivain en bonne santé et travaillant beaucoup.
Léon TOLSTOÏ était alors en effet très pris par la lecture
d'une biographie de l'empereur Nicolas Ier - il remplira un carnet entier sur
ce sujet -, mais surtout par la correction de son «Hadji Mourat» et la
composition d'un recueil («Pensées des sages pour chaque soir») qui allait
paraître cette année-là avec l'autorisation de la censure.
Rare autographe de cette
Princesse adorée de son père, qui mourut à l'âge de 35 ans !
272. [Cinéma] TORRES Y QUEVEDO
Leonardo (1852-1936) Ingénieur et mathématiciein espagnol,il contruisit des
machines capables de résoudre des équations algébriques quelconques. Véritable
précurseur du calcul automatique, il réalisa un automate joueur d'échecs -
L.A.S., 1 1/2 pp. in-8 ; Madrid, 3.IV.1908. En-tête : Laboratorio de
Automatica. (600.-) 400.-
«... Je suis fort content de
voir que tout marche bien... - écrit-il à Alfred CHAPUIS, historien suisse de
l'horlogerie, auteur d'un ouvrage fondamental sur les automates - Je pense...
vous écrire plus longuement... dès que j'aurai suffisamment pensé à certaines
idées qui me sont venues hier... : les démonstrations cinématographiques du
Joueur d'échecs résulteront beaucoup
plus efficaces si nous utilisons pour les vues le nouvel appareil...», etc.
273. [Légion d'Honneur] VAN
SPAENDONCK Gérard (1746-1822)
Peintre hollandais de miniatures et de fleurs - P.S., 3/4 p. in-4 ; Paris,
5.VIII.1812. En-tête : Légion d'honneur, etc. Pièce jointe. (300.-) 200.-
«Mr Van Spaendonck, de
l'Institut Impérial et Membre de la Légion d'honneur...» reconnaît avoir reçu
la somme de 122 fr. 50 correspondant à son traitement du premier semestre 1812.
Joint : gravure originale le représentant en buste,
arborant cette prestigieuse décoration. [Voir aussi le n° 131, Lacépède]
274. VICTORIA d'Angleterre
(1819-1901) Reine dès 1837, impératrice des Indes dès 1876 - Jolie signature
«Victoria R.» et fragment de sceau avec couronne, plaqué sous papier. 10 x 6
cm. (200.-) 120.-
Signature originale provenant
d'un document, montée au bas d'un portrait gravé en médaillon (reproduction) la
représentant en tenue de souveraine.
275. VILAR Jean (1912-1971)
Acteur, metteur en scène et animateur de théâtre français - L.A.S., 1 ½ pp.
in-12 sur carte à l'en-tête du Théâtre National Populaire. (750.-) 500.-
«... Chère Anne, Je vous
transmets donc le diplôme. Ces distributions de prix ont toujours qque chose
d'étonnant... J'ai caché mon émotion en recevant le "hic". A vous,
Anne, affectueusement. Et aux enfants, tout autant...».
Ce message pourrait avoir été
adressé à la veuve de Gérard Philippe, mort dans la nuit du 25 novembre 1959 à
l'âge de 37 ans. En 1948, l'acteur avait fait la connaissance de Jean Vilar qui
allait donner un tournant nouveau à sa carrière.
276. VOLTA Alessandro
(1745-1827) Physicien italien, ses recherches sur l'électricité aboutirent à
l'invention de la pile électrique - P.S. «Alessandro Volta», 1 p. in-8 obl. ;
Londres, 31.VII.1782. (2000.-) 1400.-
Reçu d'un montant de 48 £ et
13 Shillings que MM. A. et B. Songa lui ont remis à Londres contre cent
«...Ongari... Imperiali...».
Pièce signée lors du second
séjour que fit Volta à Londres, ville où il s'était déjà rendu en 1777. Lors de
ce voyage à travers l'Europe, le physicien avait noué des relations
scientifiques avec Lavoisier, Laplace, Lichtenberg et Joseph Priestley. C'est
précisément pendant ce voyage que Volta concourut, avec ses confrères français,
à l'importante découverte de la cause à laquelle on peut attribuer
l'électricité atmosphérique.
277. VOLTAIRE, François Marie
Arouet, dit (1694-1776) Ecrivain et philosophe français - L.S. «V», 1 1/3
pp. in-4 ; Ferney, 2.VI.1777. Adr., marques post. et sceau de cire à ses armes
sur la IVe page. (4500.-) 3000.-
Lettre INÉDITE se plaçant
juste après celle qu'il écrivit au duc de Richelieu, ce même 2 juin.
Voltaire supplie son ami
Dominique AUDIBERT, «... de l'Académie de Marseille...», de l'aider à soulager
sa nièce «... qui se croit toujours malade de la poitrine. Elle s'imagine que
des branches de Palmier d'afrique, chargées de quelques dattes nouvelles,
pouraient [Voltaire, suite du lot 277]
lui faire du bien...». S'il doute fort qu'un fruit d'Afriquepuisse
rendrela santé en Suisse, sa pauvre nièce, elle, «... pense que Maroc lui fera
plus de bien que la nouvelle ville de Versoy...».
Depuis 1766, cette commune
savoyarde était devenue un enjeu économique entre la France et Genève. Après
avoir fermé les frontières, le ministre Choiseul, encouragé par Voltaire, avait
décidé de créer à Versoix une ville et un port, mais la chute du ministre de
Louis XV avait arrêté les travaux. L'écrivain annonce ici à son correspondant
la reprise du projet : «... cette ville de Versoy si longtemps abandonnée, se
construit à la fin. Ferney lui a donné tant d'émulation qu'elle s'élève à nos
dépends, et même un peu... à ceux de Berne, qui commence à être effarouchée...»
car on utilise pour bâtir les portes de la ville «... les pierres qui étaient
déjà taillées pour achever le port...».
Voltaire termine cette
intéressante lettre, dictée à Wagnière, par deux vers latins puis signe de sa
typique initiale soulignée.
278. VOLTAIRE, La nièce de
- P.S. par Marie-Louise Mignot, veuve DENIS (1712-1790), 1 p. in-4 ; Paris,
5.I.1779. Sceau de cire rouge. (1500.-) 1000.-
Veuve depuis 1744, Madame
Denis s'installa dès 1753 chez son oncle, revenu de Prusse. Elle y tint le rôle
de maîtresse de maison, de maîtresse de Voltaire et de certains de ses amis,
notamment Ximénès.
Notre pièce se place quelques
mois après la mort du philosophe, survenue à Paris le 31.V.1778 ; elle concerne
la rente viagère que Voltaire avait obtenu pour sa nièce à la cour de Wurtemberg,
dont le souverain était depuis longtemps l'un de ses principaux débiteurs... De
sa main, le baron Ulrich von THUN, ancien gouverneur du prince Frédéric de
Saxe-Gotha lors de son séjour à Paris en 1747-1750, certifie que «... Dame
Marie Louise Mignot... est actuellement en vie...» ; il signe en tant que
«Ministre Plénip.re de Würtemberg à la cour de France» et Madame Denis apporte
la preuve qu'elle est toujours de ce monde en apposant sa signature près du
sceau de cire rouge aux armes du baron.
Légataire universelle de
Voltaire, qui avait publié sous son nom des pamphlets et une comédie, «La
coquette punie», la veuve Denis se remaria en 1780 avec Duvivier, de dix ans
son cadet.
279. WAGNER Siegfried
(1869-1930) Compositeur et chef d'orchestre allemand, fils de Richard Wagner et
de Cosima Liszt - L.A.S., 1 p. in-8 ; Bayreuth, 5.VI.1897. En allemand. (200.-) 150.-
Il remercie son correspondant
de s'être souvenu de son anniversaire. Il ne peut lui envoyer qu'un portrait de
lui-même, n'en ayant sous la main aucun de Richard WAGNER : «... Leider kann
ich Ihnen nur ein Bild von mir senden, da von meinem Vater im Augenblicke keins
zur Hand ist...».
Depuis sa mort, en 1883,
Richard Wagner était devenu l'idole de milliers de mélomanes de par le monde.
280. WEIDENMANN Julie
(1887-1942) Poète suisse, amie de Rilke - Manuscrit A.S., 20 pp. 12° ;
Saint-Gall, 8.VIII.1939. Reliure cuir. Photo jointe. (1500.-) 1000.-
Précieux recueil de poèmes
autographes (inédits ?) en langue allemande, intitulé «Leuchte, mein immer Tag
! * Neue Gedichte von Julie Weidenmann», avec feuille de dédicace à l'éditeur
Henry Tschudy : «... eine Handwoll Vase mit den herzlichsten Wünschen... 8
August 1939 - Julie Weidenmann - St Gallen».
Joint : photographie
originale de l'écrivain arrosant les fleurs de la tombe de Reiner Maria RILKE.
281. YOUSSOUPOV Félix
(1887-1967) Prince russe, l'un des conjurés qui assassinèrent Raspoutine en
1916 - Carte A.S., 12° obl. ; Calais, 1920. (300.-) 200.-
Carte de débarquement dans le
port de Calais, remplie au crayon par le Prince qui arrivait d'Angleterre pour
se rendre à Paris où il avait établi sa résidence depuis 1919. Outre son nom,
son âge (43 ans) et son sexe («Mâle»), il donne son adresse en Grande-Bretagne
(«Ritz Hotel»). Belle signature «Prince Youssoupoff».
282. ZOLA Emile
(1840-1902) Ecrivain français, chef de file de l'école naturaliste - L.A.S. au
recto et verso de sa carte de visite impr. à ses nom et adresse (rue de
Bruxelles) ; (Paris, printemps 1892 ?). (750.-) 500.-
«... les Bruneau viennent
dîner après-demain... et Bruneau nous jouera ensuite le premier de L'Attaque du
Moulin...», écrit Zola à son «... vieil ami...» et confrère Henry CÉARD qu'il
invite à venir se joindre à eux : «... si vous ne pouvez venir dîner, tâchez...
d'être là dans la soirée, pour l'audition...», etc.
Drame en quatre actes sur
musique d'Alfred Bruneau et paroles de L. Gallet d'après Emile Zola, L'Attaque
du Moulin sera représenté pour la première fois à l'Opéra-Comique le 23
novembre 1893. Zola s'était inspiré d'un épisode de la guerre de 1870/71, mais
les exigences de la scène et la situation politique firent que le livret
transposa le tout aux environs de 1792 : l'envahisseur allemand y était
simplement appelé «l'ennemi».
283. ZWEIG Arnold (1887-1968)
Ecrivain allemand, ses œuvres sont influencées par la psychanalyse freudienne -
PHOTO in-12 signée. (450.-) 300.-
Joli portrait de face où
l'écrivain, souriant, présente une statuette greco-romaine. Belle signature
«Arnold Zweig» dans la marge inférieure blanche.